Pour me distraire pendant mon voyage, Ba m’a passé une publication intéressante de Luc Beaufort, paléontologiste au Centre européen de recherche des géosciences et environnement. Il démontre que les coccolithes (algues unicellulaires microscopiques produisant des plaquettes calcaires) avaient évolués au cours des 2,8 millions d’années en suivant le rythme des variations d’excentricité de l’orbite terrestre. L’astronome Serbe, Milankovitch, en avait fait le calcul et les géologues avaient confirmé par l’observation, l’enregistrement dans les roches sédimentaires des cycles orbitaux.
Les coccolithes appartiennent aux phytoplanctons et s’accumulent au fond des océans depuis plus de 200 millions d’années et participent presque exclusivement à la formation de la craie, pouvant donner des épaisseurs considérables comme à Etretat en Normandie.
En utilisant des techniques informatiques récentes, il a pu analyser la forme de plus de 7 millions de coccolithes en remarquant que leur forme a varié régulièrement durant les 2,8 millions d’années. Ils ont évolué de manière périodique avec des phases de plus ou moins grandes variétés d’espèces, tous les 100000ans et 400000 ans.
Ces périodes correspondent aux variations de l’excentricité de l’orbite terrestre mises en évidence par Milankovitch.
https://www.etre-naturiste.com/forum-naturiste/climat-il-y-a-urgence-18266-41.html
Or, on sait depuis une cinquantaine d’années que les paramètres astronomiques ont une action sur l’insolation de la Terre et par conséquent sur les variations climatiques. Certes, la variation de l’orbite de la Terre sont faibles pour influencer l’insolation, mais augmente ou diminue le contraste des saisons, tout en supposant que le flux solaire reste constant ce qui n’est pas exact. (Mais là, on touche aux cycles du Soleil).
Les évolutions des saisons sont contrôlées par deux phénomènes beaucoup plus déterminants pour les dérèglements climatiques :
- La précession des équinoxes avec une période de 20000ans, (axe de la Terre qui décrit pendant cette période un cône comme celui d’une toupie)
- Les variations d’obliquité de l’axe terrestre, variation de l’angle de rotation qui varie de 1.3° en 41000 ans.
Ces cycles courts ne semblent pas impacter l’évolution des coccolithes. Pour Luc Beaufort, la période est trop courte pour qu’il y ait une adaptation biologique répondant à une modification du climat.
Jusqu’à présent, les spécialistes paléoécologues, n’expliquaient pas comment lier les variations d’excentricité de l’orbite terrestre et la teneur en CO2 de l’atmosphère, dont l’abondance fluctue au même rythme à l’échelle de 100000 ans, voire 400000 ans.
https://www.etre-naturiste.com/forum-naturiste/climat-il-y-a-urgence-18266-42.html
Pour Luc Beaufort, les coccolithes et autres nannoconus font ce lien. Leurs têts sont formés de calcaire, c’est-à-dire de CaCO3, donc en partie de carbone associé au calcium. Des variations de production de cette usine à carbonate marine, que sont les coccolithes, ont, pour lui, un impact sur le CO2 contenu dans l’atmosphère.
Luc Beaufort conclu, par analogie avec l’apparition de l’oxygène dans l’atmosphère par le développement des stromatolites pendant le Précambrien, que les modifications biologiques des coccolithes auraient affecté le cycle du carbone et par conséquent le climat sur des périodes de 100000 ans.
Mais on peut aussi imaginer que les variations de l’excentricité de l’orbite terrestre, influence l’abondance du CO2 dans l’atmosphère, qui elle favorise l’augmentation de production de CaCO3 et les variations morphologiques des coccolithes.
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