Posté le : 20/12/2009 10H24
CHAPITRE III
UN NOUVEL AMI
Peu de temps après dans la cour d'une petite ferme.
– Voila, on est arrivé, je sais ce n'est pas très grand mais j'espère que tu t y plairas... Elle était pourtant belle cette petite demeure, dans tous les cas plus somptueuse que la vielle mansarde dans laquelle Mathieu avait vécu, mais le chagrin de ce dernier était tel qu'il ne la voyais même pas... Aller rentre petit, n'ai pas peur !
Mathieu se sentant quelques peux honteux, reculât de quelques pas et le regardant.
– Je n'ai pas peur, mais...
– Mais quoi ?
– Ba...
– Ba quoi ?!... Et un sourire aux lèvres... Je comprends ! tu crois que tu vas me déranger, c'est ça ?... Mathieu fit un petit haussement d'épaule qui voulais signifier sans doute un oui... N'est crainte, au contraire tu vas me tenir compagnie !
Sur ces mots, la brise du soir qui venait de ce lever fit frémir les cheveux des deux acteurs de cette scène touchante.
Une fois rentré dans la maison pierre alla chercher une lampe a pétrole, la nuit commençant déjà a tombée, puis la posa sur une vaste la table en bois massif, elle-même entourée de deux grand bancs le tout se trouvant au milieu d'une pièce aisément meublée.
Ayant refermé la porte, après avoir fait rentré Mathieu, celui-ci se retrouva face a un énorme vaisselier également en bois massif.
A sa gauche, trônais tel un trois mât, un majestueux fourneau noir comme l'ébène et à sa droite, deux portes, l'une fermé et l'autre laissant apparaître un impressionnant lit comme on en trouvais dans la région.
Lit de plus d'un mètre de haut, fait d'un matelas de laine brute et de paille finement triée, le tout recouvert d'un merveilleux édredon de pur duvet d'oie.
La pièce principale était vaste, mais surtout ce qui la rendait imposante, était non pas la cheminé qui en imposait, mais les poudre du plafond qui traversait la pièce de part en part.
Mathieu ne savait où donner de la tête, il n'avait jamais vu pareille demeure et pour lui cela ressemblait à un palais, à vrais dire il n'avait jamais connu autre maison que la sienne, quand ses yeux se figer brusquement sur un énorme bac que Pierre venait d'apporter.
Puis voyant celui-ci le remplir d'eau, Mathieu, intrigué par ce manège osa après une petite hésitation a demander.
– C'est pour quoi faire ça ?
Et tout en vidant encore un sceau dans le bac.
– Ca ! c'est pour prendre un bain.... Pour que TU prennes un bain !
Sur cette réponse, Mathieu fit un silencieux, " A bon ! ", lorsque soudain, fronçant les sourcils, il se mit a se gratter la tête et comme s'il venait de comprendre, l'air horrifié, il se leva brusquement de table a une telle vitesse qu'il en tomba à terre.
– QUOI !... UN BAIN !?
Amuser par la mimique, a la fois de dégoût et de peur exprimé par son invité, Pierre répliquât.
– Oui, un bain !... pour que tu te laves avant d'aller dormir !... car tu ne crois tout de même pas que tu vas dormir dans mes draps comme ça !
Expliqua-t-il en montrant sa saleté du doigt.
Mathieu s'étant relevé, ce regarda entièrement.
– Mais…… je ne vous ai rien demander moi !?
Et quelque peu déçu, Pierre tournant le dos a son interlocuteur.
– C'est vrai !... tu as entièrement raison !... moi je faisais ça uniquement pour toi, malgré que tu ne m'as toujours pas dit comment tu t'appelles !... mais bien sur, si tu veux partir.... tu peux , je ne te retient pas !
Sur ces mots, Mathieu pris la direction de la porte, l'ouvrit, puis s'arrêta sur le pas de celle-ci.
Réfléchis quelques instant et la referma.
Puis faisant face à son hôte qui lui tournait toujours le dos.
– Mathieu...
– Aller, vient par ici Mathieu et déshabille-toi.
– Entièrement ?
Allant chercher Mathieu pour le rapprocher du bac, Pierre un léger sourire aux lèvres, lui rétorquât.
– Bien sûr entièrement ! c'est toi qu'il faut laver, pas tes vêtements... Encore qu'eux...
Et tandis que pierre versait encore un autre sceau, Mathieu s'exécuta timidement.
Se retrouvant ainsi nu au milieu de la pièce il regarda Pierre et couvrant sa masculinité de ces mains sale, il se mit a rougir telle une fillette qui reçois son premier baisé.
Puis, s'étant rapproché du bac, mit un pied dans l'eau.
– AH ! c'est froid...
T'en bien que mal, il réussi a s'asseoir dans son bain, tandis que pierre se dirigea vers lui, gant de crin et savon a la main.
Et se mettant a genoux près du bac.
– Aller, mouille-toi bien !
Quand soudain, Mathieu voyant les objets sortis presque du bain.
– Et là ! Qu'est ce que vous voulez me faire avec ça ?
Demanda-t-il en montrant les objets que pierre venait d'apporter.
– Assis toi, ça ?! c'est pour enlever la crasse que tu as sur le dos.
Ce mettant à l'œuvre.
– HAIE ! mais vous m'enlevez la peau...
Ce qui fit rire Pierre.
– N'est crainte, il t'en restera encore... enfin, je crois.
– QUOI ?!
– Mais non! Je rigolais.
Sur cette plaisanterie et après avoir bien frotté le dos de son invité, pierre, afin d'aller préparer le dîner le laissa ce débrouiller seul.
Quelques instants plus tard.
– Mathieu, dès que tu auras fini de te décrasser tu te sèches avec la serviette, tu la mets autour de ta taille et tu viens manger!... espérons que tu as de l'appétit ?... à propos, j'espère que sa te dérange pas que je te tutoie ?... si tu veux, tu peux également me dire tu, cela nous sera plus facile à vivre.
Une demi-heure étant passé, Mathieu ne semblais plus vouloir
sortir de son bain, quand brusquement il se leva, prit la serviette, se sécha et après l'avoir mis autour de sa taille, comme Pierre lui avait expliqué, il alla se mettre a table.
A peine le dîner était il servit, que Mathieu s'effondra la tête la première sur la table, évitant de justesse sont assiette.
Il venait de tomber dans les bras de Morphée.
Sur cette scène, pierre qui fut amusé, n'osa pas le réveiller et le prenant doucement dans ces bras, alla le coucher dans son lit.
Là, repoussant l'édredon, il y installa délicatement l'enfant dans les draps de lin blanc, puis l’ayant recouvert le borda.
Enfin, juste avant de sortir et de refermer la porte derrière lui Pierre jeta un dernier coup d'œil sur l'orphelin, d'un air qui en disait long sur ces intentions plus qu'honorable et refermant la dite porte, silencieusement, ne pu s'empêcher de pensé;... "Pauvre petit!... que vais-je faire de toi !?...".
Durant la nuit, Pierre fut réveillé par les cris du jeune garçon.
– Pa-Joseph... Pa-Joseph...
Ce levant brusquement, Pierre alla au chevet de Mathieu et le voyant en sueur, les yeux pleins de larmes, s'assit sur le lit près de l’enfant et posant délicatement ces main sur les épaules de celui-ci et le remuât lentement.
– Réveille-toi Mathieu, allé réveille-toi !...
Ce qui fit sursauté et lever subitement se dernier, qui s'écria.
– PA-JOSEPH !.....
– Calme-toi petit, ce n'est rien,... aller recouche toi,... tu as fais un mauvais rêve.
Mathieu venant de se rendre compte de ce qui c'était passé laissa échapper un souffle de quiétude, ce qui eu pour effet de refermer ces paupières lourdes de fatigue et laissant reposer machinalement sa tête sur l’épaule de son bienfaiteur se laissa porté par le sommeil.
A cet instant Pierre n'osant pas bougée de peur de le réveillé à nouveau.
Il resta donc quelques instants ainsi, caressant affectueusement la chevelure de l'enfant tout en lui murmurant... " Dort petit, dort ! je reste encore un peu... "
Puis le sachant dans un sommeil serein, saisie délicatement la tête de Mathieu afin de la déposer sur l’oreiller, puis ayant réajusté le drap et le duvet sur les épaules de ce dernier, sorti en silence de la chambre.
Le lendemain matin.
Le soleil était déjà bien haut quand Pierre décida d'aller réveiller son invité.
– Mathieu ! aller, réveille-toi ! il est presque midi !... Sur ces paroles, Mathieu entrouvrit les paupières et le geste encore incertain, se frotta les yeux pour enfin se redresser après quelques bâillement et étirements réparateur;... Alors, bien dormi ?
Et le langage encore incohérent.
– Mmmm... oui... Et regardent autour de lui;... Eh... je.... mmm... je vous est pas prit votre lit ?
– Non, ne t'inquiète pas, j'ai dormi dans l'autre chambre.
– L'autre chambre ? a bon !... puis ce mettant les bras derrière la tête, se mit à bailliez sans retenu et ayant étiré ces bras de toutes ces force, il se mit a sa gratter machinalement sa poitrine, lorsque soudain il s'écria.
– MON MEDAILLON... Où EST MON MEDAILLON ?
Et aussi vêtu qu'un bébé qui vient de naître il sauta hors du lit et se mit a chercher le pendentif.
Dans le lit, puis parterre a quatre pattes et sous le lit, quand Pierre l'interpella.
– Ce ne serait pas sa que tu cherche ?
Dit-il en tendant l'objet.
S'étant relevé, Mathieu aperçu le médaillon et les yeux pleins de rage, arracha violemment celui-ci des mains de son hôte.
– Où l'ayez vous trouvez ?
stupéfait par la réaction de Mathieu.
– Dans le bac, en le vidant ce matin.
Et le serrant fortement contre sa poitrine.
– Vous l'avez ouvert ?
Cette réflexion eue pour effet d'injurier Pierre qui répliqua avec énergie.
– Non mais pour qui tu me prends !... Et tournant le dos a son accusateur, il se prépara a sortir de la chambre offenser;... Tu devrais t'habiller!... Tu vas prendre froid en restant comme ça !
Mathieu venant de se rendre compte de sa nudité, sauta dans le lit et honteux et gêné de ce qu'il venait de dire.
– Excusez-moi... je ne voulais pas dire ça !... mais c'est la seule chose qui me vient de ma mère.
Cette explication fit stopper Pierre qui se retourna.
Et d'une voie plus tendre.
– De la criarde ?
Et tenant délicatement le médaillon entre ces mains, Mathieu l'ouvrit discrètement.
– Non,... de ma vrais mère !... Et ne voulant point être indiscret, Pierre s'en retourna, quand;... Pierre !... vous... tu… tu peux me dire où sont mes vêtements ?
– Tu veux dire ces loques !? je les ai jetés au feu !... en attendant que j'aille en ville tout à l'heure te trouver quelques chose tu mettra cette chemise;... Et lui tendant le dit vêtement;... Je sais, elle doit être un peu grande pour toi, mais ça devrait aller pour l'instant et dépêche toi à venir manger.
Et prenant timidement la chemise tendu par son bienfaiteur.
– Merci !
– De quoi ?
– De...
N'ayant rien a dire la conversation se termina par un petit sourire mutuel.
Plus tard, s'étant mis à table, Mathieu se trouva face à un grand bol de lait fumant ainsi que d'une tartine de pain allègrement beurrée.
Tartine qu'il se mit en devoir de dévorer en quelques bouchée, devant les yeux ébahis de Pierre.
– Moins vite petit ! tu vas t'étouffer;... Ce qui ne tarda pas à arriver;... A tu vois je te l'avais bien dis !... Répliqua-t-il en lui tapotant le dos;... Tien ! en voilà une autre, mais cette voici mange la moins vite, tu as tout le temps, moi pendant ce temps j'irais en ville t'acheter de quoi te vêtir.
Sur ces mots, Mathieu proposa modestement.
– Tu sais, c'est pas la peine d'user de l'argent pour moi !...
– C'est vrai, tu as raison ! si tu veux rester le cul à l'aire, tu peux.
Réflexion qui fit interrompre la mastication du jeune affamé, qui haussant les épaules, laissa échapper sans aucune retenu, un énorme sourire coloré.
Quelques instants plus tard, Pierre étant en ville, Mathieu se mit en tête, en signe de remerciement de faire ce que jamais il n'avait fait ces lui, le ménage.
Lavant la vaisselle, essuyant les meubles de leurs poussières et tandis qu'il donnait un dernier coup de balai, il fut arrêté par un bruit derrière la porte, celle-ci s'ouvrant il fut immédiatement soulagé.
– A ces vous !...
Et referment la porte derrière lui.
– Bien sûr que c'est moi, qui voulais-tu que se sois d'autre... mais qu'est ce que tu fais avec le balais en main ?
Et dissimulant celui-ci derrière son dos.
– Rien du tout je…je donnais un petit coup parterre...
Ayant mis son sac de marchandise sur la table.
– Mais il ne fallait pas !... Et sortant un pantalon et une veste du sac... Tient essaye-les et dit moi s'ils te vont ?... Ce fut donc timidement que Mathieu se mit a essayer les présents... Parfait ! mais il manque un petit quelque chose...
Mathieu ne trouvai rien à redire, s'étant regardé de tous côtés il jugea même que tout lui allait parfaitement.
Certes, la chemise était peut-être trop grande, mais l'ampleur de celle-ci, donnait à Mathieu un certain charme en laissant apparaître sur sa poitrine d'enfant, le médaillon tant chéri.
Lorsque Pierre, remettant les mains dans sont cabas, en sorti une paire de soulier.
Immédiatement, Mathieu baissa les yeux en direction de ces pieds dénudé.
Relevant timidement la tête, il alla chercher les yeux larmoyant, les soulier tendu par son bienfaiteur.
Sans rien dire, Mathieu les enfila, puis enserrant pierre par le coup, d'une petite voix vibrante laissa échappé un humble.
– Merci...
Gêner par ce geste, Pierre le repoussa délicatement.
– Oh là !... calme-toi !... Je n'ai rien fait de spéciale, les tiens étaient franchement en mauvais état et de toute façon, cela ne m'a rien coûté...
Quelque instant plus tard, rangeant le reste des courses dans l'armoire, Pierre expliqua à Mathieu qu'il avait fait une rencontre en ville.
– A propos, j'ai rencontré quelqu'un qui m'a dit que Joseph avait un frère, je lui ai donc demandé de bien vouloir le faire prévenir.
Ce qui fit sursauté Mathieu et l'air dégoutté, s'exclama.
– Le balafré !?
– Tu le connais ?
– Oui et non ! pa-Joseph m'en avais parlé une fois et il disait que c'était un vaurien et d'autres mots que j' n'ai pas compris... Le faisant asseoir sur un banc face a lui, Pierre s'efforça d'expliquer a Mathieu de ce méfier des apparences et des rumeurs.
– Ecoute Mathieu, c'est peut-être pas un saint, mais c'est tout de même le semblant de famille qu'il te reste et puis qui sait, il a peut-être un bon fond cet homme-là.
– Un bon quoi ?
– Gentil ! Mais je croyais qu'il s'appelait Antoine !?
– Oui, mais Pa-Joseph l'appelais comme ça, à cause de la cicatrice qu'il a eu pendant la guerre de trente-quatre à Paris.
– Tu veux dire le soulèvement !?
– C'est pareil !.... non ?
– Bien sûr que non ! tu vois une guerre, c'est un combat entre deux armées ennemies ou sinon deux groupes différents, tendis qu'un soulèvement, c'est.... des gens qui ne son pas d'accord avec les gens qui les gouverne...... mais pourquoi je te dis ça, tu l'as appris à l'école !... Mais voyant l'air gêné de Mathieu... tu as déjà été à l'école au moins ?
Sur cette question Mathieu fit le jeune ignorant
– Eh.... non, jamais !
Froncent les sourcils.
– Tu sais quand même lire ?
Et devenant rouge de honte.
– C'est que...
– Ce n'est pas grave ! un jour si j'ai le temps je t'apprendrais a lire et a écrire, d'accord ?
Mathieu répondit d’un haussement d’épaule, qui voulait signifier un oui peut enthousiasment.
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CHAPITRE IV
L'ONCLE
Afin de changer de conversation, Pierre proposa une balade à son protégé.
– Ca te dirait d'aller faire une ballade ?
Se préparant à ouvrir la porte, Pierre remarqua le visage de Mathieu s'assombrir.
– On peut aller voir ma maison ?
Se rapprochant de Mathieu, Pierre le prit par l'épaule et d'une voix compatissante.
– Je ne crois pas !
Baissant la tête, Mathieu se retourna, faisant ainsi dos à son nouvel ami afin que celui-ci ne voie pas ses yeux se remplir de larmes.
Et d'une voix gorgée de chagrin.
– Pourquoi ?
– Il est encore trop tôt, dans une semaine.... Peut-être !
Et c'est les yeux tristes que Mathieu contourna son hôte afin de sortir de la maison, puis se retournant en direction de Pierre il s'exclama d'une voix presque gaie.
– Alors on la fait cette balade ?
C'est ainsi que les deux nouveaux amis prirent la route, tandis que Pierre se disait en lui-même :
– Quel courage il a ! Un moment il est triste à pleurer et l'instant d’après il est gai comme un pinson, vraiment quel courage il a !...
Mais au fond de lui Pierre savait que Mathieu pouvait craquer à n'importe quel instant, mais la véritable question qui le hantait, c’était de savoir s'il serrait là pour l'aider, si toutefois il en était capable.
Ce fut après quelques kilomètres de marche silencieuse, que Mathieu, venant de prendre la main réconfortante de Pierre, tel un fils prenant la main de son père, sortit de son silence.
– Qu'est que vous faites comme métier ?
La réponse de celui-ci ne fut pas celle attendue.
– Je ne t'ai pas déjà dis que tu pouvais me dire tu ?!
Cette réflexion mal venue, fit à Mathieu immédiatement lâcher la main de son interlocuteur et fronçant les sourcils, répondit :
– Oui...... mais....
Voyant la gêne qu'il venait de provoquer, Pierre essaya de rattraper le coup en prenant à son tour la main du jeune garçon.
– Je travaille pour.... Enfin, je suis agriculteur sur les terres du Duc !
Etonné, Mathieu demanda :
– Le Duc ?! Vous connaissez le........, je voulais dire, eh !....., tu le connais ?
– Oui, enfin non ! Je connais plutôt son fils !.... A propos ça te dirait que je te raconte une belle histoire d'amour ?
Et tout en marchant, Mathieu lui lâchant la main se mit devant lui, marchant à reculons.
– Une vraie histoire qui finit bien ?
– Tu verras ! Mais allons d'abord nous asseoir !... Ayant quitté le chemin, ils allèrent en direction d'un arbre qui se trouvait non loin de là et s'adossant à celui-ci, faisant face à un château, Pierre débuta son histoire....
– Bon par où vais-je commencer !?.... Mathieu qui s'était assis près de lui, jambes croisées, les mains sous celles-ci, buvait chaque mot de l'histoire, en admiration devant ce conteur d'un jour.... C'est donc ainsi que le fils du Duc rencontra cette jeune fille, belle comme une déesse et dont la splendeur de ses cheveux blonds éclairait la fraîcheur de son splendide visage...
– Aussi blonde que moi ?
– Oui, aussi blonde que toi ! Et si je me souviens, je crois qu'elle devait avoir seize ans,... mais si tu commence à m'interrompre comme ça, je ne pourrais pas finir l'histoire !... Sur ces mots, Mathieu rentra sa tête dans les épaules, en signe d'excuses;...
– Bon ! où en étais-je déjà ?
– Une déesse blonde comme les blés !
– A oui ! L'ayant rencontré il en tomba tout de suite amoureux fou et voulut l'épouser, mais le Duc, qui ne voulait pas de ce mariage, fit enrôler son fils dans la marine sous peine de le déshériter...
– Mais comme l'amour est toujours plus fort, ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants !
– Non, malheureusement ! Ils se marièrent, ça oui, mais n'eurent pas d'enfants...
– Mais, pourquoi ?
– Laisse moi finir et tu sauras !... Donc, contraint par son père à s'engager dans la marine, il dût envoyer son épouse, à qui il s’était marié secrètement, chez sa tante à Paris avant de partir dans les îles, mais ce qu'il ne savait pas encore, c'est que sa bien aimée, attendait un enfant de leur amour et quand il revint neuf mois plus tard et qu'il apprit la nouvelle, il s'empressa de la faire revenir immédiatement...
– Ils eurent donc un enfant ?
– Oui, mais malheureusement personne ne sait ce qui est arrivé à l’enfant ni ce qui s'est passé en cours de route, on la retrouva errant dans la ville, ne sachant où aller et ayant perdue la mémoire de ce qui s’était passé durant cette journée, depuis ce temps-là, elle ne parle presque plus et reste cloîtrée chez elle, comme si la vie l'avait quittée. Parfois on la voit se promener toute triste, pensant à son enfant perdu, marchant dans les jardins du château, celui que tu vois là-bas...
Tournant la tête en direction de Mathieu, il le vit sangloter, la tête dans les genoux... mais qu'est ce que tu as Mathieu ?
– Ca ne va pas ?... Mais Mathieu restait silencieux et afin de le consoler, Pierre lui caressa affectueusement les cheveux...
– Tu penses à Joseph, c'est ça ?... Ne t'inquiète pas, pleures si tu en as envie, après tu te sentiras mieux...
Pierre avait longuement pensé à cet instant où Mathieu craquerait et ce moment était venu, il se trouvait démuni, ne sachant que faire, si ce n'est de se lever et de partir à quelques pas, afin de rester seul, seul avec son chagrin et ses souvenirs.
Durant un long moment, Pierre n'osa pas regarder Mathieu et quand enfin il se décida à se retourner, il sentit la petite main de Mathieu se glisser dans sa main droite, là il comprit que le silence était de mise et qu'il était temps de reprendre le chemin de la maison.
Au bout de quelques jours, Mathieu semblait s’être remis de la tragédie qui l'avait frappé.
Pierre, quant à lui, prenait vraiment à cœur d'avoir ce jeune garçon avec lui, en quelques jours, celui-ci avait donné vie à sa demeure et cela lui faisait appréhender le moment où il devrait partir.
Quelques semaines plus tard, par un beau jour de juin.
Pierre venant de terminer la préparation du déjeuner, appela Mathieu.
– Mathieu dépêche toi, on passe à table !... Ayant mis les couvert sur la table, ne voyant pas celui-ci arriver, il sorti de la maison, afin de voir où était passé le garnement... MATHIEU...MATHIEU !
Et sortant de derrière la maison.
– Oui, oui j'arrive !
A cet instant, Pierre le fit arrêter net et le regardant des pieds à la tête.
– Mais où étais-tu passé ?... non ne me dit rien ! Tu t'amusais encore avec les petits de la truie !....Bon, viens par ici et lave-toi les mains !... Et faisant un bond en arrière... SURTOUT NE ME TOUCHES PAS, compris ?
S'étant lavé les mains dans un sceau qui se trouvait à l'extérieur, Mathieu qui venait de rentrer dans la maison, s'empressa de montrer celles-ci à Pierre.
– C'est bon, je peux m'asseoir ?
Pierre l'ayant servi, il alla s'asseoir à son tour.
– J'ai une question à te poser !... si par hasard ton Oncle ne se manifestait pas...
– Comment ça ? demanda Mathieu la bouche pleine.
–Comme tu le sais, cela fait déjà quelques semaines, que j'ai fait prévenir ton Oncle et si par hasard il ne venait pas ?
– S'étant arrêté de manger, Mathieu resta accroché aux lèvres de Pierre... Ca te dirait de rester vivre avec moi ?
L'air soulagé et à la fois satisfait :
– Oh oui alors !
– Bien sûr s'il ne vient pas !
– Bien sûr !
Se remettant à manger.
– Bon ! Dépêches-toi de finir ton repas ! On doit encore s'occuper du champ à l'est du château, puis après, si on a le temps, je t'apprendrais à lire et a écrire !... d'accord ?
Heureux, Mathieu répliqua
– Pourquoi pas !
Cette réponse, fit éclater de rire les deux amis.
Quelques heures plus tard, au milieu du champ, nous pouvions voir les deux compères, l'un conduisant chevaux et charrue, l'autre, Mathieu, enlevant les pierres trop grosses pour le passage de la charrue.
– Alors Mathieu, ça te plaît le métier d'agriculteur ?
Essuyant la sueur du revers de sa manche, Mathieu rétorqua :
– Oui, mais c'est fatiguant et ca donne chaud !
– Je te dirais bien de retirer ta chemise, mais tu risquerais d'attraper un mauvais coup de soleil.
Mathieu haussant les épaules, enleva tout de même sa chemise.
– Il fait trop chaud et elle est trempée.
– Je veux bien que tu l'enlèves, mais vu que tu as la peau blanche, il faudra la remettre bientôt.
Mathieu acquiesça d'un signe de tête.
Aux alentours de seize heures.
– Mathieu, stop ! On arrête là pour aujourd'hui, tu détaches les chevaux et on rentre.
Plus tard à la maison.
Pierre qui s'était assis dehors à prendre l'air, attendait Mathieu.
– Alors, ça y est ! Tu as bien bichonné les chevaux ?
Mathieu qui s’apprêtait à franchir le pas de la porte, stoppa net.
– Bicho quoi ?
– Nettoyé les chevaux avec la brosse !
– A ça ! Oui bien sûr.
S'étant levé, Pierre prenant Mathieu par l'épaule, l'entraîna dans la maison.
– Aller on rentre ! Je t'ai promis de t'apprendre à lire et à écrire, eh bien il est temps de commencer... Mathieu s'étant installé à table, Pierre lui offrit une pomme, quand tout à coup, quelqu'un frappa à la porte... Tiens c'est bizarre, je n'attends pourtant personne aujourd'hui !
Tandis que Pierre alla ouvrir, Mathieu sentit sa gorge se serrer, comme s'il devinait que quelque chose de tragique ou de mauvais allait se passer.
– Bonjour ! Je suis bien chez monsieur Pierre ?
Une ombre venait d'apparaître à la porte.
– Oui ! Que puis-je pour vous ?
– Puis-je entrer ? Je viens de loin et je voudrais bien me reposer un peu.
Sans rien dire, Pierre fit entrer cet étranger, lorsqu'une main sortant de l'ombre se tendit en direction de Pierre.
– Bonjour !... Ayant pris la main de celui-ci pour la serrer l'ombre s'éclaircit, laissant apparaître un visage qui fit couper le souffle et fit frémir Mathieu dans tout son être... Je m'appelle Antoine et vous m'attendiez je crois !?
Refermant la porte derrière lui, Pierre plissa les sourcils.
– Je vous en prie, asseyez-vous !... Excusez-moi, mais nous ne vous attendions plus.
S'étant assis sans aucune retenue.
– Je sais ! Mais j'avais tellement de choses à faire que j'ai tardé un peu, vous savez ce que c'est et puis vu que j'avais des affaires à régler dans la région, j'en ai profité pour venir voir mon cher neveu !... Alors, c'est lui le loupiot, Math s'est ça !?
Demanda-t-il en regardant dans la direction de l'enfant.
Pierre, l'air attristé.
– Mathieu, oui c'est lui !.......Mais excusez mon indiscrétion, que comptez-vous faire de votre neveu ?
Antoine, ayant scruté la maison, vit sur la table une bouteille de vin et ayant prit un verre qui se trouvait près de celle-ci, se prépara à se verser du vin.
– Puis-je me servir ? La route m'a desséchée la gorge...
Mais avant que celui-ci eût pris la bouteille, Pierre s'en saisit le premier.
– Vous ne m'avez toujours pas répondu !... Que comptez-vous faire de Mathieu ?
Et comme si que cette question le gênait.
– Belle maison que vous avez là !
Pierre déboucha tout de même la bouteille.
– Mathieu s'il te plaît, vas dans ta chambre, nous avons à parler ton oncle et moi !... Puis versant le vin.... Vous comptez l'emmener quand ?
Ayant bu son verre, Antoine tendit celui-ci afin qu'un deuxième lui soit versé.
– Le plus rapidement possible ! Si bien sûr cela, ne vous dérange pas !.... Vidant son verre il s'essuya du revers de la manche.... Et puis arrivé à Paris, je le mettrais dans une école.
Puis plaçant la main sur son estomac, il se mit à roter, ce qui répugna Pierre.
– Veuillez m'excuser ! Je dois aller préparer Mathieu.
A peine était-il rentré dans la chambre, que Mathieu se jeta à son cou.
– Je veux rester avec toi !.... je ne veux pas aller avec lui...
Le repoussant doucement, ils allèrent s'asseoir sur le lit et faisant face à Mathieu lui dit :
– Ecoutes !... Tu sais que si je le pouvais, je te garderais avec moi, mais c'est ton oncle...
Et les yeux se remplissant de tristesse, une larme coula sur la joue de Mathieu.
– je m'en fous !.... je veux rester ici,... avec toi !
Le regardant avec bonté, Pierre lui prit les mains et la voix tremblante :
– Je voudrais bien, mais je ne peux pas !......... Un jour......Un jour tu comprendras....
Mais il ne put finir sa phrase, Mathieu qui venait de se lever, tournait le dos à Pierre.
Et les yeux ruisselant de larmes, la voix submergée de tristesse.
– Excusez-moi ! Mais je dois préparer mes affaires.
En silence, Pierre se leva à son tour et cherchant un hypothétique regard de Mathieu, et lentement sortit de la pièce le cœur serré.
Quelques instants plus tard, Pierre vint chercher Mathieu.
– Tu es prêt ?... En silence, toujours le dos tourné à Pierre, celui-ci prit son baluchon.... Ecoute, je sais que tu m'en veux, mais comprends moi, je ne peux faire autrement... puis d'ailleurs, il m'a dit qu'il te mettrait dans une école...
Soudain Mathieu lui fit face.
– On y va !?
Sortant de la chambre, le pauvre Pierre ne réussit pas à croiser un seul regard de celui pour qui il avait de l'affection.
– Ca y est il.... il est prêt !
Se levant de table, l'oncle Antoine posant la main sur l'épaule de son neveu, sentit celui-ci esquiver sa main.
– Allez, dis lui au revoir.
Se retournant vers Pierre, Mathieu, tel un homme, lui serra la main et sans un mot, sortit de la maison.
Mais ayant fait quelques pas il se retourna en direction de Pierre et le voyant sur le pas de la porte, se mit à courir dans sa direction et là, se jeta à son cou.
A cet instant, Mathieu laissa échapper d'une petite voix remplie de tristesse et d'amour, un tendre :
– Pardon....
Pierre ne put retenir ses larmes le serra fortement contre lui puis le reposant à terre, se mit à genoux, tout en le réajustant.
– A bientôt Mathieu..... Fais bien attention à toi ! Et retirant de sa poche un mouchoir, essuya le visage rempli de larmes de l'ami qu'il ne reverrait sans doute plus jamais.... Dès que tu auras appris à lire, écris-moi...
Soudain, l'oncle s'exclama.
– Bon, allez dépêches-toi Math, on a encore beaucoup de route à faire avant la nuit.
Quelques instants plus tard, l'on pouvait voir dans le coucher du soleil, deux ombres marcher, l'une devant l'autre, la plus petite, derrière.
Message edité par son auteur le 20/12/2009 10H32