Posté le : 31/03/2022 17H32
Mais où sont ils les gilets jaunes !!!!
Depuis le début de l’année, les prix des carburants s’affolent en France. En de nombreuses stations, ils dépassent les 2€ par litre, ponctionnant toujours un peu plus le pouvoir d’achat des Français. Il met aussi en difficulté de nombreuses activités professionnelles. C’est par conséquent une potentielle bombe sociale. Le mouvement des Gille et John est amorcé en filigrane de l’augmentation du litre de carburant.
Le prix du carburant est pour la plupart des Français opaque et associé à de nombreuses fausses idées.
Comment est-il construit ? Que paye réellement le consommateur quand il s’approvisionne à la pompe ?
Le prix du carburant dépend avant tout du cours de la matière première.C’est-à-dire du pétrole.
Hors la demande de pétrole reste aujourd’hui forte, alors que l’offre se raréfie peu à peu suite notamment à la baisse drastique des investissements passés de 780 G$ (milliards de $) en 2014 à seulement 326 G$ en 2020.
En conséquence, depuis 2021, les cours se sont envolés, passant de 50$/bbl début 2021 à 110$/bbl aujourd’hui.
La guerre Russo-Ukrainienne a évidemment amplifié la tendance.
Ce pétrole, il est acheté en dollars. Le prix du carburant à la pompe est donc fortement affecté par le change euro – dollars.
En 2011 l’euro valait 1.4 $/€ et le baril de pétrole 110 $. Chaque litre de pétrole brut coutait alors 0,49 €/l.
Avec le taux de change actuel de 1,1 $/€, ce meme litre de pétrole coute 0,63 €/l aujourd’hui. Soit 28% de plus qu’en 2011.
Pour extraire l’essence et le gasoil, le pétrole brut doit etre raffiné.
D’un litre de pétrole brut, on extrait environ (fonction de la qualité du brut) 46% de carburants, 22% de fuel domestique, 10% de kérosène, 9% d’élément très légers comme le GPL et le rest en éléments très lourd comme l’asphalte, coke et autre bitume. Tous les éléments extraits n’ont pas la meme valeur marchande. Leur cours dépendant, entre autre, de l’offre et de la demande sur leur propre marché.
Ainsi le prix d’un litre de produit raffiné comme l’essence ou le gasoil est nettement supérieur à celui du fuel ou du kérosène.
La différence appelée « marge de raffinage » intègre le cout technique du raffinage et aussi les conditions de marché du moment.
Au cours des dernière semaines, la marge de raffinage sur le sans plomb 95 était de l’ordre de 8 centimes d’euro par litre.
A la marge de raffinage, vient s’ajouter la marge de distribution. Cette dernière intègre les frais logistiques de transport, les frais d’exploitation de la station et reflète aussi les conditions de la concurrence sur les marchés nationaux. C’est cette marge de distribution qui fera la différence de prix entre une station dans Paris ou autre grande agglomération, une station sur autoroute et une station de grande surface.
En moyenne, en France, elle est de l’ordre de 0,17 €/l.
La somme du prix du baril, 0,63€ ; de la marge de raffinage, 0,08€ ; et de la marge de distribution 0,17€/l, constitue le prix hors taxes (HT) du sans plomb 95: 0,88 €/l.
C’est ce que l’on a aujourd’hui avec un prix du baril à 110 $/bbl et un taux de change à 1,1 $/€.
Deux taxes s’appliquent sur le gasoil et l’essence.
La première est la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques, TICPE. Elle est environ de 0,69 €/l pour le sans plomb 95, et d’environ 0,61 €/l pour le gasoil. Elle se rajoute au prix hors taxe.
En relation avec la transition énergétique, elle a augmenté (merci aux écolos) d’une dizaine de centimes au cours des dernières années.
La seconde est la TVA dont le taux de 20% s’applique sur le produit hors taxes :0,88€/l, mais aussi sur le montant de la TICPE , environ 0,70 €/l (et oui, une taxe sur la taxe !!!).
Ajoutant ces deux valeurs en appliquant 20% de TVA, c’est-à-dire 0,32€/l, on obtient alors un prix TTC de 1,9 €/l toujours pour le sans plomb 95.
En relatif, le pourcentage de la taxe s’accroit quand le prix du baril diminue et que le taux de change est davantage favorable.
Ainsi aujourd’hui avec un baril à 110 $/bbl et un taux de change à 1,1 $/€, les taxes représentent 54% du prix à la pompe.
Avec un baril à 50 $/bbl et un taux de change à 1,4 $/€, comme en 2011, la part des taxes serait de 68%.
En revanche, un prix du baril élevé et un taux de change défavorable, augmentent les taxes dans l’absolu.
Dans la situation actuelle, les taxes représentent 1,02 €/l, alors qu’avec un baril à 50 $/bbl et un taux de change de 1,4 $/€, elles n’auraient atteint que 0,93 €/l .
On voit bien l’intérêt représenté par une TICPE flottante mises en place par le gouvernement Jospin, et que le gouvernement actuel s’y est refusé, car trop difficile à mettre en place, ce qui est FAUX.
Les taxes augmentent avec le prix du baril, mais l’impact reste toutefois modéré. C’est l’argument avancé par le gouvernement français actuel. Ainsi le doublement des prix du pétrole entre 2021 et 2022 devrait accroitre les recettes de l’état d’environ 3,5 milliards d’euros.
La promesse de campagne de deux candidates à l’élection présidentielle française, de baisser la TVA de 20% à 5,5%, réduirait le prix du litre de sans plomb95 de 0,23 €/l et ramènerait le poids des taxes à 47%.
Bénéfice pour le consommateur, certes, mais cette mesure représenterait un manque à gagner pour l’état, autrement dit la collectivité, de près de 10 milliards d’euros !!!
Découpler les taxes du prix du baril pourrait éviter cet insupportable ressenti d’un état qui s’enrichit quand les prix de l’énergie flambent et nécessiterait de supprimer totalement la TVA et de compenser en partie cette perte par une augmentation raisonnable de la TICPE qui resterait alors la seule taxe.
Dommage qu’aucun candidat à la présidentielle n’ai pas choisi cette option.
Alors que font les Gille et John, les vrais bien sur, ceux du début, ceux des rondpoints. C’est le moment de se lever ! De se grouper ! De peser sur l’avenir !
Lø