Posté le : 12/07/2009 02H50
Bonjour VINVIN,
Je souhaite te faire part de mon expérience. Je ne peux pas faire beaucoup plus, et j'espère que tu en tireras quelque chose.
J'ai 44a, et j'ai eu le souci inverse, à savoir que je pesais 64KG pour 183cm.
J'étais complexé, pendant longtemps. Et sans même le savoir du reste. Je n'aimais pas mon corps mais je ne me l'avouais pas.
Par contre je fantasmais sur les hommes virils grands forts aux muscles saillants et brillants ; et je me disais qu'il avaient bien de la chance que dame nature leur ait accordé tant d'avantages.
Depuis mon plus jeune âge, j'adorais le rugby, je ne ratais aucun match à la tv, je connaissais tous les joueurs des équipes des 5 (puis des 6) nations. Et sans doute je jalousais ces rugbymen fantastiques de forces et de tempérament. Je ne ratais jamais non plus les décatlhonniens et autres Carl Lewis....
Et puis et puis , il m'arrivait de pleurer en me regardant dans la glace, en accusant ceux qui m'avaient fait ainsi. J'étais moche et maigre comme un clou. J'adorais le sport mais j'étais pas fait pour. Tout ça, jusqu'à il y a 5 ans.
En 2004, à 38 ans, un jour sur le net j'ai cherché un club de rugby qui accueillerait un senior débutant et gaulé comme une arbalète ! Et j'en ai trouvé un.
J'avais toujours eu envie de faire du rugby, alors pourquoi pas !
Je me suis défoncé dès le premier jour à l'entrainement, je n'avais peur de rien et encore moins de ceux qui faisait 2, voire 3, fois mon poids. Et parfois 2 fois moins vieux.
Ca me plaisait qu'ils aient peur de me faire mal et j'en profitais (bon d'accord il ont vite compris, mais en attendant j'ai pris confiance).
J'en voulais tellement, qu'au bout de 3 mois d'entrainement avec mes 65 kilos tout mouillé, le coach m'a passé en deuxième ligne. J'étais un "gros" je faisais partie des "gros". L'effet était bizarre pour les gars d'en face.
La seule chose qui clochait, c'est que je dépensais 3 fois plus d'énergie que les autres "gros" pour faire aussi bien (donc mieux hehehe !!). Et j'étais donc vraiment épuisé à chaque match et entrainenement.
Alors mon corps a réagit. Pas ma tête, non. Mon corps ! Il a dit à ma tête :
- "he ho toi là haut ! ca va pas non, de m'obliger à faire ça ! t'es malade ou quoi tu veux me tuer !" et de rajouter : "moi je suis pas d'accord !" ...
Et ce qui devait arriver arriva. Un jour j'ai pris un bon coup dans le bide. J'ai vu les étoiles. Je me suis retrouver à l'hosto. On m'avait ouvert le bide, on m'avait racommodé tout ca. Et j'ai mis 3 mois à m'en remettre, et même que je suis descendu à 62 kilos.
J'ai voulu reprendre le rugby, mon corps à redit "non non et non ! ça suffit", claquage du mollet, et hop encore 2 mois.
Bon j'y retourne quand même sur le terrain. Et là, catastrophe, le coach me dit : "luc, tu passes en 3/4".
Ho lala c'était la plus grande claque que j'avais jamais prise de ma vie. la honte pour moi ! Je le haissais, je ne comprenais pas qu'il ait peur que je me fasse mal ! et donc qu'il me protège, en bon coach qu'il était. Pfft !
Mais je me suis exécuter. Ca, je peux dire que mes jambes,ma nuque, mes bras, mes épaules, et tout le reste n'étaient pas trop solicités, Ils se la coulaient douce. ! Mais bon, tout ce petit monde s'ennuyait un max quand même, à l'arrière ou sur les ailes à attendre que les "gras du bide"veuillent bien me sortir la baballe du pack.
Je m'ennuyais. Et Qu'est ce qu'on fait quand on s'ennuie ? hein ?
On mange.
Je me suis mis à manger, et à manger, et à manger encore.
A manger autrement surtout. Auparavant je ne "bouffais" que du sucre et des graisses, véridique ! et je prenais rien, pas un gramme ! (tu parles je dépensais tellement d'énergie).
Je me suis mis à manger du poisson, du poulet, du boeuf des pattes du riz du pain des oeufs des lentilles.... tout ça sans réflechir, sans régime, sans me dire :
"luc fait quelque chose pour grossir y en a marre". C'était entièrement réactif.
Je voulais reprendre ma place parmi les gros. Ma tête et mon corps voulait être gros parmi les gros.
J'ai continué de manger et de jouer. j'ai pris 18 kilos en un peu plus d'1 an, sans m'en rendre compte. Comme ca, sans le vouloir pour ça, seulement pour en faire quelque chose, pour m'en servir à me faire plaisir sur le terrain.
Alors aujourd'hui, je ne me plais pas plus dans ma glace mais je ne pleurs plus. Je me trouve un peu gras, un peu floc floc.... mais franchement je suis beaucoup mieux dans ma peau. Et je me sens un seul, mon corps est mon esprit et mon esprit est mon corps.
L'un ressemble à l'autre, et aucun des 2 ne commandent, ils s'écoutent et se comprennent et vont, cahin caha, ensemble.
Aujourd'hui, je me dis que je croyais avoir des complexes auparavant. Mais je crois plus simplement que je ne faisais pas ce qui me plaisait et que je me refusais beaucoup trop de plaisir.
Aujourd'hui, je sais qu'avoir un corps comme shwartzy ou rambo, c'est possible pour n'importe qui. Pour peu qu'il en ait envie et que cette envie corresponde à un plaisir.
Moi j'avais simplement envie d'être un pilier de rugby ; et quand j'avais 10 ans et que j'avais demandé à mes parent de m'inscrire à un club, la réponse à été : non !
Ma tête a vite oublié cet affront. Mais mon corps non. Lui, il a fait grève, pas de la faim, mais de croissance horizontale.
Et 28 ans après, mon corps et ma tête ont décidé de se réconcilier, je les ai laissé faire.
Aujourdhui si je fais mon "iMC" (indice masse corporelle) et bien j'ai une surcharge pondérale il parait. LOL. A 183CM pour 85kg je m'en fiche, tant que je peux encore marquer ou aider à marquer des essais, en 2éme ligne ou en 3/4.
Voilà ma petite histoire. J'ai souffert de mon corps ou/et mon corps a souffert de ma tête. Et tout est rentré dans l'ordre.
J'essaie simplement de te dire que tout n'est pas dans la tête, le corps a aussi ses exigences, ses désirs, ses envies. Il est important de se trouver beau ou belle dans ses propres yeux, et c'est une souffrance que de ne pas se plaire.
Car quand on ne se plait pas, il est difficile (je ne dis pas impossible) de plaire aux autres.
Ecoute ton corps, écoute ta tête, tes mains, tes yeux, ton coeur, tes fesses,... laisse-les te dire ce qu'ils ou elles ont envie, ce qui leur ferait plaisir.
Mets les aussi à l'épreuve, et laisse les te mettre à l'épreuve. A chaque épreuve gagnée ce sera un pas vers ta réconciliation.
Et pour finir je voudrais te dire que même si je suis naturiste, je fais attention au corps de l'autre. Je le regarde, et j'aime les corps qui me font plaisir. Pour moi le corps est aussi important que ce qu'il y a à l'intérieur. Le contenant est la représentation du contenu, qu'on le veuille ou non. Et quelquefois, il représente mal le contenu. A moins que ce soit le contenu lui même qui s'exprime mal. Il y a inadéquation.
Quand le contenant souffre, cela se voit. Je ne ferme surtout pas les yeux, car je sais que si l'enveloppe souffre, ce qu'elle contient souffre autant. Et fermer les yeux serait dénier cette souffrance, et donc l'entretenir.
Mais ne te méprends pas sur mes dires, je n'ai aucun critères de "beauté", ou de mensuration. Il y a des belles grosses, et des beaux gros, des gringalets aux charmes dévastateurs, et puis des canons sans saveur. Et aussi l'inverse.
Ecoute-toi.
Luc