Citation : a écrit :
De quoi meurt le naturisme ? D’un double phénomène. De ne pas comprendre les évolutions de la société. De ne pas savoir « faire société » par lui-même.
Comprendre les évolutions de la société, c’est comprendre les nouvelles exigences du corps. Le corps, soumis aux impératifs de santé, conformité, productivité, est devenu, au tournant du millénaire, le siège de l’identité. Il ne peut donc être que le produit d’une stratégie, d’un projet de soi. Or élaborer une stratégie de soi passe nécessairement par la rupture du corps avec tout référent à la nature, entendue comme absolu déterminisme. Le corps hypermoderne contemporain, lisse, efficace, appareillé, invisible en quelque sorte, se construit contre le corporel, avec ses organes et ses fluides. C’est un corps rectifié, technologisé, augmenté ; surtout pas un corps naturel. Son image est une construction, et l’identité est tout entière dans cette stratégie de construction. Elle seule dit qui est l’individu. C’est pourquoi le corps naturiste n’est plus tenu comme un recours, mais une survivance, un archaïsme. Il n’en faut pour preuve que la récente publicité Canal Sat, où la pire des productions possibles, dans l’esprit des pubards, est une émission naturiste.
Ne pas avoir su « faire société » est sans doute l’échec interne du naturisme. Une fois construit, par la nudité, son écart fondateur, le voilà envahi par tous les travers de la société de son temps : hiérarchies (le nouveau venu n’est pas accueilli mais questionné comme un délinquant potentiel, les habitués montrent leur statut en étant parfaitement rasés – ce qui, soit dit en passant, constitue une exhibition de soi), grands prêtres (édictant les préceptes tous plus obsolètes les uns que les autres avec fureur et componction, et n’aimant pas trop les lumières de la culture pour mieux imposer sans discussion leur culte), ses juges (qui arbitrent en permanence entre le "vrai" naturisme et le "faux naturisme, comme si le terme était une marque déposée, univoque), gendarmes (veillant scrupuleusement au respect de définitions vides de sens dont eux seuls possèdent la très kafkaïenne maîtrise )… Tous les travers, disions-nous : y compris les plus contestables, comme ce signe que la belle tradition française de la délation reste toujours aussi vivace : sur tel parc de la Région parisienne était récemment affiché à l’entrée le prénom d’une personne chassée pour comportement inadéquat ! L’embourgeoisement vacancier et la banalisation touristique de l’offre « naturiste » a fait le reste.
Tout ceci converge vers un point et un seul : à travers le manque de discours réellement structurant, le mouvement naturiste risque fort de s’étioler, alors même que la pratique de la nudité spontanée et sauvage, sur les plages, ne s’est jamais aussi bien portée.
par Smiley
je me suis permis d'empreinter ce texte construit et instruit de Smyley en date du vendredi 2 novembre sur son blog "Nudité"
Ben moi, .... CA MARCHE PAS !!! [raleur]