Posté le : 03/07/2007 14H12
Je vous propose l'interview d'Olivier et Bruno des "Saulaies", qui vous accueillent à Angers et vous proposent de séjourner en chambre d'hôtes naturistes dans leur magnifique demeure au calme avec piscine et jardin potager.
1) Tout d’abord, pouvez-vous nous indiquer votre parcours de la danse au naturisme ou inversement ?
Olivier : La danse et le naturisme ont toujours fait partie de moi. A croire que je suis né avec ! Mais comme tout le monde d’ailleurs. On est tous né nu, avec des envies de s’exprimer avec son corps. Après on explore, on développe, ou pas. Mes parents n’étaient pas naturistes, j’ai donc du attendre ma majorité pour vivre nu. J’ai découvert la danse avec ma sœur à l’age de 9 ans. (J’en ai 40 !)
Bruno : comme tout le monde je suis arrivé au monde nu et ensuite c’est mon compagnon qui m’a fait découvrir les joies d’être nu à la maison, dans des centres, sur les plages, en forêts et entre amis.
2) Qu’est-ce que la rigueur physique de la danse vous a apporté dans votre souplesse du corps et de l’esprit tant vêtu que nu ?
Olivier : C’est difficile à dire, car parfois je sais que j’ai trop demandé à mon corps. Mais j’ai aujourd’hui des outils pour sentir mon corps en profondeur qui me permettent de réagir. Je suis très à l’écoute de mon corps. Je sais quand il a besoin de bouger, de se muscler, de se détendre, de ressentir, de vibrer, de s’étirer…
Bruno : une profonde liberté, un bien être exquis et une ouverture d’esprit.
3) Le fait de vivre à deux hommes dans la vie courante et dans les centres ou clubs naturistes visités, quel est ou quel a été votre ressenti par rapport au regard d’autrui ? Et, est-ce que selon vous ce regard a évolué à votre égard et à l’égard des homosexuels ou des lesbiennes seul(e)s ou en couples ?
Olivier : Entre vie courante et naturisme le regard est le même ! Pas plus de tolérance pas moins, de façon générale. Il faut dire qu’on est conscient que la société n’est pas encore prête. Donc on a pris l’habitude de ne pas faire certaines choses. C’était dur au début puis on s’y est habitué. Par exemple on ne s’embrasse pas en public (quoiqu’on commence à le faire ! Mais c’est souvent furtif), on ne marche pas main dans la main, on ne s’enlace pas. Choses que les hétéros font naturellement sans se poser de questions. Ca doit être bien quand même ! Après il y a souvent des chocs pour que les mentalités évolues. Pour les gays il y a eu le SIDA, les gay prides, le Pacs. On s’en serait bien passé pour certain mais cependant ça a permis aussi de mettre au grand jour cette réalité. Donc oui le regard sur les homosexuels évolue dans le bon sens. Mais il reste encore beaucoup à faire. Quand un parent me dit « Oh ! moi, votre homosexualité ne me gêne pas du tout » je réponds souvent « Ok et si ton gamin est homo, ça sera pareil ? ».
Au passage je rappelle aussi qu’on ne choisit pas d’être une fille ou un garçon. De même on ne choisit pas d’être hétéro, gay ou bi.
Bruno : le fait d’être en harmonie avec soi et dans son couple ne m’a jamais posé le moindre souci pour être accepter dans les centres même s’il est vrai que je n’aime pas m’afficher. Je suis très pudique sur ma relation sexuelle.
4) A ce sujet pouvez-vous nous raconter votre meilleur accueil ou votre plus mauvais souvenir en des lieux naturistes ?
O : En règle générale nous avons rencontré peu de problèmes. Mais il est vrai que nos palmes d’Or vont spontanément aux Ventous, Cap Natur’, Le Haut Chandelalar, Les Lauzons, Domaine d’Enriou, Domaine Le Clols parmi ceux où nous sommes déjà allés. Et la palme noir pour le Domaine de Lamberan qui nous avait clairement fermé sa porte disant que c’était un centre uniquement pour famille.
Bruno : l’accueil chaleureux du camping du Bosc et surtout l’inoubliable Guy Claude aux lauzons. Le plus mauvais souvenir un camping tenu par des Hollandais dont j’ai même oublié le nom de leur centre.
5) Vous est-il arrivé de séjourner séparément en villégiature naturiste ? Si oui, comment les lieux naturistes vous acceptent-ils ?
O : On fait tout ensemble. Je suis allé une fois à Euronat seul, sans problème. Il y a eu beaucoup de refus d’hommes seuls mais je trouve que ça s’arrange de ce côté là avec le temps. Notre homosexualité n’est pas écrite sur notre front non plus ! Après tout la sexualité des personnes ne regardent pas autrui.
Bruno, non je déteste la solitude
6) Olivier, il y a quelques années tu as vécu la tournée d’un spectacle de danse intitulé « Horizon » en milieu naturiste et entre autre au Ventous, c’est d’ailleurs à cette occasion que l’on s’est rencontré. J’en garde un souvenir merveilleux ! Peux-tu nous raconter la genèse jusqu’à l’accomplissement de ta chorégraphie et les meilleurs moments que tu gardes en mémoire ?
O : Oula c’est long à raconter ! Pour faire court : En tant que naturiste, j’ai souvent travaillé la danse nu dans mon studio. Mais je ne franchissais pas le pas de me montrer en public. Puis un jour j’ai senti que j’allais arrêter ma compagnie. Alors je me suis dit : « tu as réalisé tous tes désirs sauf un ! Alors vas-y fait le » J’ai présenté un solo de 15 minutes dans un théâtre sur Angers. Le public m’a dit : « C’est super beau, ta nudité n’est pas choquante ». Tout le monde parlait donc de cette « sacré » nudité. Je me suis demandé ce qu’on dirait si j’allais dans les centres naturistes. Alors j’ai monté le projet HORIZON. C’était une expérience extraordinaire. Et là personne ne m’a parlé de la nudité, uniquement du contenu. Comme quoi tout est dans le contexte. On n’a pas le même regard suivant les lieux de présentation. J’avoue que présenter de la danse contemporaine avec de la musique électro en plein milieu touristique c’était gonflé ! Mais les retours étaient plutôt encourageants. Ca a été une aventure très forte. J’ai ressenti une osmose entre ma personne, mon corps, la nature, les gens. C’était très positif et très beau.
7) Très récemment, vous avez ouvert une chambre d’hôte naturiste. Pouvez-vous nous décrire votre lieu de vie et l’ambiance chaleureuse et fraternelle qui règne en vos contrées ?
On vient d’acheter cette nouvelle maison. Au départ on a fait cette chambre pour nos amis. Une fois finit, on s’est aperçu que c’était idéal pour une chambre d’hôte. Puisqu’on vit toujours nu ici quand il fait bon, on ne pouvait accueillir qu’un public naturiste. On aime écouter et regarder le charme de la nature et rencontrer des personnes. Les personnes qui viennent sont contentes de leur passage ici car on essaie aussi de leur laisser une grande liberté. Y’a une totale indépendance vis à vis de notre partie privée.
Bruno : une envie de partage d’un même idéal de vie, de s’ouvrir aux personnes vivant ce principe de liberté sans pour autant faire de ghetto.
8) Cette nouvelle expérience d’accueil et de partage de votre existence naturiste, quels bienfaits en tirez-vous ?
O : Tout simplement le plaisir partagé de cette utopie de vie naturiste. Quand ça se passe chez toi, tu as le sentiment que la vie est faite ainsi. On ne le fait pas pour gagner de l’argent, juste pour le plaisir d’accueillir et de permettre un moment de bonheur à ceux qui aiment.
Bruno : le doux plaisir de se rendre compte que des personnes vivent comme nous le naturisme
9) Comment percevez-vous l’avenir proche du monde naturiste selon ses avancées ou ses rebuffades devant l’éclatement et pourquoi pas la disparition de la famille monoparentale ?
O : Je ne sais pas. Parfois j’ai l’impression que ça avance et parfois on recule. Lors de ma reconversion j’ai pensé ouvrir un lieu de détente naturiste avec sauna, piscine, hammam etc. Mais à questionner mon entourage, j’ai bien vu que trop de personnes n’étaient pas partantes et que financièrement le risque était énorme.
Bruno : de grandes évolutions tout de même et pourtant encore trop de personnes hostiles à l’idée de cette pratique en commun.
10) Quel message, s’il y a, voudriez-vous apporter au petit monde naturiste policé et planqué derrière ses palissades, bien à l’abri de la réalité sociale et culturelle ?
O : Pour moi le naturisme c’est avant tout lié à la tolérance à la différence : des corps, des façons de penser, et de vivre.
Bruno : Parlez en autour de vous !
11) Liberté, liberté, à vous la parole s’il y des points qui vous tiennent à cœur et que l’on n'aurait pas abordé. C’est à vous.
On n’a déjà pas mal causé non ? lol
Pour ceux qui souhaitent passer un moment chez nous ou des infos sur notre chambre d’hôte naturiste Les Saulaies :
http://les-saulaies.monsite.orange.fr
Olivier et Bruno : 06 12 95 42 84
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