Posté le : 22/09/2009 00H47
Je suis naturiste c'est à dire que j'aime être nu autant que possible pour vivre tous les instants de la vie.
Autant que possible car dame nature a tout fait pour nous priver de ce plaisir : peau fine, claire pour certains, attributs sexuels débordants et parfois encombrants, poitrine pesante chez nombre de femme (pas toutes heureusement), absence de protection naturelle (poils, carapaces), le froid, les rochers contondants, le soleil de plomb, les buissons épineux, la grêle et j'en passe, tout semble fait pour nous inciter à nous habiller.
De là à conclure que nos mœurs ont été dictés par ces impératifs météorologiques et non par les agissements d'Adam et Ève, je ne m'y risquerai pas. Une feuille de vigne leur aurait-elle suffis à se protéger pour l'éternité ?
Être naturiste équivaut donc à faire de la résistance.
Résister c'est … ne pas se laisser porter là où vont les autres, c'est nager à contre-courant.
Nous sommes nombreux, plus nombreux que vous ne le croyez (deux millions paraît-il) à voter « naturisme », hélas, beaucoup prennent le bulletin nat et, au moment de le glisser dans l'urne le glissent … dans leur poche.
Hé oui ! Difficile d'assumer!
Alors se pose un dilemme : comment savoir si mon voisin a voté comme moi sans trahir le secret de l'isoloir ? Comment lui faire savoir que je suis naturiste ? Comment savoir si cette révélation ne compromettait pas notre bonne relation ? Et si lui-même n'osait pas me révéler la même chose ?
Entre voisins on parle de sport, de boulot, plus rarement de politique ou de philosophie et encore moins de religion ou de naturisme.
Y aurait-il une pudeur voire un tabou à parler d'un sujet aussi personnel ?
Ainsi ,ayant invité un couple de retraités amis sur mon terrain de weekend par une belle journée de printemps, les conversations sautillaient d'un thème à l'autre : la retraite toute fraiche, les loisirs, les petits-enfants, l'école, la santé, le tout avec des mots très lisses qui ne laissaient que peu de places à l'intimité.
La douceur du matin cédait peu à peu la place aux premiers rayons du soleil d'avril.
On déplaça bientôt chaises longues et tables basses vers l'ombre naissante d'un chêne verdissant.
On avait sorti les boules à toutes fins utiles mais les conversations s'éternisaient si bien que personne n'osait les interrompre pour composer les équipes.
Les enfants jouaient à l'écart sur le tas de sable destiné à la confection du mortier.
Soudain, Nicolas apparut au milieu de nous, nu comme à sa naissance quatre ans plus tôt.
« Qu'est-ce que tu fais dans cette tenue », lui dit sa mère un peu gênée.
« Il fait chaud » lui répondit-il simplement.
Le petit garçon s'était débarrassé du superflu sans s'occuper du qu'en-dira-t-on.
« Laissez-le faire, il a raison, c'est nous qui devrions suivre son exemple » lui dis-je en espérant ainsi amener la conversation sur le thème du naturisme.
« Ah, mais si nous étions chez nous, je vous assure que ce serait déjà fait » répartit son père en riant.
« Nous l'avons habitué à vivre nu comme mes parents nous l'avait montré en leur temps mais il n'a pas encore le sens des convenances ».
Hé bien, je n'osais pas vous le proposer mais nous aussi sommes naturistes et, si le cœur vous en dit, le premier à poil lance le boutchin.
D'un bond nous jetâmes nos vêtements sur les chaises et le claquement des boules donnèrent le signale d'un nouveau départ.
Depuis ce jour, notre amitié ne cesse de se renforcer à chaque rencontre.
Des jeunes adeptes avec enfants, amis de nos amis, sont venus grossir les rangs et notre terrain de weekend est devenu le théâtre des moments heureux où la nature seule guide notre vie.
Et vous?