Un contraste sans commune mesure entre mes deux voyages au Yemen 1993 et 2012.
Le premier était au début des années 90, après la réunification du sud et du nord, pour une aide aux réfugiés érythréens ayant fuit leur pays.
Le Yémen de l’époque était relativement sécurisé, à part quelques poches où il était préférable de ne pas s’aventurer, souvent par pure inquiétude relative à une activité illicite. Le risque n’était pas grand, juste d’être prise en « otage » pour négocier avec le gouvernement une liberté d’entreprendre ou tout simplement libéré un des leurs, retenu dans une prison d’état pour un larcin quelconque.
Femme seule, je pouvais me promener librement dans la merveilleuse vieille ville de Sanaa dont les maisons sur 4 ou 5 étages sont en torchis et les ouvertures soulignées de pierres blanches pour le plus bel effet.
Elles sont toutes construites sur le même modèle avec au 4eme ou 5eme étage un espace ouvert où les hommes se réunissent pour discuter et mâcher le Qat. La feuille a des vertus euphorisantes. Certains yéménites le mâchent à longueur de journée, faisant une boule entre joue et mâchoires. Ca les aide à tenir ! Quand j’en ai mâché, le résultat est équivalent à boire un verre de pastis à la mode marseillaise.
Il était possible de circuler librement dans le souk, le plus typique et traditionnel que j’ai pu voir dans le monde. Dans la zone artisanale on a l’impression de revenir plusieurs siècles en arrière. Il était possible de discuter avec les artisans du souk, ils avaient toujours quelque chose à offrir surtout à une belle femme comme moi et blonde, galette de pain, thé ou café, du pur arabica cultivé autour de la ville de Mokka. Le café est souvent cueilli vert et non torréfié et a une couleur verte. Super bon, du mokka sain !
Il était possible d’aller se promener et visiter les villages des alentours, tous aussi typiques les uns des autres avec cette architecture particulière. Je pense notamment au wadi Dhar à proximité de Sanaa et qui présente un ancien palais de l’imam, le Dar al Hajar construit au début du siècle précèdent.
Lors de ce séjour, j’ai eu l’occasion de me rendre à Aden au bord de la mer, capitale de l’ancienne république démocratique du Yemen sous protection soviètique. La ville se divise en plusieurs quartiers repartis dans des petites vallées creusées au cœur de roches volcaniques noires. Ces quartiers sont reliés par des passages aériens ou des tunnels.
Y Ai-je marché dans les pas d’Arthur Rimbaud ? C’est probable.
Par contre il n’est pas certain que la « Maison de Rimbaud » restaurée par la France et inaugurée par les ministres J Lang et R Dumas en « Centre culturel et poétique franco-yéménite » et consulat de France ait hébergé Arthur Rimbaud ???
Aden
Passage d'un wadi à l'autre
Eglise anglicane
Pour la seconde mission, en 2012, c’était une autre ambiance. Il n’étaait plus recommandé, voire non autorisé, de se promener, même accompagné par des gardes, dans la ville et dans le pays. C’était une guerre civile pluriel. Le sud contre le nord, les tribus rebelles contre le pouvoir central, Al Qaeda contre tout…J’y était pour une ONG à « figure géométrique » pour aider et financer un groupement de femmes du wadi Da’wan à produire et commercialiser le miel, véritable trésor de cette région de l’Hadhramaw et Shibam
L’opération était sponsorisée par Total dont les champs en exploitation se trouvaient dans la région et je bénéficiais de leur logistique.
Shibam
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L’arrivée à Sanaa avec un vol depuis Dubai, était protégée depuis le bas de la passerelle ou un personnel m’attendait, me conduisait vers les salons VIP pour éviter tout contact avec la population. Attente, le temps que cette personne se charge de tous les tampons administratifs.
A la sortie, un 4x4 blindé attendait devant la porte et deux autres véhicules au portail de la zone aéroport. Un véhicule devant un autre derrière pour m’amener à la guest house Total. Plusieurs check point, des blindés stationnés. De part et d’autre d’un rond point, deux check points ! Un de l’armée régulière, l’autre, celui des rebelles !!!
Guest house pour les gens en mission, car il n’était plus question d’aller dans les hôtels. Guest house confortable avec un restaurant, librairie, restaurant, piscine, tennis…Mais le tout entouré de hauts murs surmontés de barbelés.
Sanaa – Shibam, la ville au débouché du Wadi Da’wan, par avion où le collectif de femmes m'a pris sous leur protection. Ce n’était pas tres bien vu par les hommes qu’un collectif de femmes mette sur pied une sorte de coopérative pour produire et distribuer le miel de renommée mondiale. C’est du miel d’acacia sauvage ou acacia gommier ou soumour de couleur brune et le miel de jujubier ou sidr de couleur plus claire, arbres qui poussent naturellement dans cette région. Les essaims sauvages sont récupérés dans les falaises.