Voici donc la suite de l'histoire...Durandalem en l'an 801...
Les occupations des habitants
Nous sommes en hiver, le jeudi 9 février 801.
Marion Wasch, 31 ans, et Julie Wasch, 31 ans, sont les aubergistes actuels. Estelle, mon épouse, 67 ans, est toujours active derrière le comptoir, et notre fille Alison, 47 ans, s’occupe des clients attablés.
Dans l’auberge, en ce jour, il n’y a pas d’étranger, les chambres restent vides.
Une table est occupée par les jumeaux Joel et Gael Wasch, 52 ans, et par Aline Hair, 51 ans, la blanchisseuse du village, qui elle aussi attend des clients.
Personne ne se présente aux douches communales. Rares sont les gens du village qui y viennent, chaque maison et chaque appartement étant pourvus de tout le confort, douche et coin d’aisance. Joel n'attend donc plus que les clients extérieurs. Mais par ces temps de neige, rares sont les voyageurs en Austrasie !
À l’ancienne école, Chantal Iser, 64 ans, herboriste, assistée de Valérie Burg, 27 ans, herboriste également, cultivent toutes sortes de plantes. En particulier la fameuse trémulonde, dans une pièce qui reproduit les conditions de température, d’humidité, d’obscurité nécessaires à son développement et à ses propriétés uniques ! Même les reptiles de la grotte, les leevancliffus cornus, sont de la partie, délocalisés à l’école pour recréer l’écosystème adéquat, en attendant la repousse naturelle dans la grotte. En effet, à force d'être exploitée, la grotte de la colline nord, lieu d'origine de la trémulonde, est maintenant quasiment vidée de ses plantes.
Rappelons à nos lecteurs que c'est la trémulonde qui permet la transmission de pensée, ainsi que le vol en lévitation, avec l’aide de potions dont Jacou avait le secret, et dont il a transmis les recettes à Chantal, à Valérie, et à Marie Brett, le médecin du village.
Quant à la frigidaire, issue des marais, dont on extrait le gaz naturium, elle a permis la construction de chambres froides pour aliments et boissons, ce qui est bien utile en été.
Mais Chantal continue les expériences avec d’autres plantes. Même Jacou y participe encore parfois, cela a toujours été une passion pour lui.
Les jumelles Christine et Christel Martinet, 14 ans, avides de connaissances médicales et médicinales, suivent avec intérêt les cours de Chantal, de Jacou, et de Marie Brett.
Dehors, la neige s’est remise à tomber. Tout est blanc, à part le tas de charbon sur le dessus de la colline de charbon. qui sort petit à petit de la mine, sur une bande transporteuse, mue par un moteur à piston actionné par la vapeur.
Les mineurs sont des jeunes et robustes gaillards : Philippe Maigret, 31 ans, Fabrice Spohr, 29 ans, Louis Basin, 28 ans, Georges Basin, 28 ans, Roger Basin, 28 ans et Mikael Thiel, 32 ans, tous issus de familles de Durandalem et nés au village.
Ils alternent les chantiers. Une semaine ils extraient le charbon, et la semaine suivante le filon d’or, qui est encore prospère après plus de 30 ans d’exploitation. Les galeries du filon d’or parcourent plusieurs lieues sous terre vers l’ouest. Elles doivent être parvenues actuellement sous le village de Laudrefang !
Quant aux galeries de charbon, elle s’orientent plutôt au sud, mais les veines de charbon descendent. Il faut aller de plus en plus profond pour y accéder.
Le système de ventilation que j’ai conçu il y a trente ans fonctionne toujours. Ce sont les fondeurs, Charlotte Wilkinson, 27 ans, fondeuse, et Léon Wilkinson, 28 ans, agent d’entretien, qui ont la charge de vérifier le système.
La réserve d’or du village est conséquente ! Il a fallu creuser une nouvelle chambre forte derrière la banque, sous la colline nord, pour y stocker les milliers de lingots d’une pinte, soit 40 livres-or chacune. Axell Wilkinson, 53 ans, et Gabrielle Krier, 52 ans, s'en occupent depuis trente ans. Ce trésor de Durandalem met les habitants du village à l’abri du besoin pour bien des décennies encore !
De nombreuses créations en or, des bijoux de toutes sortes émanent de l’imagination fertile de l’orfèvre, Raymonde Frisch, 55 ans, assistée de son fils Emmanuel Frisch, 32 ans.
Raoul Frisch, 53 ans, le banquier, est souvent en voyage, faisant fructifier quelques lingots en investissements de toutes sortes, au nom du village de Durandalem. C'est Emmanuel qui tient la banque durant ses voyages.
À côté de la maison de la ferme, une grande serre est installée à demeure, avec un système de chauffage permettant la culture de légumes toute l’année. Le Fernand Bauer en parle tous les jours, quand il apporte à l’auberge ces légumes dont les clients raffolent.
La serre est gérée par Pierre Dor, 29 ans, maraîcher, Paul Dor, 27 ans, maraîcher et Pauline Basin, 27 ans, maraîchère.
En hiver, quand les champs ne sont pas accessibles, c’est toute la population des fermières et fermiers qui travaillent dans la serre. Édouard Basin, 52 ans, commis, Gildas Dor, 52 ans, commis, Jacques Basin, 53 ans, commis, Le Borgne Bauer, 49 ans, fermier, Audrey Lemas, 47 ans, fermière, François Bauer, 50 ans, fermier, Isabelle Nacht, 48 ans, fermière, et Francis Bauer, 21 ans, fermier.
Et c’est un plaisir de travailler nus dans cette serre chauffée au charbon et à la vapeur.
La récolte journalière est suffisante pour nourrir tout le village, ainsi que les clients de l’auberge et du restaurant des Thermes. Même lors de visites exceptionnelles comme celle d’aujourd’hui : rien de moins que l’Empereur Charlemagne et sa suite, qui seront logés aux Thermes pour quelques jours !
Les commis vendent aussi les légumes sur les marchés de Naborum, de Falkenberg et de Tenquin, malgré le froid hivernal. Un char fermé, mu à la vapeur, permet le transport des marchandises et des hommes au chaud, et roule aussi vite qu’une charrette. Néanmoins, il faut prévoir suffisamment de charbon et d’eau pour les trajets !
Dans la grande forge, près du portail ouest, une industrie de chaudières a vu le jour. Les jumeaux Nathan et Léo Mayer, 26 ans, sont allés à bonne école. Je leur ai enseigné toutes les techniques de constructions que j’ai expérimentées à Durandalem, à Laudrefang et à Falkenberg. Des techniques éprouvées, qui permettent la construction de chaudières de toutes tailles, de générateurs de vapeur grands et petits, et de compresseurs de gaz de frigidaire permettant la production du froid.
Un atelier contigu à la forge s’est construit, et le carnet de commande est bien rempli. La réputation des douches de Durandalem n'est plus à faire ! Les gens de Naborum, de Tenquin, de Laudrefang, de Falkenberg, et jusqu’à ceux de Pont-de-Sarre et de Gmunden, tous veulent des douches dans toutes leurs demeures !
Il y a quelque quinze ans, une expédition formée de Jacou, Chantal, Jérémoy, Michel Wald, des frères Stein et de moi-même, est allée jusqu’à Strateburgo. Cinq chariots remplis de matériaux fabriqués dans la grande forge, ou venant de Mousson, pour installer des douches au Blauersland, chez Maître Clément Sandre et sa communauté de nudistes. Nous avions une escorte de six hommes conduite par Dillon.
Plus proche, l’abbaye des Glandières a été rapidement entièrement équipée comme l’ancienne école, avec un sauna, un hammam, des douches pour chaque cellule de moine.
Une réserve d’eau a été construite dans l’enceinte de l’abbaye, avec un système de chauffage empêchant l’eau de geler.
Quant à Jérémoy Mayer, 52 ans, mon gendre, le forgeron du village, celui qui officie dans la forge, il construit des machines suivant les plans que je lui fournis encore.
Je suis maintenant un vieil homme de 71 ans. Mais je conçois et fabrique encore des objets pour mon plaisir. Une de mes réussites est le char couvert à mouvement autonome, qui fonctionne à la vapeur, et dont j'ai parlé un peu plus haut. Des pistons mus par la vapeur font tourner un axe monté entre les deux roues de l’avant, ce qui entraîne les roues, et par là même tout le char. Non seulement le char se déplace tout seul - je n’ai qu’à manœuvrer un guidon pour le faire tourner - mais en plus, le petit générateur de vapeur fournit la chaleur dans l’habitacle prévu pour quatre personnes.
Les frères Bauer, le Borgne et François, m’ont demandé de fabriquer un char plus costaud, pour tirer un soc lors des labours. Je m’y suis attelé, et la machine fonctionne parfaitement. Une chaudière fournissant la vapeur qui entraîne les roues est en remorque derrière le char. Ils en sont très contents !
La vapeur a aussi été mise à contribution pour chauffer l’église. Une pompe mue par la vapeur fait circuler de l’eau chaude dans des tuyaux traversant de grandes pièces de fonte, qui elles-mêmes rayonnent la chaleur dans l’église. L’abbé Charles Higgins, 30ans, en est ravi. Il peut ainsi officier nu, montrant ainsi l’image de Dieu à toutes ses ouailles aussi nues que lui. Même en hiver, quand il fait très froid, comme aujourd’hui !
Une autre utilisation de la vapeur, c’est le moulin. En hiver, quand l’eau est gelée, le moulin a besoin d’une autre énergie pour tourner. Des pistons autour de la roue l’actionnent en continu, la faisant tourner sans arrêt, permettant de moudre le grain toute l’année. Finis les stocks de farine qui se gâtent et qu’il faut jeter. En plus, il fait bon travailler nu dans le moulin. La chaudière réchauffe et chasse l’humidité, ce qui apporte une qualité supplémentaire à la farine.
Grégoire Muller, 43 ans, meunier, et Charles Muller, 28 ans, meunier, œuvrent pour Isabeau Muller, 52 ans, Boulanger et Annie Stock, 43 ans, pâtissière. Les époux Muller, P’tit Louis, 73 ans, et Bertha, 72 ans, coulent des jours heureux en compagnie de leurs enfants. Ils aiment regarder tourner la roue, nus, en se balançant sur des chaises à bascule, en rêvassant.
La vapeur sert aussi à l’automatisation de la menuiserie installée dans le chalet de feu Michel Wald.
Mikael Thiel, 32 ans, est devenu le bûcheron-menuisier-ébéniste de Durandalem. Il a construit, avec mon aide, des systèmes de découpe par gabarit, permettant des reproductions exactes de pièces de bois en tous genre.
Toujours avec mon aide, il a conçu une machine pour scier les arbres. Machine mue par la vapeur, et à déplacement autonome. Ce qui permet à Mikael de travailler seul, vite et bien ! Sa machine est capable de tirer les grumes et de les ramener à la scierie au chalet !
Deux ados de Durandalem, les jumeaux Jules et Julie Stock, 15 ans, sont les apprentis de Mikael. Ils bénéficient aussi de cours dispensés par les filles de Michel Wald, Marianne et Mariette, 53 ans, expertes en sculptures sur bois. Des cours auxquels assiste aussi Mikael !
À l’entrée du village, après les Garderie et Garderie II, les écuries d’Émile ont grandi aussi !
L’écurie des Thermes, qui permet aux voyageurs de poser leurs monture à l’abri, au chaud, à côté des Thermes, est gérée par Hantz Burg, 58 ans, palefrenier, Vivien Stock, 40 ans, palefrenier, et José Pferd, 25 ans, palefrenier.
Nestor Pferd, 52 ans, éleveur de chevaux, et Norbert Burg, 24 ans, constructeur charretier ont repris l’affaire d’Émile Pferd, qui de temps en temps leur donne un coup de main.
Des magnifiques poulains sont nés cet hiver. Ils nécessitent les plus grands soins, dans les écuries chauffées. Adèle Pferd, malgré ses 72 ans, s’en occupe on ne peut mieux.
La nouvelle église, construite sur l’emplacement de la chapelle, est spacieuse et bien chauffée, ainsi que je l'ai décrit plus haut. Il y fait bon vivre nu, et le nouveau curé, Charles Higgins, 30 ans, après un moment d’hésitation quant à la nudité dans le village et à l’église, a pris le pli. Il officie donc nu devant ses ouailles nues...
Il est assisté par Gertrude Beten, 81 ans, qui l’aide de son mieux.
Lors des offices, des enfants du village, filles et garçons, viennent servir la messe : Marguerite et Pétulla Martinet, 12 ans, Michael Hoste, 12 ans, Piotr Hahn, 13 ans, Christine et Christel Martinet, 14 ans, Jules et Julie Stock, 15 ans, se relaient pour servir, suivant les offices.
Un cimetière digne de ce nom a été construit il y a dix ans, derrière la maison de l’église, sur la route du chalet. La population tout entière, en particulier les gens âgés, est ravie de cette dernière demeure... tout en espérant bien sûr y emménager le plus tard possible !
Les métiers de bouche sont aussi représentés à Durandalem. Fabien Hune, 42 ans, fils de Clovis, 73 ans et de Clothilde, 72 ans, est notre volailler. Il a repris l’entreprise familiale. Quant à la boucherie et à l’abattoir, ils ont été repris par Georges Wilkinson, 22 ans, boucher, et Isabelle Spohr, 23 ans, vendeuse. L'ancien boucher Alvin Koch et Elvire son épouse reposent maintenant au cimetière de Durandalem...
Toutes les habitations bénéficient de l’eau courante, même durant le froid hivernal, grâce à un système que j’ai installé il y a maintenant trois décennies. Depuis les réserves d’eau, qui occupent toute la muraille nord, et jusqu’à l’évier ou la cuve de douche de chaque maison, l’eau est chauffée par des tuyaux où circule la vapeur générée par des chaudières installées tout le long desdits tuyaux.
Les techniciens chargés de l’entretien des chaudières et de leur approvisionnement sont Julien Stock, 41 ans, Alain Koch, 19 ans et Armand Bardot, 30 ans. La nuit, ce sont les gardes de nuit qui alimentent les chaudières, lesquelles marchent en feu continu.