Bruno33 a écrit :
Publication de la page "Cogito Ergo Sum"
Bonjour à tous
Aujourd'hui, je vous propose un petit témoignage d'un ami qui est infirmier de réanimation.
Ce n'est pas son premier témoignage, mais je l'ai trouvé très à propos.
Et pour mettre en perspective ce phénomène qui est loin d'être isolé, j'y joins quelques communiqués d'hôpitaux en images ⤵️
"Il y a quelques semaines je m'occupe d'un homme, environ 70 ans, quelques antécédents classique mais sportif, autonome malgré une fibrose pulmonaire post-tabagique... Il vient pour une pneumopathie hypoxemiante à SARS-CoV-2, non-vacciné, encore un....
Malgré notre volonté de ne pas juger nos patients, il devient difficile de comprendre comment un patient de 70 ans, atteint d'une fibrose pulmonaire peut ne pas être vacciné fin 2021... mais bref, on se doit de le soigner donc c'est ce qu'on fait et c'est ce que je m'apprête à faire.
Nous sommes le matin, j'entre dans sa chambre, je fais connaissance avec lui et je comprends rapidement qu'il n'a pas le profil antivax habituel : il est poli, chaleureux, gentil et me remercie à chaque fois que possible, je le sens un poil honteux d'être ici... Je l'aide à faire sa toilette, je le réinstalle, lui explique le déroulement de la matinée etc... Ayant terminé, je suis sur le point de retirer mes EPI et le patient me demande "ça va ? Ce n'est pas trop dur en ce moment...?"
La question me surprend, habituellement les patients non vaccinés sont antivax croyants ou pratiquants et ne voient toujours pas la réalité malgré leur présence chez nous, mais cette question m'interpelle et je décide de prendre encore un peu de temps pour discuter avec lui.
Je lui réponds en toute transparence en lui expliquant que c'est difficile parce que des patients comme lui saturent totalement notre service alors qu'on identifie clairement l'intérêt du vaccin dans la prévention des formes graves, et que, même si je ne le juge pas lui personnellement, ça devient lassant de vivre quotidiennement les mêmes histoires de personnes non vaccinées qui auraient pu éviter la réanimation en ayant juste bénéficié des 3 injections recommandées, et qu'on ne se sent pas totalement entendus dans cette lutte. Face à mon témoignage il pleure de honte, répond qu'il a peur du vaccin et dit s'être fait totalement berné par les "conneries lues sur internet", me dit que c'est "un simple d'esprit" et qu'il s'est fait avoir, il me pose des questions sur la suite de sa prise en charge, sur le vaccin, le covid etc... J'ai l'impression qu'il bénéficie enfin d'une information loyale et éclairée (la fameuse dont ne bénéficient aucun des antivax)....
Ce patient me touche par sa sincérité et sa gentillesse.
Avant de sortir de sa chambre il me demande quelle intervalle de temps minimum est recommandé avant une primo injection, je lui réponds et m'assure qu'il se fera vacciner en sortant de chez nous, je le sens rassuré et motivé par cette perspective.
Je sors de sa chambre, satisfait mais inquiet parce que je sais aussi qu'avec sa fibrose pulmonaire, une intubation ne sera pas raisonnable...
Les jours passent, nous augmentons ses besoins en oxygène, sous optiflow, la de 70% d'Fi02 jusque 100%, le maximum. La simple mise au fauteuil aggrave sa Sp02 jusque 65% qu'il récupère difficilement. Comme anticipé, nos médecins décident qu'une intubation ne sera pas raisonnable et nous espérons tous que sa situation s'améliore dans les jours à suivre.
80%. C'est le chiffre de sa saturation au repos il y a quelques jours, la gazométrie artérielle est catastrophique et met en évidence une hypoxémie majeure... Le reste du bilan n'est guère plus rassurant et montre que la plupart des organes commencent à franchement souffrir du manque d'oxygène. Nous sommes au maximum des thérapeutiques qu'on peut lui proposer.
Nos médecins procèdent à la difficile tâche qui est de lui annoncer que nous sommes au maximum de ce qu'on peut faire pour lui. Il répond humblement qu'il sentait que ça n'allait pas le faire... Il est en détresse respiratoire, morphine et midazolam sont introduits en IVSE pour limiter son impression d'étouffer.
La famille est contactée, elle sera présente quand il décède quelques heures plus tard en fin de journée.
Ma collègue - plus de 20 ans de réanimation dans les pattes - qui s'en occupe ce jour là est en larmes au moment des transmissions, je suis de nuit et je suis moi même très ému. On a l'habitude en réa mais ces histoires commencent à s'accumuler à une fréquence bien trop élevée... Et il ne s'agit que de notre service.
La désinformation tue. Tous les jours."
Merci Bruno.
Le témoignage porte des tragédies et oui résumer les non vaccinés à des antivax n'a fait que jeter de l'huile sur le feu sans prendre en compte une réalité plus complexe. La communication politique et la quête des sondages ont amené en nourrissant le populisme, l'absurdité et une société fracturée et ce n'est pas l'apanage exclusif des dirigeants.
Dans les situations problématiques, les personnes intelligentes cherchent des solutions, les autres cherchent des coupables. On sait, enfin moi car je n'ai pas à parler pour tout le monde, sur ce point maintenant où en est la société française, une société des lumières éteintes.
Ceci posé, la triste réalité faite de toutes ces histoires singulières dont la mienne, qu'aura bouleversé le virus est là.
Mais il faut voir au-delà pour justement ne plus se retrouver dans cette situation. Et c'est là que les mises en perspective, la prise en considération de tous les problèmes sont importantes.
Mais en fait personne n'apprend vraiment rien, les causes et facteurs de tout ce merdier sont assez identifiées. On peut faire autant de G7, G20 (et toujours sans les pays pauvres) que l'on veut, si cela n'est suivi d'aucun effet. Toujours les mêmes intérêts qui d'ailleurs ne se cachent pas.
Aujourd'hui la société est fracturée, les blocs sociaux se détestent et semblent irréconciliables même face à toutes ces tragédies singulières, les populismes sont en place et à certains endroits gouvernent dans leurs formes les plus radicales, l'ordre mondial est tendu jusqu'aux menaces de conflit armé entre les grandes puissances.
Cela me rappelle une époque de l'Histoire pas si lointaine et bien que nous sachions les mécanismes se répètent.
Il est grand temps que les citoyens retrouvent leur esprit et expriment de la pensée, à moins qu'ils n'aient confondu à jamais pensée et petite phrase.