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"Coraline & Pierre". Episode 2.

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Gençay Gençay
Posté le : 30/11/2009 18H49
wahouuuuu un vrai film , suis impatiente de voir la suite de Coraline & Pierre.....
vraiment trop beau.....
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autre autre
Posté le : 01/12/2009 09H31
[coucou]
Courage! C'est presque fini! [mdr]

Épisode 13
-Bienvenue à Villa Luna, me dit Cora en se tournant vers moi. Ma prison!, ajoute-t' elle.
Une dame d'un certain âge, mais encore très « verte », nous attend, debout sur le perron. Elle est entièrement nue...
Je regarde Coraline, surpris. Celle-ci a un petit geste de la main, semblant voir dire: ce n'est rien!
-Vous arrivez un peu tôt, dit-elle, en me tendant la main et en embrassant affectueusement Coraline, sur les deux joues. Entrez, entrez! Mettez-vous à l'aise...
-Pierre, voici Maria, la directrice de ce centre, me présente Cora.
-Maria... Pierre, mon seul et unique amour, continue-t' elle, en me regardant, les yeux brillants.
-Coraline vous a dit où vous vous trouviez, n'est-ce-pas?, me demande Maria.
-Heu... Je, Oui!
-Alors, vous savez ce que veut dire se mettre à l'aise, ici.
-Mais, heu, je.... Je croyais que seule les filles étaient admises ici et qu' elles seules seulement devaient..., dis-je, intimidé malgré moi.
-C'est tout-à-fait vrai, jeune homme! Vous n'avez normalement rien à faire ici... Mais ce que Coraline a vécu et surmonté mérite que je fasse quelques entorses aux sacro-saintes règles. Je vous demande seulement de me promettre de ne jamais parler de ce que vous allez voir ici..., dit-elle, d'un ton sentencieux.
Coraline est déjà dans la tenue locale de Villa Luna et après une fraction de seconde d' hésitation, je me plie à la coutume.
-Viens, je vais te faire visiter, dit Cora.
-Mais, heu... Les... Les pensionnaires..., dis-je, vaguement inquiet, malgré tout.
-Elles sont prévenues d' une visite spéciale aujourd'hui, dit Maria. Elles ne sont pas obligées de sortir de leurs chambres, si elle ne le souhaitent pas. Bonne promenade, mes enfants.
-Heu... Cora? Pourquoi Maria a-t' elle dit que nous arrivions un peu tôt?, demande-je.
-No sé! Elle m'a juste téléphoné à l'hôtel pour nous inviter aujourd'hui. Elle voulait faire ta connaissance...
Nous flânons, enlacés, dans le vaste parc, sous un ciel bleu intense, et le « chant » assourdissant des grillons.
Cora a une anecdote pour chaque endroit précis...
-Je n'aurai jamais imaginé, même dans mes rêves les plus fous, de me retrouver ici, avec toi, me dit-elle.
-Tu ne peux pas savoir ce que ces lieux paradisiaques, dit-elle, en désignant de la main l'espace autour de nous, ont été un enfer pour moi.
-Du moins, à mon arrivée, achève-t' elle, songeuse.
Moi, je l'imagine sans peine; petite fille sans défense, seule, nue, abandonnée, privée de tout contact avec sa famille et enceinte de surcroît!
-C'est fini tout cela, mon ange,dis-je en la serrant plus fort contre moi. Je suis là, maintenant...et je ne suis pas prêt de te lâcher!

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Elle se tourne vers moi et demande, d'une toute petite voix:
-C'est vrai, ce mensonge?
Je lui clos la bouche d'un baiser:
-Malheur à qui oserai en douter, dis-je simplement.
Nos pas nous ramènent vers le bâtiment principal:
-Attend-moi deux minutes ici, dit-elle. Je vais voir si nous ne dérangeons personne en visitant mon ancienne chambre...
Elle s'éloigne vivement, en direction de trois terrasses dallées, attenantes à la maison. Elle frappe à la porte-fenêtre du milieu, discute un court moment avec une silhouette et me fait signe de la main: je peux aller la rejoindre.
-Voilà... C'est ici que j'habitais. Rien n'a changé, fait-elle, soudain rêveuse.
-Je te présente Olivia, dit-elle encore, en me désignant une jeune fille qui doit avoir une quinzaine d'années au plus et qui, manifestement, est enceinte de plus de six mois. Elle seulement vêtue d'un soutien-gorge!
-Olivia... Pierre.
-Enchantée, me répond-elle, comme si nous étions dans une réunion mondaine.
J'imagine la tête d'un éventuel témoin de la scène: Nous sommes là, à poil, à discuter comme si de rien n'était. J'en fais part, à haute voix, aux deux filles et nous éclatons de rire.
Notre visite se poursuit. Cora m'entraine vers un bloc carré, à quelques centaines de mètres.
-Là-bas, me dit-elle, en désignant ce bloc du doigt, c'est la maternité.
-C'est là que..., et sa voix se brise sur un sanglot.
Je la serre fort contre moi, sans dire un mot. Nous restons un bon moment immobiles et enlacés, avant que Cora ne m'entraine vers le corps principal de l'énorme maison.
Nous entrons dans le vaste hall où Maria semble nous attendre.
-Venez, mes enfants, dit-elle. Ma surprise est prête... Suivez-moi!
J'interroge Cora du regard qui me répond par une mimique d'ignorance...
Nous pénétrons dans une vaste salle. Au fond, sur une petite estrade, est posé une grande table, ornée d'une nappe blanche.
Partout sont disposés d'énormes bouquet de fleurs, blanches, elles aussi.
Des chaises, une vingtaine au total, sont placées en demi-cercle devant la petite estrade. Entre le demi-cercle et la table, deux autres chaises, un peu plus hautes que les autres...
-Installez-vous sur les deux sièges, devant l'estrade, dit Maria.
Nous obéissons et nous asseyons.
A peine sommes-nous assis que jaillit de deux haut-parleurs, dissimulés sous la nappe de la table, une musique que je reconnais immédiatement comme la marche nuptiale de Mendhelson.
Cora et moi nous regardons, stupéfiés!
Au même moment, par la porte qui nous a permis d'entrer, arrivent tout le personnel de Villa Luna: Sophie, la gynécologue, Joëlle et toutes les infirmières, toutes les monitrices... Elles sont suivies par les quinze pensionnaires que comptent Villa Luna en ce moment.
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Tandis que le personnel prend place sur l'estrade, derrière la table, les filles, elles, vont s' asseoir sur les chaises placées derrière Coraline et Pierre.
Maria prend place derrière la table... Sophie s'en va arrêter la musique...
-Coraline, ma chérie, commence solennellement Maria, c'est ici, à Villa Luna, que ton histoire d'amour avec Pierre a été brutalement stoppée... J'ai donc pensé qu'il était normal qu' ici même, elle se renoue...
-Pierre et Coraline, levez-vous, s'il-vous-plaît...
Nous nous exécutons, attendant la suite...
-Coraline, accepte-tu de prendre pour époux Pierre Delcampe, ici présent?
Coraline, qui pleure à chaudes larmes, parvient à articuler, d'une voix claire et haute:
-Oui!
-Et toi Pierre: Accepte-tu de prendre pour épouse Coraline de Jarvaux d'Arbois, ici présente pour épouse?
-Oui, oui et oui!
-Je ne suis pas sourde, jeune homme, dit Maria, en riant. Un seul « oui » m'aurait suffit!
-Joëlle?
Celle-ci s'approche de nous, porteuse d'un petit coussin de satin blanc. Dessus sont posés deux anneaux d'or...
-Vous pouvez vous échanger les anneaux, continue Maria.
Coraline s'empare du plus grand et me le passe à l'annulaire gauche: il me va parfaitement! Je prend le second et le passe au doigt de ma Cora tant aimée...
-Pierre et Coraline, bien que je n'ai aucun pouvoir légal en dehors de Villa Luna, je vous déclare unis par les liens du mariage. Pierre, tu peux embrasser ta femme, achève-t' elle.
-Dorénavant, quoiqu'il arrive, ici, vous ne serez plus connus que sous le nom de Monsieur et Madame Delcampe, dit encore Maria.
Bien sûr, nous savons que ce mariage n'a aucune valeur légale, Coraline et moi...
Mais il n'empêche... Nous sommes émus comme si c'était notre vrai mariage et pendant que l'assemblée lance des « vive la mariée », nous nous approchons de Maria:
-Merci! Du fond du cœur, merci, lui dis-je, avant de l'embrasser sur les deux joues.
Coraline est trop émue pour parler, elle serre Maria contre elle, sans rien dire.
Si on nous avait dit, il y a treize ans, qu' un jour nous nous marierions, même si pas tout-à-fait légalement, nus comme des vers de terre sous les acclamations d'une assistance aussi nue que nous...
Cette journée pour le moins spéciale s'achève vers trois heures du matin, quand nous prenons congé de la folle équipe de Villa Luna, non sans leurs avoir promis que nous reviendrions, un jour où l'autre!
Nous avons regagnés El Arenal sous la pleine lune, en nous arrêtant à chaque points de vue... La tête de Coraline n'a jamais quitté mon épaule, sauf quand nous nous embrassions passionnément. C'est moi qui ai conduit la GTI, pour le retour; je ne suis pas complètement fou, si ce n'est fou amoureux d'elle!

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A dater du jour de notre « mariage », les jours ont filés à une vitesse folle...
Demain nous serons le 12 juin; je dois déjà rentrer...
Etrangement, Coraline n'a pas l'air de s'en émouvoir...
Crânement, je fais celui qui ne remarque rien, et pourtant j'appréhende le moment de notre séparation.
-Je ne prépare pas ta valise, a-t' elle dit. Le peu de bagages que tu as emmené peut rester ici, jusqu'à ta prochaine visite, non?
Nous passons notre dernière nuit ensembles et, quand le réveil sonne, à quatre du matin, elle me dit:
-J'irai te conduire moi-même: inutile d'appeler un taxi!
-Non, lui dis-je, je vais me conduire moi-même, avec ta voiture, cela d'accord...
Mais toi, me conduire... Plus jamais!
-Sot!, dit-elle en riant. Enfin, tu conduiras... puisque tu y tiens tant!
L'avion, à destination de Bruxelles, étant prévu pour un décollage à huit heure, nous arrivons à l'aéroport vers cinq heure quarante cinq. Deux bonnes heures à l'avance, comme précisé sur mon billet, bien que je n'ai pas de bagages à enregistrer.
-Je gare la voiture et j'arrive, me dit Coraline, en me prenant les clefs des mains.
Je reste seul, devant les portes de l'aéroport. Je n'ai pas envie de m'en aller...
Coraline me manque déjà!
Elle revient des parkings et je la regarde arriver, de sa démarche un peu dansante.
Comme elle est belle...
Elle est vêtue d'un petit tailleur gris, très strict, comme il sied à une directrice.
-Hé bien, allons-y!, dit-elle, presque joyeuse.
Je ne comprend pas son attitude: elle a l'air contente de me laisser partir, alors que moi...
Nous arrivons aux comptoirs d'embarquement:
-Donne-moi ton billet, m'intime-t' elle, sûre d'elle.
C'est vrai que c'est une pro du tourisme, me dis-je.
Elle farfouille dans son sac et en sort... un second billet!
-Qu'est-ce que..., commençai-je.
-Quoi? Oh, cela? Un billet d'avion, comme tu le vois! Je ne te l'ai pas dit?, demande-t' elle innocemment, ses yeux verts pétillants de malice.
-Tu ne m'as pas dit quoi?
-Que je me suis arrangée pour prendre trois mois de congés et que je pars avec toi! Je ne te l'ai pas dit? Cela a du me sortir de la tête!, fait-elle, ingénue.
Je n'ose encore croire à ce que j'entends...
-Trois mois? Tu as trois mois de congé?, que je bafouille.
-Oui, enfin presque. Je dois revenir ici une fois ou deux, mais dans l'ensemble..., j'ai bien trois mois!
-Mais, comment?
-Dis, qui est la directrice, à ton avis? Qui décide? Quant à mes patrons, ils m' ont immédiatement donné le feu vert: je n'ai jamais pris de congés jusqu'à maintenant.
Du moment que je supervise de loin, ils sont d'accords!

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-Tu m'as encore eu! Je croyais que... Je ne peux pas en dire plus: ses lèvres se sont écrasées sur les miennes!... ce qui, vous en conviendrez, est plutôt gênant pour parler, non?
Je profite du moment où elle va chercher un peu lecture, a-t' elle dit, pour donner un coup de téléphone.
Pourvu qu'ils soient déjà éveillés,me dis-je, en constatant qu'il n'est que sept heures du matin.
-Allo, papa? Tu peux me rendre un service?...
-Oui, à la reception du Sheralton, en face de l'aérogare, niveau « départs », achevai-je, la voyant revenir. Cela ira, tu crois? Oui, à dix heure, c'est cela! Merci, à tout-à-l'heure...
Moi aussi, je sais faire des surprises, ma chérie...
A sept heure vingt, nous embarquons dans l'avion, à huit, nous décollons et à neuf cinquante, nous nous posons sur le tarmac de Zaventem-Airport, autrement nommé Brussels-Airport, après un vol sans histoire. Nous n'avons aucun bagage, hormis le sac de voyages de Coraline et nous ne mettons que vingt minutes pour sortir du bâtiment.
-A mon tour de te faire une surprise, ma chérie! Viens avec moi!
Nous montons au niveau des « départs », traversons l'esplanade et entrons dans l'hôtel Sheralton.
Coraline observe les alentours, en professionnelle.
Quelques mots au concierge, et nous en ressortons, main dans la main, par la porte menant au parking.
Elle est bien là, juste devant nous, comme convenu avec mon père... qui la ramenée depuis Pont.
-Pierre, dit Coraline, interdite. Regarde!... On dirait... On dirait ta voiture!
-Ma voiture? Tu veux dire... notre voiture, non?
-Tu vois, mon cœur, dis-je. La boucle est bouclée... Tu as disparu un soir de décembre 1995, en sortant de cette voiture et je te ramène chez toi, chez nous, un matin de juin 2008, avec la même voiture! La période noire est finie, définitivement enterrée...
Nous avons toute la vie devant nous pour l'oublier...
Nous nous installons à bord et démarrons. Direction: Braine-l'Alleud!
Comme autrefois, quand nous nous rendions « chez nous », dans la cabane de
Sart-au-leu, Coraline a posé la main sur ma cuisse...
Cette fois-ci, nous rentrons vraiment chez nous: il n'y aura pas d'arrêt chez de Jarvaux d'Arbois!


Cédric n'est pas à prendre avec des pincettes, ce matin.
En arrivant, sur le seuil de porte du bureau, il a trouvé une vingtaine de gros étrons, soigneusement écrasés. Hier, c'était sur les pompes à essence; avant hier, devant les portes de l'atelier...
Certainement des gosses qui s'amusent, pense-t' il. Mais moi, j'en ai marre!

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Heureusement, Pierre rentre ce matin. Je n'aurai plus à faire l'ouverture!
A ce moment précis, la petite Renault cinq rouge s'engage sur la piste, devant les pompes à essence.
Aussitôt, toute la mauvaise humeur de Cédric s'envole.
-Coraline... C'est bien toi? Après si longtemps... Je ne croyais pas te revoir un jour!
Et l'autre, là, non plus!, dit Cédric, en me désignant du pouce et en claquant deux bises sonores sur les joues de Cora.
-Enfin, on va avoir la paix! Il ne nous bassinera plus avec Coraline par-ci, Coraline par là..., continue-t' il en riant. Vous avez faits bon voyage, vous deux?
-D' abord bonjour, mécréant, fais-je faussement fâché. Ensuite, je n'ai jamais « bassiné » comme tu dis, personne avec des Coraline par-ci et des Coraline par-là!
-C'est vrai! Mais tu y pensais tellement fort que je pouvais t'entendre! Mais... que vois-je? Le viking s'est fait couper les cheveux? Nous avons « Monsieur Propre » à sa place? C'est à toi que l'on doit ce miracle, Cora?
-Ah non!, répond-elle. Quand on s'est retrouvé, il était déjà comme cela! Il a été autrement?
-Autrement? Il avait des cheveux jusque là, fait-il, avec un geste de la main juste au raz de ses épaules. Et une barbe, je te dis pas!
-Il devait être beau!, fait Coraline, avec une moue qui en dit long.
-Bouge pas, fait Cédric. Je vais te montrer, tu vas pouvoir juger par toi-même!
Et il disparaît en courant vers le bureau. Deux minutes plus tard, il en ressort, tenant à la main un cadre avec une photo, me représentant le jour de la signature du contrat avec Aixam.
-Regarde!, fait Cédric, hilare.
-Tu me paieras cela, fais-je, avant d'éclater de rire, en même temps que Cora.
-Cela fait du bien de te retrouver, Cédric, fais-je plus sérieusement. Tiens, si je n'avais pas trouver Cora... tu m'aurais presque manqué!
-Presque, seulement?
-Tu vois?, dis-je à Coraline. En théorie, c'est moi le patron, ici! Mes ouvriers sont censés me traiter avec déférence et respect. Au lieu de cela..., tu as entendu comment il me parle, lui! Et tu ne connais pas encore Jean-Marc, à Pont! C'est encore pire!
-C'est possible, cela?, demande Cédric, le plus sérieusement du monde.
-Hélas, oui!, fais-je.A part cela, tout va bien ici?
-Dans l'ensemble, oui! Mais j'ai quand même un léger problème dont nous
parlerons quand tu auras plus de temps. Je suppose que tu brûles d'envie de montrer à ta moitié son nouveau domaine...
-Tu supposes juste, dis-je, en m'éloignant vers la maison, Coraline serrée contre moi.


Nous sommes rentrés depuis trois jours et j'ai repris mon rôle de patron, au sein de mes entreprises.
En examinant mon courrier de ce dernier mois, je suis tombé sur « Le boursicoteur », petit journal mensuel destiné à ceux qui jouent en bourse.
A suivre
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Posté le : 02/12/2009 12H42
[coucou]


Épisode 14
J'ai complètement oublié que je suis membre de ce canard. Il y est indiqué que les « industries de Jarvaux » ouvrent leur capital.
Il m'est venu une petite idée et j'ai immédiatement chargé Bruno, mon comptable et ami de s'en occuper. On verra ce que cela donne...
Dans la foulée, j'en ai une autre d'idée... Je n'ai pas oublier de Jarvaux et ce qu'il nous a fait subir. Je ne sais pas encore comment, mais je sais qu'il le payera... d'une manière ou d'une autre!
Mais avant de l'attaquer, me suis-je dis, je dois connaître les points faibles mon adversaire...
J'ai donc farfouillé dans l'annuaire téléphonique de ma zone et y ai trouvé le numéro de « Falcon Agency », une agence de détectives privés... Je leur ai commandé une petite enquête dont j'attends les résultats d'un jour à l'autre...


Coraline et moi vivons sur notre petit nuage rose, amoureux à en rendre jaloux Cupidon lui-même! Je lui ai demandé, sans avoir l'air d'y toucher, si elle serait, un jour, intéressée par un poste de PDG et elle a rit:
-Le seul poste de PDG que j'accepterai, c'est celui des industries de Jarvaux, dit-elle.
Rien que pour pouvoir flanquer dehors son PDG actuel à grands coups de pieds au cul!
Cela m'a conforté dans ma petite idée... même si je ne vois pas comment la réaliser actuellement. Un miracle, un jour peut-être...
Cédric m'a raconté les petits méfaits survenus en mon absence.
Après en avoir discuté ensemble un petit moment, nous sommes tombés d'accord: Il s'agit certainement d'une bande de gosses désœuvrés, en mal d'aventures. J'ai décrété qu' il n'y avait pas de quoi en fouetter un chat, d'autant que depuis mon retour, il ne s'est plus rien passé.
Il fait beau et chaud, les affaires marchent toujours aussi fort... La vie est belle!
Samedi, nous nous rendons à Pont-du-Roy. Coraline a tant insisté que je l'ai laissée prendre le volant du cabrio. Elle sait conduire normalement, quand elle le veut!
Nous roulons tranquilles, les cheveux dans le vent. Surtout Cora, car moi, avec ma coupe en brosse...
-C'est incroyable, mon chéri, me fait-elle. Il y a seulement deux mois d' ici, j'étais persuadée de ne jamais te revoir et aujourd'hui...
-La vie nous fait parfois de belles surprises, philosophais-je. Même si parfois, elle nous joue de bien vilain tour!
Mes parents nous accueillent avec chaleur. Ils veulent tout connaître de l'histoire de Coraline et elle se soumet de bonne grâce à leurs questions.
-Tout de même, ma chérie dit ma mère. Te faire vivre toute nue..., comme un animal!
-Oh, on s'y habitue, la rassure Cora. Surtout quand il n'y a personne d'autre habillé!
Sa voix se brise un peu quand elle aborde le chapitre de notre fille disparue...
Mes parents sont suspendus à ses lèvres.

77
Elle se reprend bien vite et continue crânement son récit, qu' elle achève par nos retrouvailles, sur la plage.
Elle passe sous silence l'épisode de notre « mariage » pour le moins spécial, jugeant sans doute que mes parents avaient assez entendus parler de nudité comme cela!
Me souvenant d'une chose importante, je monte dans la chambre que j'occupe d'habitude chez eux quand je dois rester à Pont.
-J'arrive, dis-je simplement.
Lorsque j' en reviens, je pose devant Cora une petite photo un peu jaunie, où subsiste
quelques traces de boue que je n'ai jamais réussi à enlever complètement.
Elle représente une petite fille, de quatre ou cinq ans, qui serre contre elle un ours en peluche...
-C'est un trésor inestimable pour moi, dis-je à Cora. C'est tout ce que j'ai eu de toi, pendant toutes ces années...
Elle fond en larmes, sans rien dire... et je la console comme je peux, sous le regard attendri de mes parents.
L'après-midi, je vais lui faire découvrir mon autre garage. Il est, bien sûr, fermé, comme tous les samedis, mais la petite épicerie, que j'y ai ajoutée il y a quelques années, et les pompes à essence sont ouvertes.
Anne-Marie, qui en a pris la gérance, en plus de son travail de secrétaire, est fidèle à son poste et nous accueille de son chaleureux sourire.
-Je suis enchantée de faire enfin votre connaissance, dit-elle à Coraline. Pierre m'a si souvent parler de vous!
Surtout un certain soir, quand je t'ai appelée Coraline, pensai-je.
-Je te comprend, Pierre, continue-t' elle, si doucement que moi seul l'entend. Bonne chance!
Elle me sourit à nouveau et, sans plus s'occuper de nous, va servir un client qui a posé ses achats sur le tapis de la caisse.
Je l'emmène ensuite à la cabane, notre « chez nous ». Depuis ma dernière visite, la végétation a encore progressé. Nous retrouvons un certain arbre, celui-là même où un couteau a gravé dans l'écorce: « Coraline et Pierre. 17 août 1995 ».
Moment d'intense émotion. Nous nous embrassons tendrement.
Là, sur la mousse, en cette fin d'après-midi de juin 2008, nous nous rejouons la même scène qu' en août 1995!
Nous la jouons même plusieurs fois de suite, pour être bien sûr qu'elle soit parfaite!
Un détail technique imprévu nous oblige à retourner à Braine ce même soir: j' ai simplement oublié que mon lit, à Pont, n'est prévu que pour une personne...


A minuit, ce même soir, trois adolescentes, presque encore des petites filles, se rejoignent, juchées sur leurs vélos, au bout de l' avenue des Pruniers bleus, à Waterloo.
-Vous avez le matériel, les filles?, demande la plus grande aux deux autres.
-Nous sommes parées, font-elles, d'une même voix, en désignant les sacoches qui pendent de part et d'autres de leurs montures.
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-Allons-y! Et elles se mettent à pédaler en direction de Braine-l'Alleud.
Arrivées devant les « Ateliers de Pierre », les trois complices posent leurs machines dans le coin le plus sombre de la petite ruelle qui longe le bâtiment. La plus grande sort des sacoches de son vélo trois imperméables noirs, ultra-légers, munis de capuchon.
-Mettez cela, dit-elle, en enfilant le sien pardessus ses vêtements.
Moins de trois minutes plus tard, des silhouettes noires, presque invisibles, s'affairent à une mystérieuse besogne, devant la porte de l' atelier.
Soudain, une des filles, qui surveillait la rue, chuchote: Alerte!
Aussitôt, laissant tout tomber, les silhouettes s' égayent comme une volée de moineaux en direction de la ruelle, juste au moment où le cabriolet crème de Pierre s'engage sur l'esplanade des pompes à essence.
Deux minutes plus tard, trois innocentes jeunes filles à vélo s'éloignent sans se presser, vers Waterloo. Ne serait-ce l'heure indue, cette scène serait tout-à-fait banale...


Nous arrivons à la maison vers deux heures du matin. Je me dirige vers l'atelier pour y rentrer la voiture quand, dans la lumière de mes phares, je vois clairement trois silhouettes s'enfuir.
Les murs et la porte de l'atelier s' ornent des superbes tags:
-Salo! Tu va payé! Salopar, on t'ora!, disent les plus gentils.
Le tout est ponctué de multiples larges traits multicolores...
Hé bien , vous savez quoi? Cela ne me fait pas rire du tout!
D'autant que Cora et moi n'avions pas vraiment envisagés de finir la journée, ou du moins de commencer notre dimanche, par un nettoyage de graffitis.
Cette saloperie de peinture s'est infiltrée dans le ciment de la façade, en plus.
Rien à faire, je vais être obligé de repeindre une partie du mur blanc, pensai-je.


Peu avant l'avenue des Pruniers bleus, les trois compères mettent pied à terre.
-Ouf, fait la plus grande. On a eu chaud, cette fois-ci!
-Tu l'as dit! J'ai bien cru qu'il allait nous voir... Je crois que l'on viendra plus avec toi la prochaine fois... Si maman l'apprend..., disent ensembles les deux plus petites.
-Je vous comprend, les filles. Je continuerai seule... Il doit payer!
Sur ces bonnes paroles, le trio se sépare. Dans le plus grand silence, avec des ruses de sioux sur le sentier de la guerre, les deux plus petites entrent au numéro 22, tandis que la dernière s'engage dans une longue allée privée, en face.


Lundi, quand Cédric arrive au matin, il nous trouve Cora et moi, occupés à étaler un latex blanc sur le mur, de part et d'autre de la porte de l'atelier.
-Vous avez décidés de changer de métier, tous les deux, lance-t' il en riant. Cela tombe bien , je cherche justement des peintres pour ma maison.
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-Ah? Parce-que tu crois vraiment que l'on s'amusent?, lui dis-je.
Je lui racontai alors notre retour de Pont et les trois silhouettes entre-aperçues...
-En tout cas, si j'avais un doute, je suis certain maintenant qu' il s'agit bien d'enfants ou de très jeunes ados, continuai-je. Vu leurs tailles... Ce que je me demande: c'est pourquoi ils viennent systématiquement ici. Aucun voisin ne s'est jamais plaint de dégradations chez lui...
A huit heure, quand le premier client arrive, hormis quelques traces plus claires sur les murs, plus rien ne subsiste de ces artistiques fresques.
Cora, qui s'est rendue compte, au hasard d'une balade, que l'hôtel « Les Grognards », à Waterloo, appartenait à la même chaine que le sien, à Mallorca, est partie y faire une petite visite de courtoisie, m'a-t' elle dit.
Moi, ma journée est tellement chargée que j' en ai oublié l'épisode des tags.
Cora rentre vers quatorze heure, excitée comme une puce:
-Tu sais quoi?, me dit-elle. Ils ont de gros soucis de gestion au « Grognards ».
J'ai téléphoné moi-même à Washington, chez le grand patron. Il était, bien sûr, au courant de ces problèmes.
Quand il a su que j'étais en Belgique, il m' a donné carte blanche pour les résoudre! Depuis une heure, je suis, en quelques sorte, la directrice générale intérimaire de l'hôtel... Et je continue à superviser le « Condor », bien entendu!
-Génial, m'exclamai-je, heureux pour elle. Pour fêter cela, je t'emmène ce soir au restaurant, chez Luigi, l'italien. Il a une cuisine épatante, tu verras!
Et nous reprenons chacun nos occupations: elle, à la maison, d'où elle gère le « Condor » via internet, moi, au bureau du garage où une montagne de paperasse en retard m'attend.
A seize trente, un certain Marcel Dupont, de la « Falcon Agency » m'annonce, par téléphone, son passage à la maison à dix-sept heure.
-Tu fermeras la boutique?, dis-je à Cédric, avant de rentrer chez moi.
-C'est comme si c'était fait! A demain!
Exactement à l'heure dite, Marcel Dupont pose son doigt sur le bouton de ma sonnette.
Je l'examine à la dérobée tandis qu'il pénètre dans le salon où Cora, en parfaite maitresse de maison, a déjà préparé quelques rafraîchissements sur un plateau.
Il a exactement le profil pour exercer ce métier, me dis-je. Il est quelconque, banal...
Entre quarante-cinq et soixante ans, taille moyenne, corpulence moyenne...
On peut le croiser en rue vingt fois sans même l'apercevoir...
A la question de Cora qui s'informe de ce qu'il veut boire, il répond, d'une voix douce: Un jus d'orange, s'il-vous-plaît.
Nous nous asseyons, lui dans un fauteuil, Cora et moi dans le canapé lui faisant face.
-Bien!, commence-t' il. Eh bien voilà ce que je sais déjà sur ma cible...
Il est issu d'une riche famille de Namur où il a habité jusqu'en 1994. Il a ensuite quitté Namur pour Pont-du-Roy, un petit village des Ardennes... qu' il a quitté subitement, avec femme et enfant, au tout début de 1996...
Coraline se lève, incapable de rester assise:
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-Je ne veux pas vous brusquer, dit-elle, mais cela, nous le savions déjà!
Sans se démonter, il continue, de la même voix douce...
-Il y a là déjà, un point qui m'échappe: Ma cible, à Pont-du-Roy, vit avec une femme et une jeune fille, d'après les voisins. Ils ne savent pas qui est cette jeune fille: ils ne se fréquentaient pas, en dehors des politesses de voisinage. Or, quand il arrive à Waterloo, il n'a plus qu'une femme... Pas de traces d'une quelconque jeune fille...
Coraline, qui s'est rassise, pâlit, mais ne dit rien.
-Deuxième point étrange, quelques mois après son arrivée à Waterloo, Madame accouche d'une petite fille, or: personne ne se rappelle, dans le quartier, l'avoir jamais vue enceinte... Enfin, c'est vrai que chez certaines personnes, une grossesse peut ne pas se remarquer... Je ne dis rien à ce sujet actuellement, mes collaborateurs enquêtent.
-Troisième point, et non des moindres, continue-t' il, ma cible est joueuse! Très joueuse... et depuis de nombreuses années, si j'en crois les registres du casino de Namur. Malheureusement pour elle, ma cible n' est pas chanceuse. Elle a perdu une fortune, en quelques années... En fait, je peux même dire que ma cible est, sur le plan personnel, totalement ruinée. Comme son grand train de vie ne diminue pas, je suppose qu'il puisse allègrement dans les caisses de son entreprise... Je ne serai pas autrement surpris de lire dans les journaux, dans un avenir plus ou moins proche, l'annonce d'une retentissante faillite...
Il laisse passer un blanc, boit un peu de son jus et continue:
-C'est d'autant plus dommage que son entreprise est parfaitement viable et rentable...
Les carnets de commande sont pleins...
-Je me demande comment il va s'en sortir, dit-il, comme pour lui-même.
-C'est tout ce que je sais, avec certitude, pour le moment, dit-il en se levant avant de prendre congé.
Au moment de sortir, il me dit encore:
-Je vous tiens au courant dès que j'ai du nouveau. A partir de maintenant, laissez votre GSM en fonction en permanence: je peux avoir besoin de vous contacter très vite, pour vérifier l'une ou l'autre données...
Quand Marcel Dupont est sorti, je demande à Cora:
-Pourquoi ne lui as-tu pas dit que la mystérieuse jeune fille, disparue entre Pont et Waterloo..., c'est toi?
-Je ne sais pas, dit-elle. Je crois que je n'avais pas envie de raconter mon histoire, une fois de plus. Et puis, il le découvrira certainement par lui-même...
Le détective et ses découvertes ne nous ont pas coupé l'appétit, et comme je le lui ai promis, j'emmène ma douce moitié manger chez Luigi.


Dans son bureau directorial, Hubert de Jarvaux est loin de sa superbe d'autant. Il se rend bien compte que sa passion du jeu l'amène, doucement mais sûrement, au fond du gouffre...


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Six ans maximum, se dit-il. Je dois encore tenir six ans et Caroline sera bonne à marier. Je n' aurai plus, alors, qu'à lui trouver un beau parti et je serai sorti d'affaire..., à nouveau riche!
Mais comment? Comment tenir encore si longtemps...
Ah! Si seulement cette... cette petite garce de Coraline avait fait ce pourquoi je l'avais programmée... Je n'en serais pas là!
En attendant, je dois trouver une solution...
Les banques ne veulent plus rien me prêter à titre personnel, la maison est hypothéquée et mes comptes sont vides.
Pourtant, je le sens bien: Je me refaire... La chance va tourner... Il suffit seulement de trouver quelques fonds à miser...
Il décroche son téléphone et appelle son courtier en bourse.


Je suis assis à mon bureau, en pleine commande de pièces, via internet, quand Bruno, mon comptable, me sonne:
-Tu ne croiras jamais ce qu'il se produit sur le marché boursier en ce moment même, me dit-il.
Je réfléchis un court instant et je lui lance:
-Achète! Tout ce que je peux me permettre, mais ne me découvres pas, quand même, lui précise-je. Tu mets tout au nom de Monsieur ADP.
Pas dix minutes plus tard, il me rappelle:
-C'est fait! Cela t' as coûté... et il cite un montant à plusieurs zéros, mais raisonnable, malgré tout, au vu de ce que cela peut me rapporter, plus tard!
Si je me plante, me dis-je, je n'ai plus qu'à aller jouer de la guitare sur les marches de l'église, à la sortie de la messe!
Etant donné que je n'ai jamais tenu de guitare dans les mains, j' ai tout intérêt à ce que cela marche...
En attendant, depuis dix minutes, un certain Monsieur ADP est à la tête des soixante quatre pour cent des actions de « de Jarvaux industries », qu' un anonyme a, bien imprudemment « bradées » sur le marché boursier.
Le soir même, je fais part à Coraline de mon petit investissement.
-Tu es devenu fou?, me dit-elle. Que veux-tu faire avec les industries de Jarvaux?
-Moi, ma chérie? Mais absolument rien! Tu oublies que je ne suis qu'un petit mécanicien inculte et illettré, comme te l'as si souvent répété ton père..., lui dis-je, un petit sourire ironique aux lèvres. Par contre, toi... Ne m'as-tu pas dit que tu accepterai une place de PDG?
-Et puis, ton cher papa a toujours dit qu'il voulait que tu lui succède un jour... Je l'aide juste un peu à réaliser son rêve...
-Tu es fou, me dit-elle.
-Uniquement de toi, mon cœur, uniquement de toi!
-Mais si cela ne marche pas, continuai-je...

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[coucou]
Avant dernier épisode...
Bientôt le dénouement... [icon_lol] [icon_lol] [icon_lol]

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Épisode 15
-Il ne se passerait rien de bien grave!, continue pour moi Coraline. J'ai un travail bien payé, suffisant que pour nous en vivions à deux et un appartement à Mallorca. Que risques-tu?
Elle n'a pas tort... Je ne risque que mon argent! Pas plus, pas moins!


Cela fait deux jours maintenant que, quand je vais faire l'ouverture du garage, je m'aperçois qu' un artiste anonyme a repeint les vitres de mes pompes à essences.
Hier, elles étaient d'un beau bleu azur... Aujourd'hui, elles sont vertes!... comme moi, mais moi, c'est de rage!
Suffit comme cela!, me dis-je. Je vais surveiller cela de près, désormais!
La nuit suivante, je suis bien décidé à trouver mon peintre anonyme! J'ai installé un fauteuil derrière la fenêtre, celle qui me donne une vue panoramique de mon entrée...
Je suis bien décidé à y veiller, toute la nuit, s'il le faut!
Hélas, à une heure du mat', mes paupières se font trop lourdes et je m'endors profondément.
Je suis réveillé à six heure, ce jeudi sept octobre 2008, par la sonnerie insistante de mon GSM.
Mal éveillé, je baragouine un vague 'Lo, ce qui n'a pas l'air de démonter mon interlocuteur:
-Ici Marcel Dupont, me dit-il. J'ai une nouvelle inouïe pour vous! Figurez-vous que, par un incroyable hasard, la fille d'un de mes enquêteurs est infirmière dans un hôpital, a Canne.
-Heu, oui! Qu'est-ce que j'ai à y voir?
-Il y a quelques jours, cet hôpital a été amené à s'occuper d'une certaine Marie-Odile Van Casteel, grièvement blessée dans un accident de la route, continue-t' il, sans tenir compte de mon interruption. Comme il s'agissait d' une belge, la direction de l'hôpital a jugé bon de la placer dans le service de cette infirmière belge, elle aussi, jugeant que ce serait bon pour le moral de la blessée de pouvoir discuter avec une compatriote.
-Cette Marie-Odile est décédée cette nuit, poursuit-il, des suites de ses blessures mais, avant de mourir, elle a voulu soulager sa conscience et lui a raconté une histoire abracadabrante. Comme il y était question d'un certain de Jarvaux et qu'elle avait entendu son père prononcer ce nom, elle lui a immédiatement téléphoné pour la lui raconter.
-C'est trop long à expliquer par téléphone, j'arrive... si cela ne vous dérange pas, achève-t' il.
-Préparez-vous à un choc, dit-il encore, avant de raccrocher.
Je range le GSM dans ma poche, pensif.
Je jette, distraitement, un coup d'œil par la fenêtre et mon sang ne fait qu'un tour: là, devant moi, une petite silhouette, toute de noir vêtue, est tranquillement en train, bombe de peinture à la main, d' arranger à son goût le côté pile de mes pompes. Orange fluo, cette fois!
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Je sors doucement, sans faire le moindre bruit, par l'arrière de la maison. Plié en deux pour rester dans la zone d'ombre, je parviens sur la piste... La silhouette s'attaque maintenant au côté face de mes malheureuses pompes... Elle me tourne le dos! Cinq mètres nous sépare, deux mètres... Je tend la main et saisis brutalement un poignet tout en hurlant:
-Alors, Picasso : On s'amuse?
L'artiste fait un saut de carpe et tente de s'enfuir...
-Tu peux toujours tirer, lui dis-je. Tu ne m'échapperas pas! Et je resserre ma prise sur son bras.
Mon peintre noctambule tente alors de me décocher des coups de pieds. Un coup porte et je ressens une violente douleur dans le tibia droit.
Cela, c'est la goutte qui fait déborder le vase... Je lève la main gauche et je lui décoche une gifle monumentale sur la joue... Je m'apprête à encaisser une riposte... et reste tout bête: mon scribouillard fond en larmes!
J'en suis tellement surpris que je relâche ma prise sur le bras...
Mon Van Gogh des tags ne tente pas un geste pour s'enfuir: il reste là, tête basse, à pleurer à chaudes larmes:
-Tu es vraiment méchant, dit-il, d'une toute petite voix, entre deux sanglots. Comme papy me l' a dit! Méchant, méchant, méchant! Mais je reviendrai, tu dois payer! Tu dois payer...
Ben celle-là: elle est forte! C'est chez moi que ce gamin a choisi d'exprimer ses talents d'artiste... et c'est moi le méchant?
-Ah,... parce-que tu comptes revenir, mon gars, lui dis-je. Nous allons voir ce qu' en pensera la police... Viens avec moi!
Je tire l'artiste par le bras, jusque dans l'entrée de ma maison:
-Cora? Coraaaa? Viens voir le drôle de poisson que je viens d'attraper!
La porte d'entrée est restée entre-ouverte, mais je m'en f... J'ai enfin attrapé mon tagueur.
Il n'en mène pas large, lui! Il pleure toujours et garde la tête basse sous le capuchon de son imperméable noir.
Quand Coraline pénètre dans la salon où je l'attend avec ma prise, elle est vêtue de son seul peignoir rose, celui que je lui ai offert à son arrivée chez nous.
-Que veux-tu que je fasse de ce truc?, m'avait-elle dit, à l' époque. Ma tenue de naissance me suffit amplement!
-Bah, pour moi aussi, ta tenue de naissance me suffit..., mais sait-on jamais. Il te sera peut-être utile un jour. Si nous devons recevoir un étranger...
Présentement, l'étranger que nous recevons, bien à contre-gré, lance des coups d'œil à droite et à gauche, de dessous son capuchon.
-Hé bien... Voyons à qui nous avons à faire, dit Cora, en rabattant brutalement le capuchon noir vers l'arrière.
Elle devient pâle comme un linge... et moi, j'en tombe assis de le fauteuil qui a eu la bonne idée de se trouver derrière moi: devant nous se trouve Caroline de Jarvaux d'Arbois!

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A quelques détails près, c'est la réplique exacte de Cora... en miniature!
Elle est un peu plus pâle et elle a les yeux bleu azur alors que Cora les a verts.
Elles se contemplent en silence, éberluées.
Coraline se reprend la première:
-Tu..., tu es bien Caroline de Jarvaux d'Arbois, n'est-ce pas?, dit-elle.
-Et alors?, fait crânement la petite fille. Cela te pose un problème?
-N..., non! Cela surprend... Tu as vu comme on se ressemble?
-On se ressemble pas, fait la petite, butée. Je vous connais pas et je veux pas connaître quelqu'un qui habite avec ce..., ce...!
Je sens tout doucement la colère monter... Malgré les efforts que je fais pour me contenir, j' explose:
-Ce quoi?, tonnai-je. Tu viens chez moi tout salir, dégonfler les pneus de mes voitures et tu oses encore faire des commentaires sur moi? Tu ne manques pas d'air, toi!
La petite sursaute à cet éclat de voix et se remet à sangloter...
Le cœur de Coraline fond, rien que de voir cette encore petite fille dans un corps trop grand pour elle, pleurer toute les larmes de son corps:
-Allons, viens t'asseoir à côté de moi, dit-elle, en la prenant par un bras et en l'entrainant vers le canapé du salon.
-Tu dois bien te douter que ce que tu as fait est mal. C'est normal que Monsieur soit fâché après toi, tu ne trouves pas?
La petite cesse brutalement de sangloter et relève la tête, dans une expression de défi.
Ses yeux sont passés du bleu azur au mauve sauvage, un peu comme un ciel d'orage...
Je dois faire un gros effort pour garder ma mine sévère et ne pas rire: cette expression...c'est la même que celle de Coraline quand elle est en colère!
-Je n'en ai pas encore fait assez, dit-elle. Il doit payer le mal qu'il a fait!
-Mais qu'est-ce que j'ai bien pu te faire? Je ne te connais même pas, sinon de vue, lui demandai-je.
-Vous le savez très bien! Je sais qui vous êtes! Je vous déteste!, dit encore mon barbouilleur de pompes à essence.
-Je ne dérange pas?, fait soudain une voix forte et douce, malgré tout.
Marcel Dupont, le détective...Je l'avais complètement oublié, celui-là!
-Vous m'excuserez, dit-il, mais la porte était ouverte...
-Ah? Je vois que vous avez fait connaissance, dit-il, en désignant d'un geste de la main la petite, qui, inconsciemment s'est rapprochée de Cora, à la recherche de protection.
-Connaissance, connaissance... C'est un bien grand mot, dis-je. Figurez-vous, Marcel, que cette jeune personne a jeté son dévolu sur mon garage pour y exercer ses talents de peintre du dimanche... entre autres!
-Vous ne savez donc rien?, dit-il. Ben non! Suis-je bête! Comment le pourriez-vous?
-Je vais vous raconter une histoire, commence-t' il. Bien entendu, je peux en prouver chaque élément...Installez-vous confortablement, cela va être, je le crains... assez long!
-Quand à toi, dit-il à ma barbouilleuse de façade, ouvre bien grandes tes oreilles: tu es une des premières concernées par cette histoire...
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-Moi, fait la fillette, incrédule, en ouvrant des yeux ronds.
-Oui, toi!
Nous sommes tous suspendus à ses lèvres;
-Vous n'auriez pas un petit café?, demande-t' il à Cora. Je n'ai pas eu le temps d'en prendre ce matin...
-Qui d'autre en veut, demande-t' elle. Pierre?
-Oui, volontiers, merci!
-Et toi, demande-t' elle à Caroline.
-J'aime pas le café, fait-elle, boudeuse.
-Je m'en doute un peu, continue Coraline, moi non plus! Mais je parie que... Elle n'achève pas sa phrase et disparaît en direction de la cuisine.
Quelques minutes plus tard, elle est de retour, porteuse d'un plateau sur lequel elle a disposé deux tasses, surmontées de filtres, deux autres d'où monte une légère fumée au fort parfum chocolaté, un petit pot de lait et un sucrier.
-Voilà, dit-elle simplement en posant le plateau sur la table basse du salon. Servez-vous!
Et elle pose une tasse de chocolat fumant devant la petite. Ses yeux changent encore de couleurs, devenant bleus électrique... mais bien vite, elle reprend son air boudeur.
Elle est bien gentille, mais si elle croit pouvoir m'acheter avec une tasse de chocolat, elle se trompe!,se dit-elle.
-Tout le monde est bien installés?, fait Marcel. Je commence, alors, fait-il.
-Il était une fois un homme riche, très riche, possédé par la passion du jeu! Il rêvait de fonder famille...Son rêve secret était d'avoir une fille... qu'il pourrait, un jour, marier avec un riche héritier, de préférence un peu demeuré, afin de pouvoir mettre la main sur la fortune de sa famille et augmenter la sienne, par la même occasion...
Pas de chance pour lui, sa fille, qui s'appelait -et s'appelle toujours- Coraline, ou plutôt...sa mise de départ est tombée raide amoureuse d'un petit ouvrier; un mécanicien, je crois, dit-il, en me regardant, avec un grand sourire.
-Mais cette partie de l'histoire, vous la connaissez déjà, non?
Cora, la petite et moi nous l'écoutons religieusement.
Je hoche la tête, dubitatif...
-Voilà-t'y pas que cette Coraline tombe enceinte des œuvres de ce petit mécano désargenté? Finis les grands projets, la belle affaire financière qu'il allait faire...
L'homme très riche pense alors qu'il doit éloigner, définitivement, sa très jolie fille -n'est-ce-pas, Madame- de sa vie, ne serait-ce que pour le « Qu' en dira-t 'on? »
Il est, dès lors, sans fille à marier... et donc: sans l'argent d'une future belle-famille.
Mais ses besoins d'argent augmentent, au fur et à mesure de sa passion dévorante...
Pourquoi il a envoyé sa fille dans un centre ultra-luxueux, à Palma de Majorque, au lieu de la flanquer dehors, sans autre forme de procès? Mystère!
Sans doute pour ne pas s'attirer les foudres de son épouse...
Cela lui a coûté une véritable fortune, mais en même temps, il a donné des instructions précises: Plus jamais il ne veut entendre parler de sa fille!
-L'histoire est toujours juste, jusque maintenant?, s'informe-t' il.

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La jeune Coraline va accoucher prochainement, mais, ma cible a imaginé un plan diabolique; il va faire croire à sa femme que leur fille est morte en couche...
Et ensuite, par un habile tour de passe-passe, il va récupérer l'enfant... avec la complicité d'une sage-femme déchue, Marie-Odile Van Casteel.
Celle-ci est particulièrement habile: sitôt l'accouchement terminé, elle parvient à tromper tout le monde, vous y compris,dit-il en regardant Coraline, disant que l'enfant est mort-né.
-Vous... Vous mentez!, fait soudain Caroline, en se levant. Papy m'a tout expliqué!
Coraline la rattrape par le bras:
-Assise, toi!, fait-elle assez sèchement.
La petite se rassied et n'ose plus un geste.
Du coup, ma cible a eu beau jeu de faire élever sa petite-fille par sa femme...
Il a le beau rôle: il a sauvé l'enfant de sa fille, morte en couche...
Son épouse lui en ai follement reconnaissante... Cela resserre leurs liens, qui laissaient un peu à désirer depuis qu'il a banni sa fille...
Maintenant, il peut préparer en douce un nouveau mariage d'intérêts... pour sa petite fille, cette fois!
- Ce n'est pas vrai, crie soudain la jeune fille, rouge de colère, assise à côté de Cora. Papy m'a raconté comment cet homme là, dit-elle en me désignant de la main, a séduit ma maman... Comment il l'a abandonnée, dès qu'il a su qu'elle m'attendait,et comment elle morte en me mettant au monde!
-Je sais très bien que cet homme est mon père, continue-t' elle, hors d'elle, mais je sais aussi combien il est mauvais! C'est pour cela que j'ai fait tout cela, pour le punir! Il a tué ma maman!
Je fais un saut de carpe depuis mon fauteuil et me retrouve debout devant la gamine:
-Qu' est-ce-que?..., Que viens-tu de dire?, demandai-je d'une voix blanche.
-Que vous avez tué ma maman, crie-t' elle, presque hystérique.
-Mais non! Avant...
-La stricte vérité, Monsieur Delcampe, répond Marcel à sa place. Cette jeune personne qui s'amuse à repeindre votre maison depuis quelques temps et que vous prenez pour la soeur de votre...,heu,.. de Coraline, est en réalité l'enfant disparue en mai 1996, à Mallorca! Votre fille, en un mot, achève-t' il.
Coraline et moi sommes KO debout. Caroline nous regarde, ébahie.
-Si vous en doutez encore, sachez que cette jeune personne porte, d'après cette Marie-Odile, au-dessus de la fesse gauche, une marque en forme...
-...de feuille de trèfle, je présume, dit Coraline. J' ai la même!
Nous en restons bouche bée...
-Maman, fait soudain Caroline. Maman! Et elle se jette dans les bras de Cora en sanglotant.
Cora n'est pas en reste, elle caresse doucement les cheveux de Caroline, sanglotant autant qu' elle!
Et pour faire bonne mesure, je m'y met aussi! J' entoure de mes bras les deux femmes de ma vie, incapable de dire un mot.

87
Coraline se reprend la première:
-Quel est le rôle de ma mère, dans cette histoire, demande-t' elle à Marcel.
-Votre maman est persuadée que vous êtes décédée en donnant la vie à votre fille, dit-il.
-On peut, peut-être, lui reprocher sa lâcheté, continue Marcel. Ou elle a réellement cru que la solution apportée par son mari était la meilleure, vu les circonstances...
Elle a quand même réussi, volontairement où non, à vous mettre à l'abri du besoin, au moins... A mon avis, elle a certainement été très malheureuse de vous avoir abandonnée, mais elle aime son Hubert et lui pardonne tout!
Une chose est néanmoins, certaine: dans l'enlèvement de votre bébé, elle n'a rien à voir...
-Mamy a toujours été très gentille avec moi, ma...man, dit la petite.
Maman! Elle a appelé Coraline Maman... Cela me fait tout drôle!
-Que va-t' on faire, maintenant?, demande Coraline.
-Je ne sais pas, avouai-je. Qu' en penses-tu, Caroline?
-J'aimerai bien rester avec vous deux maintenant que je vous ai. Que je sais ce qu'il s'est vraiment passé! Je ne veux plus vivre chez Papy, même si Mamy est très gentille...
-Pa...pa, maman!, fait la petite, en se serrant contre Coraline... et en me tendant la main. Ces simple mots valent à mes oreilles les plus belles musiques du monde...
J'ai le cœur qui bat à trois cent, au moins, quand je referme doucement ma main sur la sienne. La main de ma fille... Ma fille!
Coraline et Caroline rayonnent littéralement de bonheur: il émane d'elles comme une aura lumineuse..., un amour quasi palpable!
Serrés les uns contre les autres, nous flottons dans un cocon fait d'amour et de félicité... Il sera très difficile de nous en faire sortir, à partir de tout de suite!
C'est Marcel qui nous fait atterrir:
-Tout cela est bien beau, dit-il, mais vous oubliez un léger détail: légalement, c'est Monsieur Hubert de Jarvaux d'Arbois qui est le tuteur légal de cette demoiselle...
Il peut vous faire les pires ennuis si elle ne rentre pas chez lui!
-Très juste!, fais-je subitement d'excellente humeur. J'ai bien envie d'aller trouver tout de suite Monsieur de Jarvaux d'Arbois pour lui expliquer gentiment deux ou trois petites choses...
-Qui vient avec moi?
Marcel se lève:
-Je ne raterai cela pour rien au monde, dit-il. Il serait assez intéressant d'obtenir de ce Monsieur qu'il reconnaisse ses machinations... Qu'il signe simplement mon rapport d'enquête et rien, n'y personne, ne pourra jamais plus vous séparer, tous les trois...
-Il le signera, lui dis-je, sûr de moi! Il nous a volé treize années de vies...
Treize solides arguments à lui asséner, non?
Nous nous dirigeons déjà vers la porte quand je fais remarquer à Cora:
-Tu comptes vraiment aller rendre visite à ton cher papa... dans cette tenue?, lui demandai-je le plus sérieusement du monde.
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Gençay Gençay
Posté le : 03/12/2009 14H18
Palpitant ton récit Mallorca...... Je suis boulversée , je pense aussi que c'est ton histoire, que la fin sera la plus belle....
solange [coucou]
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autre autre
Posté le : 04/12/2009 12H36
[coucou]
Ben voilà!
C'est le dernier épisode....
C'est fini! Merci à vous toutes et tous qui avez eu la patience de me lire jusqu'ici!

Allez, c'est parti pour le denouement!

Épisode 16
Quelques dix minutes plus tard, Cora nous rejoint. Elle est vêtue de son strict tailleur gris, celui qu'elle porte quand elle dirige son hôtel. Elle s'est légèrement maquillée...
Elle fait très « femme d'affaires », comme cela!
Nous embarquons tous les quatre dans mon cabriolet... Direction, l'avenue des Pruniers bleus, à Waterloo.
Le portail est grand ouvert. Normal, il est neuf heure vingt et ce cher Hubert doit sûrement se préparer à se rendre au boulot.
Je gare la Mercédès sur l'esplanade, juste devant la porte d'entrée de la maison.
Je descend de voiture, suivi de Marcel. Je suis très calme.
Les deux filles restent assises, à l'arrière de la voiture. Elles sont invisibles depuis la maison...
Je suis quelqu'un de très poli. Je vais donc, très poliment, comme on me l'a appris, sonner à la porte.
Il se passe un petit moment et Hubert de Jarvaux d'Arbois, en personne, vient ouvrir.
Il nous regarde, Marcel et moi, d'un air étonné. Mon visage semble lui rappeler quelques chose...
-Qu'est-ce que vous voulez?, fait-il, méprisant, comme à son habitude.
C'est la prétention et la suffisance faites homme, ce type!
J'ai, d'un coup, un bloc de treize ans de rage qui me coule dans les veines...
Presque involontairement, ma main droite part pour une gifle monumentale sur sa joue de crapule:
-Celle-là, elle est pour ta fille, mon petit bonhomme, dis-je, toujours très calme.
Ma main gauche, qui s'ennuie un peu, part pour la même mission et atterri sur sa joue gauche:
-Celle-là, c'est pour la mienne!
-Et celle-ci, dis-je en redemandant un petit effort à main droite, elle est pour moi!
Hubert a reculé dans l'entrée de la maison, en se tenant les joues.
Il hurle:
-Dominique, appelle la police, vite! On nous attaque!
Dominique sort de la pièce, au fond de l'entrée:
-Que?
-La police, vite! Appelle...
-Mais que voilà une bonne idée, Monsieur de Jarvaux d'Arbois, fait la voix de Coraline, qui vient de pénétrer dans la maison, derrière moi, tenant notre fille par la main.
Il a l'air beaucoup moins fier, Hubert! Ses yeux sont exorbités, au milieu de ses joues rouges briques:
-Coraline!, lâche-t' il, d'une voix sourde.
-Coraline, hurle Dominique. Ce..., ce...n'... Elle porte la main à sa poitrine et s'affaisse sur le carrelage blanc, comme un pantin privé de ses ficelles.
Marcel se précipite et la rattrape au vol, avant qu'elle n'ait eu le temps de toucher terre.
Il l'assied dos au mur et essaie de la ranimer, par de petites tapes sur les joues.
89
Hubert s'aperçoit soudain de la présence de Caroline...
-Que fais-tu là, toi? Files dans ta chambre!
-Tsss, tsss. Hubert, enfin. Depuis quand ma fille devrait-elle t'obéir?
-Je ne vous autorise pas à me tutoyer, dit-il. Quand je donne un ordre, on obéit, c'est tout!
-Primo, mon cher Hubert, je te tutoies si j'en ai envie. Secundo, tu as perdu, Bebert, dis-je, choisissant volontairement les mots les plus rabaissant possibles.
-Perdu? Perdu quoi? Vous ne savez pas à qui vous parlez! Je suis Hubert de Jarvaux d'Arbois, PDG des industries du même nom et je...
-...ne suis plus rien du tout, maintenant!, achevais-je pour lui.
-Mais je manques à la plus infime des politesses, dis-je, en le fixant dans les yeux. Je ne me suis même pas présenté: Pierre Delcampe. Tu te souviens de moi?
-Pierre Delcampe? Ce nom ne me dit rien! Qui êtes-vous?
-Je suis le père de Caroline... La mémoire te revient?
Il pâlit:
-Le... le... père de... de..., bégaye-t' il.
-Hé oui! Son père! Tu vois, toutes tes machinations, tes coups bas... Tout cela n'a servi à rien! Notre amour a été plus fort que toi; il nous a réunis envers et contre toi!
-Je peux tout expliquer, essaie-t' il.
-Je serai curieuse d' entendre cela, dit Dominique qui a repris connaissance. Explique-moi comment ma fille décédée depuis 1996 peut, actuellement, se tenir à mes côtés et me raconter ce qui s'est réellement passé avec Caroline... Je t'écoute, continue-t' elle, glaciale.
-Venez, nous dit-elle encore. Allons nous asseoir... Voyons comment ce minable va s'en sortir, cette fois!
Hubert sursaute sous l'insulte:
-Je t' interdis de me traiter de minable, dit-il d'une voix menaçante.
-Vous n'avez plus rien à interdire à personne, de Jarvaux d'Arbois, lance Coraline, coupante comme une lame de rasoir.
-Toi, la traînée, tu fermes ta g....! Je suis encore ici chez moi et tu n' y es pas la bienvenue, je te le rappelle!, fais Hubert, en reprenant du poil de la bête, subitement.
Caroline n'en crois pas ses oreilles. Jamais son grand-père n'a utilisé de mots si grossiers jusqu'à aujourd'hui!
Coraline a blanchi sous l'affront:
-Cela fait un drôle d'effet de l'entendre parler comme cela, n'est-ce pas ma chérie, lui dit-elle. Cela m'a fait le même effet, à moi aussi, il y a quelques années... Il devient vulgaire quand la situation lui échappe...
Moi, je n'ai pas le temps de réfléchir... Il n'a pas encore fermé la bouche sur son dernier mot que ma main droite, encore elle, est partie toute seule, dans un aller-retour, qui l'atteint sur les lèvres. Un peu de sang pointe aux commissures de ses lèvres...
Personne ne fait un geste pour lui venir en aide.


90
-Monsieur Delcampe, allons! Un peu de tenue, dit Marcel. La plupart d'entre-nous ici, sommes des gens de bonne composition, dit-il sérieusement. Si vous expliquiez à ce bon Hubert la raison de notre visite?
-Vous avez raison, mon cher Maître, fais-je, très vieille France, avec un clin d'œil dans sa direction. Alors, voilà, mon bon Bébert...Le Monsieur, ici présent, va te faire signer quelques papiers...
C'est son rapport d'enquête, tu vois! Ah, oui! J'ai oublié de te dire: Monsieur est détective et ces papiers que tu vas nous signer sans faire d'histoires expliquent toutes tes magouilles...
-Jamais, fait Hubert. J'ai des avocats... Ils vont vous descendre en flammes...
-Voyez-vous cela? Bébert a des avocats... Dis-moi, mon petit Bébert, ce sont tes avocats ou ceux des industries de Jarvaux d'Arbois?
-Quelle différence cela fait? Je nierai tout en bloc. Je...
-Je te demande cela parce-que, si ce sont les avocats de ta société, ils ne seront plus d'aucune utilité..., vu que je viens à l'instant de te virer de ton poste de PDG!
Le regard d'Hubert fait le tour de l'assistance et puis, lentement, très lentement, il se met à rire, d'un rire qui monte crescendo:
-Me..., Me... virer de mon poste? Ha,ha, ha! Me... virer de mon...poste! C'est la plus drôle que j'ai jamais entendue, ha,ha,ha!, s'esclaffe-t' il.
-Je suis très content de voir que tu prends cela avec bonne humeur, dis-je, en riant de bon cœur avec lui.
Pensant qu'il a encore la main, il s'enhardit:
-Vous n'aurez jamais aucune preuve. Je ne reconnaîtrai jamais que j'ai fait enlever la fille de cette petite gourde, fit-il, en désignant Coraline. Jamais! Et vous n'aurez jamais Caroline, elle est à moi! J'ai des grands projets pour elle; elle va me rapporter gros comme sa mère aurait du le faire si elle n'était pas tombée amoureuse de toi!
-Bien merci de nous l'avouer, Monsieur de Jarvaux, dit Marcel en sortant un petit magnétophone de sa poche.
-Hé oui, vieux réflexe d'enquêteur. Toujours enregistrer les conversations... quand c'est possible, bien sûr! Je n'ai même plus besoin de votre signature, maintenant.
-Mon petit Bébert, continuai-je, un jour, un sale c..., prétentieux et imbu de lui-même, m'a dit quelque chose comme: Il me semble hautement improbable qu'un jour nous ayons pus garder les cochons ensembles... Je te retourne la phrase aujourd'hui et te prie, au nom de cette fameuse phrase, de ne pas me tutoyer! Tu as bien compris?
Hubert fulmine de rage.
-Bon, cette comédie a assez duré! Sortez de chez moi! J' appelle tout de suite mes avocats: vous allez entendre parler de moi, soyez-en sûrs!
-Ah là; je suis bien d'accord avec toi! La comédie a assez duré! Tu connais un certain Monsieur ADP, lui demandai-je, innocemment.
A ce nom, le sang d'Hubert s'est retiré de son visage. Blanc comme un linge, il tente encore un:
-Qui?
-Monsieur ADP. Celui qui a racheté d'un coup toutes les actions de ta société... Tu sais, celles que tu as sacrifiées sur l'hôtel des casinos...
91
-Je..., je ne comprends pas! Où voulez-vous en venir?
-Oh, à rien! Simplement, je peux te le présenter, si tu veux! Cora, vient ma chérie.
Voilà, mon petit Bébert! Tu as devant toi « Monsieur ADP », le nouveau PDG de « de Jarvaux industries »... Tu es content, hein? C'était ton rêve... Ta fille devait te succéder à la tête de tes entreprise... C'est bien cela que tu voulais, non?
Hubert est anéanti! Il a tout perdu... et il le sait!
C'est ce moment que choisit Dominique pour dire, simplement, sans énervement aucun:
-Dehors! Je ne veux jamais te revoir!
Hubert de Jarvaux d'Arbois se lève. Il a vieilli de vingt ans en quelques minutes. D'une démarche hésitante, il se dirige vers le buffet de la salle à manger et y prend les clefs de la Mercédès classe S qu'il s'est octroyée via sa société. Il va pour sortir de la pièce, chancelant presque.
-de Jarvaux! La voix de Coraline a claqué, comme un fouet.
Hubert se retourne et la fixe:
-Tu comptes aller où, avec ma voiture?, fait-elle, en tendant la main pour récupérer les clefs.
-Estimes-toi bien heureux si je te laisse ta chemise et ton pantalon... Moi, quand tu m'as abandonnée, je n'y ai même pas eu droit!, achève-t' elle.
Hubert, vaincu, sort de la maison et s'engage à pied, dans l'allée qui le conduira se faire pendre ailleurs.

Le lendemain matin, soit le huit octobre 2008, pour la première fois de ma vie, j'ai été confronté à une tâche que je ne suis pas prêt d'oublier.
-Papa, m'a dit ma fille. Comment je vais faire pour l'école, moi?
-École? Quoi, l'école?
-Ben, j'y étais pas hier... Qu'est-ce-que je dois dire comme excuse?
J'ai pris une belle feuille de papier et dessus, j'ai écrit de ma plus belle écriture:
-Madame,
-Veuillez, je vous prie, avoir la gentillesse de bien vouloir excuser ma fille Caroline pour son absence d'hier. Un extraordinaire conseil de famille, où sa présence était indispensable, l'a empêchée de suivre vos cours.
-En vous remerciant d'avance,
Et j'ai signé, fier comme Artaban:
Pierre Delcampe, son père!









92
Épilogue
Juin 2009.
Nous n'avons plus jamais entendu parler d'Hubert de Jarvaux d'Arbois.
Nous avons déménagés car la maison du garage, à Braine, est désormais occupée par Cédric, le nouveau gérant.
Nous habitons désormais avenue des Pruniers bleus, à Waterloo; Dominique de Jarvaux d'Arbois, bien que réconciliée avec sa fille, a voulu retourner vivre à Namur.
Je suis devenu PDG d' « ADP industries »: Coraline a préféré continué faire ce qu'elle a toujours voulu faire: l' hôtellerie!
Elle fait partie de la haute direction générale du groupe « Hollyday's Travel » dans lequel nous avons pris quelques parts d'intérêts au capital.
Elle s'occupe exclusivement du « Condor », à Palma, et des « Grognards », à Waterloo, effectuant régulièrement des allers/retours entre les deux établissements.
Caroline ne se plaint jamais quand nous l' « obligeons », sa maman et moi, à l' accompagner à Mallorca où nous avons acheté une maison...dans laquelle Cédric, Jean-Marc ou leurs familles sont invités permanents. Ils en ont les clefs et y vont quand bon leur semble!
Caroline séjourne souvent, volontairement elle, pendant les vacances scolaires, à « Villa Luna » , où elle ne compte que des amies, Maria la première.
Je dois même parfois « freiner » un peu Maria qui a trop tendance, à mon goût, à lui passer tout ses caprices...
J'ai donné les garages en gérance à Cédric et Jean-Marc, mes vieux potes: moi, je n'ai vraiment plus le temps de m'en occuper.
La vie de PDG est trop épuisante: toujours entre deux avions... ceux de Bruxelles et de Palma, en général!
Mes parents sont aux anges, ils ont ce qu'ils ont toujours voulus pendant mes années de célibat: une petite-fille à gâter. Ils n'en privent pas, d'ailleurs!
Cora et moi allons nous marier, le mois prochain. La fête aura lieu à Mallorca, bien entendu. Tous les protagonistes de cette histoire, sauf Hubert évidement, y sont invités...à mes frais. Cela promet une ambiance du tonnerre de Dieu!
Ah, oui: Vous allez rire; je suis le seul PDG qui s'obstine à se rendre au bureau dans une antique Renault cinq, rouge!


Fin
93

En espérant vous avoir distraits quelques peu,
Bien naturistement,
Loude/Mallorca.


Prochainement, "Le clochard", une nouvelle en dix pages... [clinoeil]
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Gençay Gençay
Posté le : 04/12/2009 13H44
Belle histoire qui finit bien [fleur]
Mais est-ce ton histoire????
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Uzès Uzès
Posté le : 04/12/2009 14H01
[coucou]


Suis en retard dans ma lecture !

merci [fleur]
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autre autre
Posté le : 04/12/2009 15H30
[coucou]
Pour te répondre, Solange...
Non, cette histoire ne m'est pas arrivée: elle est pure fiction!
Maintenant, d'un autre côté, oui, cette histoire est bien la mienne... dans le sens où je l'ai inventée de toute pièce!
J'ai toujours eu l'imagination fertile...mais c'est la toute première fois que je mets le fruit de cette imagination par écrit!
En tout cas, bien merci de m'avoir suivi.
A bientôt, pour une autre histoire... si on veut tjrs de moi sur le sîte, bien entendu. [lol] [lol] [lol]
(Je ne veux, en aucun cas, devenir le casse-c... pieds de service-qui-enquiquine-tt-le-monde-avec-ses-histoires)
Bon week-end, tout le monde!
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Uzès Uzès
Posté le : 06/12/2009 21H16
Mallorca a &eacute;crit : a écrit :
[coucou]
Pour te répondre, Solange...
Non, cette histoire ne m'est pas arrivée: elle est pure fiction!
Maintenant, d'un autre côté, oui, cette histoire est bien la mienne... dans le sens où je l'ai inventée de toute pièce!
J'ai toujours eu l'imagination fertile...mais c'est la toute première fois que je mets le fruit de cette imagination par écrit!
En tout cas, bien merci de m'avoir suivi.
A bientôt, pour une autre histoire... si on veut tjrs de moi sur le sîte, bien entendu. [lol] [lol] [lol]
(Je ne veux, en aucun cas, devenir le casse-c... pieds de service-qui-enquiquine-tt-le-monde-avec-ses-histoires)
Bon week-end, tout le monde!





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T 'inquiéte pas , les casses machins je leur dit! [clinoeil]
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Saint-Avold Saint-Avold
Posté le : 06/12/2009 21H33
Merci pour cette histoire!
Non, tu n'est pas casse-truc
continue!
Porte-toi bien nu
Robert
< 12
Dernière réponse de ditschRépondre