Posté le : 18/06/2021 16H22
Maintenant que mes traits se sont épaissis, et alourdis, que ma bouche, mon nez, tout petits semblent avoir été dérobés à quelqu’un d’autre et appliqués ironiquement sur ma large figure…dois-je m’inscrire dans le programme « stopbodyshaming » ?
Et oui, je ne m’aime pas et ne me suis jamais aimée physiquement, tout en considérant ces questions avec une distance malicieuse, un mépris réel même si récent et conquis avec opiniâtreté contre d’anciens rêves candides de beauté fatale ou, plus simplement, de charmes attrayants - à la parisienne - j’aurais aimé être, une jeune femme aussi svelte que distinguée, raffinée et coquine, dont le glamoureux accent danois aurait achevé le portrait à la perfection.
C’est pourquoi, même si je fais fort bien mon deuil à n’être qu’une femme à peine jolie, somme toute banale, dont le peu de soin apporté à mes textiles, à la coupe ou à la couleur de mes cheveux, mi-longs, raides, d’un blond fade, s’accommodent raisonnablement du peu d’éclat que je diffuse, j’ai toujours été émue et surprise de surprendre sur moi la caresse d’un regard d’homme, d’un regard rempli du désir de me connaître, de me toucher peut-être???
Mais j’acceptais de n’être en rien remarquable, je m’accepte encore et toujours sans affliction.
Lorsqu’autre fois, je me retrouvais nue devant les garçons, je m’arrangeais pour dissimuler les parties de mon corps que je trouvais laides – mes chevilles, mes genoux, même mon ventre qui semblait trop arrondi. Mes cuisses bombées héritées de l’apprentissage à l’éducation sportive et physique, couplé au sport de haut niveau.
J’avais l’impression alors que ces imperfections de ma chair étaient comme autant de carences morales et qu’on ne pourrait que me mépriser pour n’être pas splendide.
Aucune de ces imperfections physiques ne me font honte aujourd’hui, et cela sans chasse au « bodyshaming ».
Je réussis même, surtout l’été, à les afficher comme des accessoires atypiques, un peu décalés, que j’aurais choisi précisément pour leur originalité et leur pittoresque et si ma robe de peaux laisse à découvert mes genoux que je jugeais trop gras, mes cuisses trop grosses, mon ventre trop arrondi….je souhaite donner la sensation, la perception que je suis aussi satisfaite de ceux-ci que de mes épaules au bel arrondi doré. Que les genoux, cuisses, ventre, seins… répondent aux épaules dans un accord à la fois audacieux et délicat et qu’il ne faut pas qu’il en soit autrement et que je sois dotée, par exemple, de genoux graciles, mobiles, creusés de fossettes !
Je vais ainsi, pas trop grande mais bien droite, fièrement campée sur mes jambes musclées, proclamant muettement : N’ai-je pas au bout du compte, belle allure ?
Lø