johnarnold a écrit :
Vous vivez en France, dans votre vie en France vous sentez un retour à :"un puritanisme intransigeant et sans aucune nuance." ?
Moi, non !
Je ne parlerai pour ma part pas de puritanisme puritain mais d'un conditionnement des cerveaux, d'un nivellement par le bas qui s'est fait sous l'emprise d'une peur...
Jacques Chirac qui déclare que la peur est là durant sa campagne et hop.. les media, les citoyens, etc... s'engouffrent dans la brèche...
Peur du chômage, peur de l'autre, peur d'on ne sait pas bien quoi mais peur.
Quelque part les tristes attentats ont permis de rattacher la peur à quelque chose et même de la nourrir...
Cette peur instrumentalisée par la société de consommation... vendre, vendre, vendre... Conditionner les cerveaux, se replier sur soi...
On a tous besoin d'une machine à pain, d'une machine Nespresso, etc.. etc.. Tout ce qui replie sur soi dans l'illusion d'un confort chaque jour plus grand...
Et comme il n'y en aura pas pour tout le monde, le voisin devient un problème...
La télé réalité qui vient s'ajouter à cela, tout d'abord en brisant la frontière de l'intime pour arriver à des émissions où l'on reconstitue le crime, émissions de conso, de déco, de bouffe, de rencontres... Toujours plus d'illusion de confort avec tous la même déco..
L'archétype du bonheur que la conso impose..
Les frustrations que cela génère car bien sûr chaque individu est plus riche qu'un archétype...
L'illusion que nous sommes roi, l'individualisme qui se confond avec l'égoïsme, l'autre devient un problème...
Pendant ce temps la machine avance, réduit les droits sociaux, fragmente la société, organise la défiance entre les membres d'une même couche sociale, précarise la société tout en laissant croire que celui qui collabore sera l'élu... et sera sauvé....
L'important n'étant pas qu'il y en ait pour tous, l'important est de gagner la loterie tout seul pour être riche... et consommer encore et encore...
Un pays de plus en plus riche avec de plus en plus de pauvres...
Le niveau culturel qui baisse, tout cela organisé par la TV qui tiens tiens appartient aux copains de ces qui dirigent.. Comme par hasard...
Le temps de pensée qui se réduit.. l'instantanéité, l'immédiateté, l'illusion du tout tout de suite quitte à envoyer paître un ami de 30 ans dans la seconde parce qu'il ne pense pas pareil...
Et puis cette peur qui reste là, figée, ancrée.. mais peur de quoi si ce n'est peur de vivre....
Et puis les facilités, la peur de l'étranger, la peur du migrant qui ne migre que parce que nos sociétés égoïstes l'ont obligé à migrer pour ne pas arrêter l'alimentation de la machine à consommer...
La consommation qui installe le vide que les politiciens tentent de combler par le religieux... Tiens un président qui en début de mandat va voir le pape, organise la discorde entre les religions...
Les religions qui trouvent là l'occasion inespérée de redorer leur blason du lobbying politique sans se soucier de la foi....
Mais qu'importe la foi, les fidèles consomment... veulent brûler du cierge ou autre..
Et puis un pape peut couvrir la pédophilie pendant des décennies, peu importe on le béatifie, c'est du spectacle et rien ne peut empêcher le spectacle.
Et le vide, le vide sidéral qui fait le lit de la guerre, des discordes et de la médiocrité.
Curieusement, un contre courant se met en chemin, rêvant d'un retour plus solidaire, plus à sa mesure...Consommer local par exemple, un exemple de remise à l'échelle humaine, de chacun....
Reste à chacun à sortir de cette consommation y compris des âmes et des sentiments, redonner une place à chacun.
Il fut un temps où deux personnes qui lisaient des livres différents, regardaient des films différents, faisaient deux ballades différentes, cuisinaient des plats différents... partageaient leurs impressions, se faisaient découvrir, se filaient les tuyaux...
Aujourd'hui impossible, les gens ne parlent plus que du commun, de ce qu'ils ont vu pareil, de ce qu'ils ont fait pareil, de ce qu'ils ont mangeaient pareil... et même sur les sites de rencontres ou dans les annonces, chacun veut rencontrer l'autre en pareil que lui en version homme ou femme...
Une forme de standardisation effrayante où pour moi, dans une médiocrité où chacun finit par se fondre dans la masse, penser (s'il s'agit encore de pensée dans les flots de pensées communs et médiatisés qui prennent le pas, portés par l'émotion première) tend à une forme de puritanisme car chacun rejette une possible responsabilité sur l'autre. A force de ne plus vouloir se responsabiliser, on se fond dans le flot commun qui mène vers le bas, vers le plus petit dénominateur commun...
Même le cul qui pourrait contredire l'idée du puritanisme emprunte les mêmes modèles de consommation et tant que cela reste dans les modèles de consommation tout est possible....
Et avec tout cela beaucoup de gens qui souffrent, qui cherchent la sortie, le mieux être et voilà le développement personnel qui se développe... qui parfois a du sens et qui parfois n'est qu'un autre canal récupéré par la consommation....
Et au final toujours des gens qui souffrent, qui ont l'impression que tout leur échappe..
De par notre discussion sur ce sujet, on est un peu là dedans...
Certains sont encore aveuglés par ces flots de consommation d'idées, certains arrivent à se convaincre qu'ils sont heureux, et dautres proposent d'autres voies... mais en tout cas nous sommes tous frappés du même mal... de ce ressenti d'être dans un monde insécurisant...
Voilà en vrac... La solution? Elle n'est pas unique je crois, peut être par commencer à tout remettre à notre échelle d'humain, à réutiliser toutes les parties de notre corps y compris le cerveau et le coeur...
C'est là aussi se battre contre l'idée que dès que l'on tente de réfléchir on est intello, privilégié où je ne sais quoi... On est tous doté de sensibilité...