Posté le : 29/05/2023 19H45
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Bassin d’Arcachon : les naturistes ont retrouvé leur chère plage de la Lagune (mais pas leur maillot)
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Accueil Gironde La Teste-de-Buch
Ce week-end de Pentecôte est le premier depuis dix mois où la plage naturiste de La Lagune, à La Teste-de-Buch, est ouverte sous une vraie chaleur estivale ! © Crédit photo : D. P.
Par David Patsouris
Publié le 28/05/2023 à 11h32
Mis à jour le 29/05/2023 à 11h47
C’est le premier week-end de réelle chaleur après la réouverture d’une partie des plages océanes de La Teste-de-Buch. Les naturistes retrouvent enfin leur chère plage de la Lagune, la seule plage du bassin d’Arcachon où il n’est pas interdit d’enlever son maillot
Le ciel est comme du cristal bleu. L’océan, pareil. La plage brûle. L’eau est basse. Une baïne à moitié vide attire les gosses. Sur la plage de la Lagune, à La Teste-de-Buch, ce week-end de Pentecôte ressemble enfin à l’été. Sur le sable, Sophie et Charlotte respirent. Elles sont toutes nues. La Lagune est la seule plage naturiste du Bassin et c’est la première fois depuis l’incendie de juillet 2022 qu’elles peuvent laisser leur maillot dans le sac.
Dix mois après les incendies, quel est le bilan pour l’ONF qui gère le massif aux abords des plages océanes ? Et comment s’annonce la saison estivale ?
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Ici est ailleurs. Loin de tous les problèmes, loin de la société même, ailleurs, vraiment. « Sur la plage de la Lagune, tous nus, personne ne te juge, assure Sophie. C’est la liberté totale. On est comme on est. Il y a les gros, les minces, les vieux, les jeunes. » Les riches sont aussi nus que les pauvres, et vice versa. Un univers sans classe, presque sans identité, presque une contre-société. Où trouver cet anonymat social sinon ici ?
« Notre plage, c’est ici ! »
« Elle nous a tellement manqué cette plage » sourit Charlotte. « L’été dernier, y avait plus rien, soupire Sophie, pffff, obligée d’aller avec les textiles au pied de la Corniche. » Et alors, c’est chouette Pyla, non ? « Oui, mais c’est pas pareil… Là-bas, on regarde tout ce qui déborde d’un maillot. » Ici, non, rien ne déborde parce qu’il n’y a pas un bout de tissu. Être nue a tellement manqué à Charlotte qu’elle est partie l’été dernier dans un camping naturiste !
« L’été dernier, y avait plus rien, pfffff, obligée d’aller avec les textiles au pied de la Corniche. »
Peu de gens se baignent. L’eau plafonne à 15 ou 16 degrés. Betty et Jean-Claude marchent le long des vagues. Eux ont découvert le naturisme en Crète il y a dix ans. « Des copines m’avaient raconté à quel point c’était bien, se souvient Betty, et moi je n’y croyais pas. En fait, c’est vrai. Être nue, ça change tout, c’est très agréable. La sensation dans l’eau est fantastique, vraiment différente. Après, remettre un maillot n’a rien d’évident. »
« La plage naturiste de la Lagune, c’est la liberté totale. On est comme on est. Il y a les gros, les minces, les vieux, les jeunes. »
D. P.
L’été dernier, ils allaient au sud de Biscarrosse. « Mais t’as la zone militaire juste à côté, y a pas d’espace, alors qu’ici, on peut se balader sur des kilomètres. » Respirer encore, ne voir ni maison ni voiture, juste l’océan, le sable, le ciel et la dune. « C’est la seule plage naturiste du coin, la seule aussi sauvage. On a été obligé d’aller à Biscarrosse évidemment, mais nous, notre plage, c’est ici, c’est la Lagune. »
Elle est peuplée d’habitués qui viennent depuis des années et des années. Le vent a tourné à l’ouest et rafraîchit (un peu) le sable. Stéphane et Stéphanie, 53 et 52 ans, sont revenus une fois ici, quand la plage a été rouverte, en balade, tout habillés. « Qu’est-ce qu’elle nous a manqué cette plage ! Tout cet espace ici. Rien à voir avec les plages du Pyla ! Ici, on n’est pas serviette contre serviette. Être à poil fait du bien. Là, c’est l’arrivée sur la plage qui est moins belle, avec tous ces arbres coupés. On n’est d’ici alors cet incendie nous a beaucoup touché. Le naturisme nous a manqué mais y avait quand même plus grave, n’est-ce pas ? »
Il n’y a plus de pin
Le paysage n’est plus le même. Quelques arbres ont été sauvés autour du parking, devant le restaurant. Mais on ne reconnaît plus rien. L’arrière-dune, autrefois pleine de pins et d’ombre, est aujourd’hui aussi nue que les naturistes. Où sont les sentiers d’avant l’incendie ? On ne retrouve plus rien. Juste la piste cyclable brûlante et inondée de soleil.
Il n’y a quasiment plus aucun pin sur l’arrière dune de la plage de la Lagune. ils ont tous brûlé et ont tous dû être coupés.
D. P.
« Nous, le naturisme ne nous a pas manqué. On n’est pas des fervents. Comme tout le monde est à poil ici, on se met à poil. Ça nous a pas manqué ça. Mais la plage, oui, elle nous a manqué. »
Il est un peu plus de 16 heures et des nuages gris foncé se pointent à l’est du ciel. Des orages ont été annoncés, c’est vrai. Il fait chaud. Michel et Dominique, 74 et 72 ans, restent encore un peu. « Nous, le naturisme ne nous a pas manqué, disent-ils tout nus sur le sable. On n’est pas des fervents. Comme tout le monde est à poil ici, on se met à poil. Ça nous a pas manqué. Mais la plage, oui, elle nous a manqué. On cherche le calme. Et ici, il suffit de marcher un tout petit peu pour l’avoir. »
Un autre couple plie les gaules en regardant le ciel. Eux aussi expliquent s’en foutre un peu du naturisme. « Ce qu’on adore ici, c’est le côté sauvage et pas les uns sur les autres. C’est juste cette plage, la Lagune, qui nous a manqué. D’habitude, on se pose entre la Salie et la Lagune. Elle rouvre quand la Salie ? » Avant l’été espère l’Office national des Forêts.
« Tant de gens aiment cette plage pour ce qu’ils y ont vécu, pour ce qu’elle représente. C’est tellement beau ici, grandiose. Il n’y a qu’au Sénégal que j’ai retrouvé ce sable, ces couleurs. »
Philippe et Patricia, 64 et 62 ans, sont de Paris mais ont une maison à Gujan. Ils étaient revenus l’an dernier au milieu de la catastrophe. Et puis il y a deux mois, juste pour voir. Et aujourd’hui, nus. « Tant de gens aiment cette plage pour ce qu’ils y ont vécu, pour ce qu’elle représente. C’est tellement beau ici, grandiose. Il n’y a qu’au Sénégal que j’ai retrouvé ce sable, ces couleurs. »
L’océan, le sable, le ciel, non, tout ça n’a pas brûlé…