Posté le : 21/03/2021 18H04
Vendredi 15 mai.
Le filon et la muraille.
Les gardes arrivent chez Émile, il a préparé le convoi. Finalement, il a pu atteler cinq charrettes. Il y a trois attelages de quatre chevaux pour les grandes charrettes, et deux attelages de deux chevaux pour les plus petites. Seize chevaux sont donc de sortie ! Nestor est heureux de sortir tous ces chevaux. L’écurie est presque vide, il ne reste que sept chevaux : les six destriers des maçons, et le cheval que Roger a pris pour sillonner la région. Il est encore un peu faible. Nestor lui a prodigué des soins et le laisse au repos.
Et le convoi quitte Durandalem. Émile en tête, qui conduit, avec Joseph comme assistant pour les charrettes à quatre chevaux. Nestor suit avec Paul. Bernard et Benoît conduisent la troisième grande charrette, et Stéphane et Pierre ferment la marche avec les deux petites charrettes. Ils en ont pour une heure avant d’arriver à la carrière de Tenquin.
Les maçons sont dans la colline sud, avec les cantonniers. Il fait beau, il n’y a personne aux alentours. Ils décident de travailler nus. Pierrot, en creusant à flanc de colline tombe soudain sur une roche étrange, striée de minéral jaune. En creusant autour, il s’aperçoit que toute une veine court vers l’est. Il creuse encore un peu, et s’aperçoit que cette veine descend profondément dans la roche. Alors, à l’aide de son frère Claude et des maçons, ils dégagent un gros bloc de ce minerai. Grâce à la potion, Paul Jenlain le porte à distance jusqu’au portail de l’école, pour que Jacou le voie. Prévenu par Anatole qui charriait des scories à l’extérieur, Jacou sort en tunique, et s'exclame : « Mais cela ressemble à de l’or ! Je vais prélever un morceau et l’analyser ! ». Le maçon retourne dans la colline. Le mur avance vite depuis le portail, une tour de guet est déjà montée au pied de la colline.
Jacou, en tunique, le sourire aux lèvres, vient voir dans la colline cette veine dont a parlé Paul. Il confirme. C’est bien de l’or, et du plus pur ! La veine s’étend vers l’est, derrière le chalet de Michel. Au vu de ce que les cantonniers ont dégagé, elle s’arrête semble-t-il un peu avant la carrière abandonnée de Joseph Stein, le malheureux père du Borgne. Jacou est aux anges. Voilà, se dit-il, un filon qui va mettre Durandalem et tous ses habitants à l’abri du besoin pour longtemps ! Il dit alors aux maçons : « Ce mur côté sud est prioritaire, il faut que ce filon soit protégé avant que la nouvelle ne se propage ! Quand les pierres arriveront, vous construirez une muraille au sommet de la colline, jusqu’aux limites est du village. Vous y mettrez une tour de guet tous les deux cents pieds ! » Les maçons sont fort contents de cette découverte !
Les garçons, qui arrivent de l’est au sommet de la colline, tout en prenant leurs mesures, se demandent ce qui se passe, et pourquoi Jacou est ici. Apprenant la nouvelle, eux aussi sont heureux !
« Dillon, tu iras à la rencontre des charrettes de pierres qui vont revenir de Tenquin. Tu les guideras par le chemin qui monte à côté du chalet de Michel et tu les fera décharger là, derrière le chalet. Tu reviendras avec les gardes. Ne dis rien à Émile, il est trop bavard ! dit Jacou en riant. Je vous demande à tous de garder le secret. J’annoncerai moi-même la nouvelle ce soir à l’auberge ! »
Et les garçons achèvent leurs mesures, puis retournent à l’école avec Jacou. Les maçons terminent le stock de pierres qui leur reste, les voilà au niveau du filon. Les cantonniers dégagent le terrain vers l’ouest. Le filon continue encore sur soixante pieds et s’arrête. Il est donc décidé de faire une enclave, de soixante pieds sur trente. La muraille contournera le filon, et deux tours de guet seront disposées aux coins des murailles.
Dillon est en route pour attendre les charrettes. Il croise Child et Gael qui amènent la nourriture à l’école. Ils ont une charrette à bras, Child a mis quelques amphores de vin. Il sait que les maçons aiment bien son vin !
Dillon dit à Child :
« Demande à voir Jacou, il a une nouvelle à t’annoncer !
- Une bonne nouvelle ?
- Oh oui ! mais tu verras toi-même en arrivant à l’école ! Moi j’attends Émile avec les pierres, pour les décharger derrière chez Michel.
- Pourquoi derrière chez Michel ? Il y a le mur à l’entrée à construire ! » - Tu comprendras, Jacou va t’expliquer ! »
Child et Gael arrivent devant l’école. Ils tirent la cloche. Ils voient un gros rocher bizarre devant l’école à côté du portail. Child, en le voyant briller sous le soleil, dit à Gael : « On dirait de l’or, tellement ça brille ! »
C’est Jacou qui ouvre le portail, accompagné de Manon et Julie. « Oui Child, c’est bien de l’or ! On a trouvé un filon en creusant les fondations pour la muraille, dans la colline sud. Il y en a beaucoup, apparemment ! On va d’abord construire la muraille sur la colline sud. Je vais annoncer cela au village ce soir ! Mais il va falloir des bras pour extraire tout cet or. On devra embaucher des gens. Tu peux convoquer tout le village pour dix-huit heures à l’auberge. Mais, pour l’instant, ne dites rien à personne, je dois être le premier à l’annoncer ! » Et Child et Gael, retournent à l’auberge. En chemin, ils voient le convoi de charrettes en train de gravir la colline, et comprennent ce que Dillon a voulu dire.
Julie et Manon se chargent des victuailles, Anatole vient s’occuper des amphores, et Child lui dit : « Dis aux maçons qu’ils doivent rentrer ce rocher dans l’enceinte, maintenant ! Il est trop visible, il brille trop sous le soleil ! ». Aussitôt Anatole, par la pensée, communique l’ordre. Et Paul arrive, soulève le rocher, puis passe le portail, pour le poser dans l’enceinte, à l’abri des regards.
Arrivé à l’auberge, Child demande à Alyson et à Nadège, qui est toujours là, de faire le tour du village pour annoncer à tout le monde que le bourgmestre Jacou a une communication importante à faire, ce soir à dix-huit heures à l’auberge, et que tout le monde doit venir !
Les cinq charrettes sont vite déchargées par les gardes, sous les regards admiratifs de Nestor et d'Émile. Puis tout le monde va chez Émile remiser les charrettes, et Dillon et les gardes retournent à l’école. En chemin, il leur parle de la découverte de ce matin, ils sont évidemment ravis !
Émile et Nestor détellent les chevaux, les mènent aux écuries, et préviennent Adèle qu’ils vont boire un canon chez Child.
« Dillon nous a dit de déposer les pierres derrière chez Michel, ça fait un tas énorme ! Tu sais pourquoi, Child ?
- Oui, il a été décidé de construire un mur en haut de la colline sud !
- Mais pourquoi ? demande Nestor.
- Ce soir à dix-huit heures, Jacou vous dira tout ! Vous saurez pourquoi ! »
Émile trouve que cela fait bien du mystère, cette histoire de pierres... Ils boivent leur canon et retournent manger. Adèle les attend.
Discrètement, à table, Gael informe Joel de la nouvelle. Lui aussi est content... mais motus ! Il promet de ne rien divulguer avant ce soir.
« Ce matin, aux douches, j’ai eu la visite de deux abbés des Glandières, les frères Hitch, Alfred et Albert, qui soi-disant avaient besoin d’une douche, raconte-t-il à son frère. En fait, ils viennent aux douches pour se faire mutuellement du bien.. Et ce n’est pas la première fois ! Dieu leur a donné l’autorisation, sûrement ! dit-il en rigolant. Et figure-toi que les bigotes étaient là, elles aussi, à se doucher... et que les abbés les ont gentiment invitées à communier… »
(annexe 33 bis. Les bigotes.)
Après le repas pris à l’école, Georges Claudius est allé chercher son cheval chez Émile. Il le félicite pour le bon aspect de sa robe. Son cheval a vraiment l’air en pleine forme. « C’est Nestor qu’il faut remercier, il s’en est bien occupé ! » dit Émile, fier de son neveu. Les autres maçons sont retournés à leur chantier. Grâce au nouveau stock de pierres, ils ont maintenant passé l’angle de la muraille en haut de la colline, et continuent vers l’est. Comme prévu, ils construisent une tour de guet tous les deux cents pieds, et progressent vite vers l’est. Mais ils commencent à se dire que le stock de pierres ne sera pas suffisant !
Ils arrivent derrière le chalet de Michel, prennent garde au ruisseau qui naît sur la colline, prévoient un portail en haut du chemin, le flanquent de deux tours de guet. Et les voilà bientôt derrière la carrière abandonnée.
Michel, quant à lui, est venu prendre les mesures du portail. Je l’ai accompagné. Nous allons construire un portail comme celui de l’école... Un portail solide ! Léon, qui est avec moi, me dit qu’à Laudrefang, ils sont en train de construire un bâtiment sur le modèle de celui des douches de Durandalem. Il a bien assimilé le système de chauffage de l’eau, et me demande si je peux l’aider à l’installer. Je réponds que oui, mais il faudra s’organiser. J’ai aussi des machines à installer à l’auberge et à l’école, sans parler de la chambre froide de l’office de l’école, et de l’abattoir d’Alvin Koch ! « Nous ferons tout cela ensemble ! » dit Léon.