Posté le : 12/07/2020 12H11
Je ressens en moi-même, non pas un grand confit, mais un grand conflit. J’ai toujours eu comme ligne directrice dans ma vie, mon travail, mes loisirs …d’agir en veillant à la cohérence de mon existence.
Ce conflit ou cette contradiction, je la perçois avec contrariété et m’énerve un peu pour le déplaisir créé, dans l’acte de cogiter sur ce que je pense et de déguster malgré tout de la viande.
Nous avons, certes, réduit notre consommation de viande, moi plus que Ba et par ailleurs je préfère le poisson qui, je le sais très bien, est aussi un animal. Au restaurant, je choisis plus volontiers du poisson.
Mais j’aime le foie gras, ce qui, je le sais, est une honte quand on réfléchit à la réalité, quand on sait qu’il a fallu forcer un animal par gavage…Le comble pour une hédoniste !!
La viande , en tant que telle, n’est pas seulement un aliment, c’est aussi un symbole et souvent un symbole festif dont on ne se défait pas facilement: la dinde de Noël, les huîtres dans les cabanes de Fouras, de Petit-Piquey ou de Cancale avec un blanc sec du pays, le "faites la fête" avec le foie gras avec le saut brillant du verre de Sauternes , ou les BBQ entre amis avec la côte de bœuf de la mère Gueize accompagné d’une bouteille de Pauillac…
Et tous ces plats régionaux qui sentent bon le terroir, bœuf bourguignon et ses vins gouleyants, le cassoulet sentant bon le soleil, la potée auvergnate, la choucroute en Alsace arrosée d’une vendange tardive comme un vent d’ange dans l’air du temps, le couscous qui nous enivre des senteurs de la cote sud de la Méditerranée, la blanquette de veau, les magrets et confits, ou avec J Brel, « une poule faisane venue du Périgord et ce vin si joli qu’on boit en Arbois » tout ça ce n’est pas de la daube !
Je suis la proie de ce besoin pervers que je décris, ce que j’appelle de manière peut-être brutale, si vous me permettez l’expression : l’aliénation.
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