Posté le : 23/05/2022 12H32
5- Les tailleurs de Lugdon.
Pendant le trajet, en fin d’après-midi, un sérieux incident perturbe le rythme paisible du convoi.
Voilà qu'une bande de pillards à cheval, sortis des bois, surgit devant le premier chariot conduit par Benjamin !
Aussitôt, tout en prévenant mentalement Dillon et les soldats, il leur demande :
« Qui êtes-vous, et que voulez-vous ?
- Donnez-nous votre or et vos marchandises ! »
Les bandits sont dix, et quatre d’entre eux commencent à galoper le long du convoi, de chaque côté.
Une volée de flèches les terrassent, d’un coup !
« Rendez-vous tout de suite ! », crie Dillon, qui a surgi nu au-dessus du convoi, avec quatre vétérans nus.
Les bandits, voyant cela, tentent de fuir. Mais Dillon et ses hommes sont vite devant eux, leur coupant la retraite.
Les autres soldats sont là, tous nus, onze arcs sont prêts à tirer.
« Rendez-vous, sinon vous mourrez ! »
Alors, les bandits veulent riposter, empoignent leurs propres arcs…
Erreur fatale ! Ils n’ont pas le temps de charger une flèche qu’ils sont immédiatement transpercés des traits des soldats.
Le convoi fait une pause, le temps de creuser un trou pour ensevelir ces pillards, après les avoir dépouillés. Leurs vêtements sont brûlés.
Dillon envoie ensuite ses soldats en repérage aux alentours. Il y en a peut-être d’autres. Ceux-là n’avaient guère de butin avec eux...
Alix revient. De l’autre côté de la forêt, il a repéré deux grands chariots, sans chevaux, avec quatre hommes à proximité.
Dillon décide alors d’aller au-devant d’eux, toujours nu, avec six de ses soldats.
« Les quatre autres, faites le tour de la forêt pour les prendre à revers ! »
En chevauchant sur sept des chevaux des pillards, Dillon et sa troupe aperçoivent les quatre hommes qui tentent de se cacher derrière les chariots.
« Sortez de votre cachette ! »
Les quatre hommes se montrent, tout tremblants devant ces soldats nus et menaçants. Ce sont quatre hommes jeunes, la trentaine ou un peu moins.
« Pitié ! nous ne sommes que des marchands ! »
Dillon descend alors de cheval. Ses soldats gardent les quatre hommes en joue. D’en haut, les quatre soldats sont prêts eux aussi à intervenir.
« Qui êtes-vous, demande Dillon, et où sont les chevaux de ces chariots ? .
- Nous sommes des marchands de Lugdon, dit l'un d'eux. Nous allions vendre nos étoffes à Oche, à l'occasion des grandes festivités qui sont prévues. Et nos chevaux, eh bien, ce sont ceux que vous montez ! Les pillards nous sont tombés dessus, et nous les ont volés...
- Combien étaient-ils ?
- Ils étaient dix, nous ne pouvions rien faire contre eux ! Ils voulaient de l’or, mais nous n’en avons pas ! Toute notre fortune se trouve dans ces deux chariots. Notre échoppe a brûlé à Lugdon... Nous n’avons plus rien, hormis ce que nous avons pu sauver des flammes. Nous espérions pouvoir ouvrir un commerce à Oche.
- Vous ne craignez plus rien, les pillards sont morts et déjà enterrés, vous voilà à nouveau libres... Nous allons vous rendre vos chevaux ! Comment vous appelez-vous, et d’où venez-vous ?
- Je suis Jean d’Istres, voici mon frère Paul, et nos cousins, les jumeaux Albert et Alfred Einstein. Comme je vous l'ai dit, nous venons de Lugdon, la grande ville au sud. Nous avions un commerce de tissus et d'étoffes, à l’entrée de la ville. Hélas, quelqu’un y a mis le feu. Un concurrent probablement... »
Dillon envoie alors Le Borgne et Alix pour récupérer les chevaux restés avec le convoi.
« Le Borgne, tu expliqueras ce qui se passe, vous reviendrez avec les chevaux et nous les attellerons ! Que le convoi reprenne sa route sans nous, nous le rattraperons ! »
Les marchands ont un moment de stupeur en voyant les soldats s’envoler. Dillon se tourne vers Jean d’Istres :
« Vous n'avez besoin que de huit chevaux...Les deux autres étaient aux pillards ?
- Non ! ils étaient à pied ! Les chevaux nous appartiennent tous. Nous avons deux chevaux de secours.
« Bien ! dit Dillon, dès qu’ils seront là, nous rejoindrons le convoi, Nous sommes des villageois invités par Charlemagne, et je vous invite à vous joindre à nous pour le voyage, nous allons aussi à Oche !
- Ce sera avec la plus grande joie... Nus tels des dieux ! Vous nous sauvez la vie ! »
Le Borgne et Alix ramènent les trois chevaux, puis les soldats retournent rejoindre le convoi. Seuls Le Borgne et Dillon restent avec les marchands.
Une fois les huit chevaux attelés, et les deux autres attachés derrière les chariots, ils repartent vers le convoi au pas forcé, et ne tardent pas à le rejoindre.
Le soir venu, le convoi - dix-sept chariots maintenant - s’installe pour passer la nuit.
« La région semble peu sûre, dit Jacou. Dillon, tu organiseras des tours de garde toute la nuit ! Maintenant, faisons des feux et préparons le repas du soir. Vous les forgerons, installez la chaudière pour les douches .Que chacun aille ramasser du bois pour les feux... Mais prenez vos armes, on ne sait jamais ! »
Puis, s’adressant aux nouveaux venus :
« Venez, joignez-vous à nous. Notre nudité ne doit pas vous effrayer ! Nous sommes des nudistes, dotés certes de quelques pouvoirs, mais nous ne sommes ni des dieux, ni des êtres surnaturels ! Asseyons-nous ensemble, et racontez-nous votre histoire... »
Jean d’Istres, son frère Paul et les cousins Albert et Alfred Einstein se présentent à nouveau.
« Nous venons de Lugdon, la grande ville au sud. Nous allons vendre nos tissus à Aix, à l’occasion de la grande fête prévue ce dimanche. Nous faisions route depuis quatre jours, quand les bandits nous sont tombés dessus ! »
J'interviens sur ces entrefaites.
« Il y a de l’eau chaude, dis-je à Jacou en souriant, je pense que nos nouveaux amis apprécieront une bonne douche... Et nos nez seront soulagés, si tu vois ce que je veux dire !
- Tu as raison Robert, emmène-les !
- Suivez-moi, vous allez vous laver, et nous vous donnerons des vêtements propres. Sans vouloir vous vexer... vous puez !
- C’est vrai ! Cela fait quatre jours que nous sommes sur la route, et nous avons bien transpiré... Les journées sont déjà chaudes !
- Déshabillez-vous, mouillez-vous. Nos buandières vont vous frotter, puis vous rincer. Il faut économiser l’eau...
Et je laisse les marchands entre les mains d'Agnès et d'Angèle Hune. Je retourne avec Jacou attendre le repas du soir.
Les quatre marchands, abasourdis, se laissent faire. Agnès et Angèle Hune les frottent énergiquement au savon, puis les rincent plusieurs fois, avec l’eau récupérée dans un grand baquet. À la vue de ces jouvencelles nues, les marchands ont bien sûr des réactions ostentatoires ! Agnès et Angèle pouffent de rire. Une fois qu'ils sont séchés, elles demandent à visiter leur chariot en leur compagnie.
Elles meurent d'envie de voir et de caresser leurs belles étoffes...
...
Après un petit moment de récupération, les marchands offrent aux jumelles quelques magnifiques étoffes de Lugdon. Elles acceptent volontiers, se drapent dans des soies chatoyantes, et ils vont tous ensemble rejoindre le groupe.
Les tréteaux sont en place, tout le monde est attablé.
Les cuisinières, Manon, Pénélope, Angèle, Paulette, Josiane ont concocté un superbe repas, et toutes et tous se restaurent à leur faim. Les jeunes des trois derniers chariots sont particulièrement affamés ! Il faut dire qu’ils ont beaucoup donné de leur personne tout au long de cet après-midi...
Ce soir, comme le temps est clair, tout le monde dormira à la belle étoile. Dillon a réuni les gardes, afin d'organiser le plan de garde du campement pour la nuit. Bien sûr, les dix vétérans sont de la partie. Il y a aussi Amandine Bardot, la vigile, Jeannot Muller, Jacky Muller, Jacques Martin, Jean Martin et Aline Spohr, ce qui permet de constituer quatre équipes de quatre gardes.
Il y aura donc quatre tours de garde, de trois heures chacun, de ce soir vingt heures à demain matin huit heures. En l’absence du clocher du village pour donner l’heure, c'est une clepsydre qui est de service.
Les gardes de faction sont aussi chargés d’entretenir les feux autour du campement, pour mieux éclairer l’ensemble. Quand on se tient debout sur les muids d’eau, la visibilité est parfaite, et l'on peut surveiller toute la zone.
Message edité le 26/05/2022 01H35