Cela fait maintenant 10 ans que j’organise des sorties naturistes en pleine nature, en dehors des lieux spécifiquement dédiés, en toute tranquillité et en respectant ceux qui préfèrent se vêtir. Ces différentes activités réalisées régulièrement (randonue, kayak, plaisance, plages et différentes actions militantes) ont formé avec le temps une base solide visant à démontrer, s’il en était besoin, que le naturisme ne pose pas de problème dans notre société.
Aujourd’hui, il semble clair qu’une majorité soit prête à accepter et à comprendre notre mode de vie tant qu’on le pratique dans les lieux de nature (et encore le festival d’Arles et les cyclonues démontrent que même la nudité urbaine semble être bien acceptés tant qu’elle est associée à un événement festif). Ce qui est encourageant est le nombre de sympathisants qu’on peut recueillir autour de soi lors de nos activités, alors qu’eux-mêmes ne sont pas pratiquants. Il est à remarquer que ces sympathisants sont rarement les voisins de nos plages autorisées. Ce sont plus des amoureux de la nature, on les trouve sur les sentiers de randonnées, dans les associations de défense de l’environnement, dans les organisations sportives, etc…
Cette tendance positive est un premier pas avant la dépénalisation de la nudité saine et naturelle.
Le naturisme est donc bien un concept d’avenir, mais sa pérennité dépend bien plus de nous qu’il ne dépend des autorités. Il ne faut pas attendre des préfets ou des maires qu’ils prennent des décisions pour faire avancer notre cause. Si nous restons les bras croisés, faut pas se leurrer, nous obtiendrons que ce qu’on mérite, c'est-à-dire rien…Ce n’est pas en restant sur nos acquis, sans demander plus, que nous donnerons envie aux générations futures. La liberté ne s’use que si on ne s’en sert pas.
C’est dans cette optique que l’Association Naturiste Phocéenne a organisée pour la seconde année consécutive la descente des Gorges de l’Ardèche en kayak avec pour unique tenue obligatoire, le gilet de sauvetage.
Dés le départ au Pont d’Arc à 8h30, nous nous sommes mis dans notre tenue préférée et avons réalisé dans la bonne humeur le parcours des 28kms. Les nombreuses pauses au milieu d’autres kayakistes n’ont jamais suscité d’émoi particulier, au contraire certains nous ont même imité.
Nous en avons profité pour faire une longue halte à la plage des Templiers, histoire de donner du baume au cœur aux quelques anciens présents sur la plage et au nouveau propriétaire. Les anciens voyant une bande de joyeux naturistes débarquaient nus sur leur plage avaient l’impression de revivre des événements passés et oubliés. Heureux de voir que le militantisme naturiste n’était pas perdu.
Malheureusement, nous ne sommes pas assez nombreux à oser ce genre d’événements. Les faire une fois par an, c’est déjà mieux que rien mais l’impact est moindre que si plusieurs organisations le faisaient à tour de rôle. On se console en se disant qu’en ce weekend de pentecôte, certains auront un sujet de discussion avec leurs amis.
Cette belle journée ensoleillée est un beau pied de nez à celui qui disait au Conseil Général à propos des Templiers « nous voulons nous débarrasser de la peste naturiste et du choléra écologiste ».