Extrait de Midi Libre :
Alexandre Marcel, président du comité Idaho, fustige les récents propos du pape François préconisant la psychiatrie comme traitement de l’homosexualité.
Comment avez-vous reçu les propos du pape François recommandant la psychiatrie pour les enfants aux "orientations homosexuelles" .
Très mal. C’est très difficile de comprendre cette réaction. Jusqu’à maintenant, on était confiant car il avait déclaré qu’il ne fallait pas juger les homosexuels. Là, c’est une catastrophe, il parle de psychiatrie, donc de l’homosexualité comme étant une pathologie. L’homosexualité n’est pas une maladie. On ne peut pas se permettre de considérer que l’homosexualité est une maladie. L’Organisation mondiale de la santé a retiré l’homosexualité des maladies psychiques et psychiatriques depuis le 17 mai 1990. C’est très grave. On est dans une homophobie papale.
Pourquoi l’Église se permet-elle d’intervenir sur ce sujet. Où se trouve sa légitimité ?
Parce que la Bible condamne à diverses reprises, surtout dans l’Ancien testament, les homosexuels. Donc le pape trouve là une légitimité dans des textes qui condamnent à mort. Il y a une véritable homophobie dans l’Église catholique.
Comment se fait-il que ces textes écrits il y a des siècles forment encore les préjugés d’aujourd’hui ?
C’est toujours la même idée selon laquelle l’Église reste dans son rôle de défense de la famille. Elle s’oppose à tout ce qui en sort. Il y a une véritable hypocrisie dans cette religion, comme dans d’autres. La pédophilie et l’inceste ne sont pas condamnés dans la Bible. Souvenez-vous du passage des filles Loth dans la Genèse ou de la condamnation à mort des filles qui couchent hors mariage. C’est surréaliste !
Quelle est votre analyse de la suite de l’interview où le pape met en cause les parents qui n’auraient pas dénoncé la situation, et les mères particulièrement ?
Il faut bien comprendre la stratégie de communication du pape. Lorsqu’on dit que les enfants de moins de 20 ans doivent aller voir des psychiatres, cela signifie que c’est peut-être eux qui sont responsables, que ce sont les victimes qui ont poussé les curés à pêcher. Si l’enfant avait été pris en main, le curé n’aurait pas pêché. C’est grave ! Que l’Église se préoccupe des prêtres pédophiles et que ces enfants soient protégés.
N’est-on pas fatigué de combattre sans cesse ces préjugés ?
Là, on est obligé de repartir au combat. Ce qui est très grave, c’est l’interprétation que vont en avoir des millions de catholiques, et notamment en Afrique. Dans les pays qui continuent à criminaliser l’homosexualité, où l’on tente de la guérir, les catholiques vont prendre ces messages comme du pain béni pour poursuivre leurs actions. On va avoir des milliers d’homosexuels victimes d’homophobie. En Occident, on va les amener chez un psychiatre, mais, en Afrique, on va les traiter avec des méthodes particulièrement violentes. C’est terrible. Je suis choqué.
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