Posté le : 16/03/2019 12H39
Certes on peut résumer l’histoire du naturiste comme la parfaite corrélation avec celle d’une petite culotte qui a été retirée un jour. C’est très réducteur et sans doute là, en parfaite adéquation avec son auteur. Heureusement que Ditsch dans sa grande logique a précisé que « bien avant la personne qui enlève sa culotte, il y a eu celle qui l'a mise ! Le coupable, c'est l'inventeur de la culotte ! » Oui, mais cette « culotte » remonte tres loin dans l’histoire de l’humanité, bien avant Adam, donc homo sapiens, mais déjà chez Neandertal où la « culotte » appelons le comme ça, est une aide à la protection contre le climat hostile avant de devenir un ornement et contribuer à la communication.
Pourquoi chercher à établir une VRAIE définition du naturisme ou autre isme ? Je pense que la définition est en chacun et chacune, dans sa manière de pratiquer. Dans la façon dont on vit cette pratique avec les autres, dans la communauté de cet art de vivre, plus qu’une philosophie. Pour le reste…ce sont des mots pour cacher des maux et effectivement, moi non plus. je ne pense pas que « la première personne qui se soit mise nues se soit posée toutes ces questions existentielles , elle avait tout simplement envie d'être nue », de la même façon que lorsqu’on vit avec les ashaninkas dans la forêt péruvienne on ne se pose pas la question de savoir si il faut être nue ou passer un poncho …C’est le climat et l’activité qui commande.
Pour en revenir à l’histoire du naturisme, sujet de ce post, on peut tracé deux géographies : une géographie très culturelle, amarrée dans la religion ou l’origine, et une géographie de la propagation dans l’espace d’un choix de vie, d’une pratique de vie qui se différencie et s’acculture peu à peu hors de l’Europe du Nord et hors de l’Europe tout court.
Ca soulève alors deux questions : (1) Quelle place de la religion dans la diffusion ou la non diffusion du naturisme à une échelle plus fine, comme celle de l’Allemagne, coupée entre protestantisme et catholicisme ? Il est évident que la diffusion de la nudité et donc le naturisme à grande échelle n’est pas appréhendée de la même façon en terre d’islam, d’indouisme, de bouddhisme….Mais ce n’est pas le propos. (2) La propreté remarquable des plages et campings naturistes vient-elle de la diffusion de la propreté légendaire des pays germaniques et scandinaves ?
Il faut rappelle que l’Allemagne est divisée par une grande ligne de partition entre protestants et catholiques. Mais on n’observe pas de grande différence Nord/Sud dans la répartition des centres naturistes, tout comme la nudité pratiquée dans les parcs qu’on retrouve dans tout le pays, de Berlin à Munich la catholique. Il ne convient donc pas de méditer en terme de religion, mais plutôt en terme d’imprégnation de culture majoritairement protestante comme au Danmark et Suède. Selon Jean Viard, l’absence d’entremise du clergé entre Dieu et les hommes aurait fait de la nature l’image de la création. Cette image idéalisée et projetée de la nature aurait encouragé, favorisé, incité le développement de la culture naturiste.
Dans L’HISTOIRE DU NATURISME, je réaffirme que la PROPRETE est un caractère essentiel de la pratique naturiste. A mon arrivée en France, j’ai été surprise par la saleté des saunas. Il y a une amélioration, mais globalement les saunas sont sales, surtout en dehors des centres naturistes. On ne peut pas être sale, ni se comporter n’importe comment dans un centre naturiste, ou dans un sauna. Les attitudes sont extrêmement normées, et il n’arriverait à personne d’avoir l’idée, ou la distraction de s’asseoir quelque part sans poser sa serviette sous ses fesses…Et pourtant. Ceci souligne que l’hygiène fut très sérieuse dès les débuts du naturisme. Je pense aussi qu’il y a aussi l’idée sous jacente de ne pas laisser d’empreinte de son passage dans la nature, de retirer le moindre déchet. Mais ceci se constate aussi dans le comportement de tous les jours. En France on voit encore beaucoup trop de décharges sauvages. Je trouve beaucoup trop encore de mégots enfouis dans le sable des plages naturistes. Je constate aussi que la nudité commune revient à partager une intimité et une familiarité qui suppose de rétablir une autre distance entre soi et l’autre. Si le textile sert d’ornement, contribue à la communication et aussi aide à la protection, alors, quand on est nu, fini cette protection, aux oubliettes le code vestimentaire, on bannit l’ornement distinctif. Tout est intime et il faut alors rétablir une distance, une politesse qui s’exprime autant dans la propreté que dans la distance interpersonnelle plus grande quand on se dit bonjour ou quand on se côtoie (voir les structures proxémiques de E.T. Hall, c’est-à-dire l’espace de communication et de vivre ensemble). Cette plus grande distance par rapport aux plages textiles ou cette propreté, ou le silence respecté, et là, je rejoins Didi2B, constituent ces distances immatérielles qui restaurent une intimité.
Un jour Hélène Simon-Lorière m’interrogeait sur la place, la pratique et l’importance du BRONZAGE, de la beauté et l’éclat du corps bruni au soleil tant encensé par la publicité. On se demandait si il avait favorisé le développement du naturisme ? On se questionnait si le discours sur la prévention du cancer avait changé la pratique naturiste ? Pour toutes deux, on convenait qu’il y avait là aussi deux pratiques confondues nudisme et naturisme. On convenait que le nudisme est balnéaire et s’identifie finalement aux bains de soleil. Par contre, aux origines du naturisme, les bains sous la lune, les baignades d’ombre, les bains sous la pluie en faisant des claquettes étaient aussi recommandés! Le hâle ou le bronzage intégral ou l’absence de marque du tussus sur la peau n’étaient pas l’objectif recherché. Bien sûr on évolue aujourd’hui dans une culture sociétale de louange du bronzage et du commerce du bronzage (séances UV, solaris et crèmes bronzantes plus que protectrices), mais la presse naturiste met en garde contre les risques et dangers du soleil et sur la nécessité de se protéger.
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