Posté le : 29/11/2021 18H02
La question de la violence et plus justement celle des violences est extrêmement complexe car elle met en oeuvre différentes origines possibles. Origines qui sont très difficilement classables tant elles portent souvent un ensemble de choses.
On comprend souvent après coup certaines mécaniques individuelles de la violence mais on n'en voit pas toujours la formation en temps réel. C'est ce décalage temps qui laisse souvent le temps au crime.
Bien sûr il y a de grandes connaissances sur les mécaniques générales et heureusement, cela permet d'avancer, doucement, trop doucement mais d'avancer.
La difficulté me semble t'il est celle d'une nécessaire vigilance collective pour être attentifs aux signes, pour capter les combinaisons de choses qui mènent aux violences. Et aussi celle d'être prêt à mouiller la chemise. Combien de personnes savent, entendent, ont vu mais ne disent rien?
Bien sûr la prévention, l'éducation, l'accompagnement psychologique, psychiatrique et social,... ont un rôle majeur. L'information aide mais là encore c'est complexe quand une société offre encore autant de signes machistes au quotidien, quand la norme se fait encore aussi oppressante que ce soit sur les femmes ou sur ceux qui ne sont pas dans la norme des dominants.
Et la situation de crise que nous traversons, comme pour toutes les crises, n'arrange rien.
Même chez les prétendus défenseurs des femmes, combien de mecs en sont encore à leur caricature de blagues salaces où les femmes sont bonnes, sont plus faibles, sont moins.. ou sont plus..
Combien de mecs dans le métro à regarder les femmes comme des bouts de viande sans l'ombre d'une délicatesse dans le regard?
Quid de cette culture du porno qui fait des ravages sur les rapports hommes/Femmes que ce soit dans la sexualité ou au-delà et ce quels que soient les âges et les catégories sociales, etc...
Et sans aller jusque là, combien de clichés encore sur les femmes, ici et là?
Etc, etc...
On a tous idée de tout ce qui fait sources de violences et pourtant... Et pourtant le collectif perpétue souvent encore.
Je lis ci-dessus l'idée d'une justice qui serait défaillante pour avoir laissé sortir un type qui après tue.
La justice répond à des lois et dans cette remarque d'une justice défaillante il y a aussi l'origine de violences que perpétue ce genre de remarque et qui d'une certaine façon permet de se déresponsabiliser, pour trouver un coupable en plus du coupable.
La prison a pour but au départ deux objectifs: celui d'isoler une personne dangereuse de la société pour protéger cette société, le deuxième but en écho au premier est celle d'intervenir pour faire en sorte que le détenu sorte meilleur qu'au moment où il est entré. Or avec les conditions de détentions actuelles ce deuxième volet n'existe pas.
Le populisme ambiant fait que l'on ne s'attache qu'au premier but et que l'on retourne vers l'institution la culpabilité. Mais pas grand monde ne pointe les manquements pour le second objectif. Et on en arrive à lire l'illusion de la prison éternelle voire de la peine de mort parfois en brandissant l'argument de la récidive.
Là aussi collectivement nous n'exigeons pas assez pour que le cadre de la prison puisse faire son job.
Pour ce qui est de la médiatisation, elle fonctionne souvent au spectacle et d'ailleurs cela fonctionne puisque les témoignages ne portent que sur des faits relatés à la télévision, comme si cela n'existait pas autour de nous.
La souvent sordide médiatisation qui vise plus le pognon qu'une utilité sociale.... Et là comme pour tout le reste, tout le monde sait, tout le monde devient expert psy, expert judiciaire, juge... Là encore le goût du sang et du voyeurisme est nourri sans que cela ne change aucune pratique individuelle.
Les femmes morflent depuis des siècles, comme ceux qui ne sont pas nés hommes blancs et hétérosexuels en pays riche.
Peu à peu la parole se libère, les choses se disent, s'organisent. Même si là encore les médias et les détracteurs sont hyper doués pour détourner le sens des choses.
Pour les hommes battus c'est encore peu visible car le tabou est peut-être difficile à briser dans notre société du mâle dominant. La parole ne s'est pas encore organisée chez les hommes victimes.
Et sordidement c'est peut-être moins vendeur pour les médias, trop secouant pour l'mage de la puissance mâle construite et maintenue au-delà du réel. A la tête des médias il y a des hommes, des "vrais",les gardiens du temple, ne l'oublions pas.
Voilà en vrac ce que cela m'évoque. Le sujet est d'une grande complexité. Cette complexité tient en partie pour moi à la volonté consciente et inconsciente de ne pas bouleverser les choses établies, cet ordre mâle.
Comme pour toutes les violences cela demande un effort et une attention collective. Même si cela bouge, un peu, trop lentement, je crains que notre société soit trop médiocre pour rattraper et devancer les cycles de violence.
Message edité le 29/11/2021 18H10