Posté le : 09/03/2009 18H32
à charge et à décharge comme toujours :
A l'occasion du 49e anniversaire du soulèvement anti-chinois de Lhassa en 1959, ont eu lieu des manifestations tibétaines, toujours dans la capitale Lhassa. Que nous en ont dit les médias ? En gros que, les journalistes n'étaient pas autorisé à entrer, qu'ils n'avaient pas d'images, mais que la répression chinoise était extrêmement violente. Pourtant, les touristes sur place étaient quasiment unanimes : il ne s'agissait pas de manifestations non-violentes mais bel et bien d'émeutiers pillards armés de cocktails molotov et autres armes blanches qui s'en sont pris directement aux commerçants chinois. Plusieurs chinois ont été lynchés, ou brulés vifs dans l'incendie de leur commerce dans lesquels ils s'étaient retranchés. Plus d'une dizaine de Chinois ont ainsi été tués. Bref, une émeute ouvertement raciste. On est bien loin d'une manifestation non-violente pour l'indépendance du Tibet comme on nous a présenté la chose! En outre, la plupart des photos de répressions policières contre des moines que nous avons pu voir dans la presse au dessus des légendes dans le style "violente répression chinoise au Tibet" étaient en faite des photos issues de manifestations au Népal ou en Inde.
Aussi, alors que ces émeutes violentes se poursuivaient, le Dalai Lama a déclaré lors d'une conférence de presse que « les événements au Tibet échappent à son contrôle et qu’il est prêt à démissionner si les violences se poursuivent ». Et c'est bien des violences tibétaines dont leur chef politique et spirituel parlait, pas uniquement des répressions policières chinoises. Evidemment, aucun média n'a jugé bon de le préciser.
Mais peu importe, la communauté internationale réclame des enquêtes internationales sur ces manifestations et somme la Chine d'accepter la venue d'inspecteurs des droits de l'Homme. Ces injonctions, bien mal venues, étaient dès le départ vouées à l'échec. Mais là était le but recherché : pouvoir salir le gouvernement Chinois en l'accusant de ne pas respecter les droits de l'Homme au Tibet. Faut-il pourtant rappeler que le Droit international stipule que « chaque pays a le droit d’utiliser la force contre des mouvements d’indépendance qui vise à la division du dit pays » ? Imaginez-vous pareille situation si les Corses se mettaient à lapider les Français en plein Ajaccio, où si les Basques faisaient de mêmes avec les commerçants espagnols. Qui oserait dire à Sarkozy ou à Zapatero qu'ils foulent aux pieds les droits de l'Homme en envoyant les CRS restaurer le calme ? Personne évidemment. La vérité c'est que ni les USA, ni l'Europe ne voient d'un bon oeil la montée en puissance de la Chine sur la scène internationale. Dès lors tout est bon pour contrecarrer cette ascension et destabiliser "l'usine du monde".
On peut reprocher beaucoup de choses aux Chinois en matière des droits de l'Homme, mais certainement pas de mater avec une certaine force des émeutes violentes à caractère raciste.
pour remettre un peu plus les pendules à l'heure je pourrai ajouter ceci :
- on ne peut pas parler "d'occupation chinoise" puisqu'aucun pays n'a reconnu le Tibet indépendant, territoire qui autrefois appartenait aux Mongols (13e siècle) puis aux Mandchous (18e siècle), lesquels avaient tout deux envahis la Chine et fait du Tibet une des provinces de leur nouvelle conquête, donc de la Chine. Il faut retourner au 9e siècle pour voir un Tibet indépendant, ça fait un peu loin vous trouvez pas pour réclamer une indépendance "de droit".
- l'indépendance tibétaine a été soutenue dès le début par la CIA (qui continue a financer le gouvernement tibétain), non pas par philantropie pour le Tibet mais uniquement pour faire rempart à leur bête noir : le communisme. On pouvait lire dans un rapport de l’Office des Affaires Etrangères des E-U en avril 49 : « Le Tibet devient stratégiquement et idéologiquement important. Puisque l’indépendance du Tibet peut servir la lutte contre le communisme, il est de notre intérêt de le reconnaître comme indépendant (…) Toutefois, ce n’est pas le Tibet qui nous intéresse, c’est l’attitude que nous devons adopter vis-à-vis de la Chine ». Pour obtenir l'indépendance du Tibet il fallait obtenir le soutient du reste du monde et donc lancer une campagne de propagande médiatique pro Tibet.
- la machine de propagande a alors présenté le Tibet comme un paradis sur Terre respirant l'amour et la paix que le cruel rouge chinois avait envahi. Tableau idylique mais très loin de la réalité. Le Tibet, avant l'arrivée chinoise, était une théocratie féodale divisée en 3 classes sociales. La classe supérieure comportait les " Bouddhas vivant ", les nobles et les hauts fonctionnaires d'État. La classe inférieure comportait les "serfs" et les esclaves. La classe supérieur avait le droit de vie ou de mort sur la classe inférieure. Les serfs et les esclaves recevaient souvent des chatiments corporels en cas "d'offense" à une classe supérieure. Quant à la plupart des terres et des richesses, elles appartenaient ... aux moines et au Dalai Lama. On peut dire que la présence chinoise a mis fin à cette féodalité, apporté la modernité.
- toujours en matière de propagande, on nous a vendu l'histoire d'un génocide tibétain avec 1,2 million de mort lors du soulèvement des années 50. Or une récente consultation des archives du gouvernement tibétain en exil par Patrick French - ancien responsable de Free Tibet - montre que ces chiffres sont totalement faux. Il conviendrait plutot de parler de quelques dizaines de milliers de morts lors d'une guerre civile. Des morts il y en aura encore certes, mais notamment à cause des famines causées par le "grand bon en avant", lesquelles toucheront aussi la Chine. Il n'y a donc pas lieu de parler de génocide. Il est également intéressant de préciser que la règle de l'enfant unique ne s'applique pas aux tibétains, seulement aux Chinois du Tibet.
- après avoir parlé de génocide ethnique, on nous a parlé de génocide culturel. Or, dire que la culture et la religion sont opprimées ou détruites est exagéré car il existe des instituts de tibétologie pour les jeunes tibétains. Des monastères ont bien été détruits lors de la révolution culturelle, lancée également en Chine, qui visait à éradiquer les valeurs traditionnelles jugées obsolètes. Cette opération table rase ne visait donc pas que le Tibet. La culture tibétaine n'est pas assassinée, elle est plutot étouffée par la culture chinoise étant donné qu'il y a de plus en plus de Chinois au Tibet ... c'est bien différent.
Cela n'exonère bien sur pas les Chinois d'avoir usé d'une répression forte (parfois trop) contre des soulèvements indépendantistes, notamment en 1989, mais voila qui rééquilibre un peu la vision que les médias nous donnent de la situation.
Je citerai, en conclusion, une phrase de René Backman, journaliste au Nouvel Observateur, spécialiste de l’Asie et du Proche-Orient : D’approximation en simplification, l’incompétence ajoutant à la manipulation, les médias ont fini par oublier leurs repères et laisser la communication, insidieusement, se substituer à l’information. Quant au Tibet, il serait bon que l’information remplisse enfin son rôle d’aide à la compréhension plutôt que de nous entraîner, en utilisant des moyens contestables, dans des réactions émotionnelles, certes porteuses d’audience, mais sans lendemain.
il fallait le savoir
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