Texte repris de la chronique de Leïla Rölli.
Ce sont les petits ruisseaux...
Si certains trouvent ça dégoûtant, pour d’autres ça coule de source, mais uriner sous la douche, c’est permis? La réponse varie. Evidence ou sacrilège, la notion s’acquiert dès l’enfance, selon les traditions de famille. Et puis, il y a l’entre-deux, celles et ceux qui se lâchent à l’occasion avec un petit air de défi, fiers de braver l’interdit, avec l’excuse plus ou moins honnête que c’est une réaction physique: l’eau sur la peau… vous voyez le topo!
Nul doute, la pratique suscite la controverse. Mais saviez-vous qu’elle pourrait bien atténuer les problèmes engendrés par la pénurie d’averse?
Eté indien et sécheresse hors du commun. Vous l’avez remarqué, nous avons vécu un début d’automne à faire ressusciter Joe Dassin. Selon Meteonews, il manque en moyenne entre 200 et 400 litres d’eau par mètre carré sur l’année écoulée.
Le débit et le niveau de nos cours d’eau atteignent à peine le quart de la norme en cette période. Pas d’eau, mais des idées. Ailleurs, face à la sécheresse, on appelle les citoyens à économiser l’eau par tous les moyens. Parmi les mesures recommandées, celle de profiter de la douche matinale pour se soulager.
C’est le cas au Brésil depuis 2009, à travers une campagne originale appelée joliment «Xixi no Banho» (Pipi sous la douche). Selon l’ONG SOS Mata Atlântica, à l’origine de l’opération, une personne qui tire la chasse une fois de moins par jour économiserait jusqu’à 4380 litres par an.
Même discours à l’Université East Anglia de Norwich, au Royaume-Uni, où en 2014 deux étudiants ont lancé une campagne de sensibilisation intitulée «Go With The Flow», encourageant les 15 000 étudiants à suivre le courant. D’après les instigateurs, si tout le monde jouait le jeu, l’université économiserait l’équivalent de vingt-six piscines olympiques par année.
Pas convaincu? Selon les adeptes, la pratique n’a rien de sale, à la condition que la miction se fasse en début de rituel, pour que le fond de la douche soit rincé comme il faut. Le calcul est vite fait, chaque chasse utilise entre neuf et douze litres si elle n’est pas équipée d’un système économique à deux boutons, sachant que nous sommes 67 000 000 d’habitants dans le pays, ça ferait de belles économies. Eh oui, en matière d’écologie c’est aussi le cumul de petits gestes qui fait la différence... Ou plutôt: les petits ruisseaux qui font les grandes rivières.
Pipi sous la douche: La chronique de Leïla Rölli.