Posté le : 18/11/2023 09H06
Pendant que les futurs gardes dorment, Alix descend au rez-de-chaussée.
« Amédé, peux-tu préparer trois repas pour les gardes restés au monastère ?
- Avec plaisir... Pour tout de suite ?
- Oui, si possible. Ils seront là dans cinq minutes. Quant à vous trois, Albert, Apollinaire et Philibert, vous partez là-bas relever vos compagnons, afin qu’ils puissent venir manger. Nous viendrons ensuite installer les nouveaux gardes à leurs postes. »
Et les trois gardes s’envolent, sous les yeux admiratifs d’Eugène et d'Amédé.
« Amédé, voici une livre-or pour payer les repas, le vin et les chambres !
- Mais c’est beaucoup trop, Alix !
- Que nenni... Ce repas était excellent ! Et voici une autre livre-or pour vous, cher bourgmestre, qui nous avez permis de former une garde en un temps si bref !
- Vous êtes très généreux, Maître Alix !
- Amédé, pourrez-vous faire des repas tous les jours pour les gardes ? Midi et soir ? En deux services à chaque fois ? Je crains que les moines soient un peu débordés par le nombre... »
Voici les trois gardes Benoît Suif, Éric Dombes et Hantz Trancène qui arrivent à tire-d'aile du monastère, arc et carquois en bandoulière, sans même avoir pensé à se rhabiller. En éclatant de rire, Alix leur dit de revêtir leur tunique avant de s'attabler. Ce qu'ils font aussitôt. Amédé les sert, leur apporte un bon vin, et les gardes se régalent. C'est mieux qu'au monastère !
« Alors, Amédé, finalement, pourrez-vous assurer les repas pour les nouveaux gardes ?
- Oui-da ! Mais les servir tous les jours, ça va coûter des sous !
- Combien ?
- Par personne, un denier par jour pour les deux repas. Donc huit deniers par jour !
- Bien ! je vous donne donc un sou par jour, soit dix deniers, pour les repas. Plus un sou par jour pour les boissons. Plus un sou par jour pour embaucher un deuxième commis, vu la surcharge de travail. Nous disons donc trois sous par jour. Ce qui fait quatre-vingt-dix sous par mois. Si nous arrondissons à cent sous, cela fera cinq livres-or par mois. Est-ce suffisant ?
- Oh ! Bien sûr que c’est suffisant.. Largement suffisant ! Je ne sais que dire... Cela va vraiment changer nos vies !
- Jean ! Aimé ! Combien avons-nous d’or avec nous ? demande Alix en pensée.
- Il nous reste trente livres-or, lui répond Jean mentalement.
- Bien ! Alors, Amédé, chuchote Alix , voici trente livres-or, une avance sur paiement pour les six prochains mois ! »
Amédé est surpris par le poids du sac ! Alix s'en amuse.
« Ben oui, forcément, trente livres-or, ça pèse trente livres ! Bon, ce n'est pas tout ça, mais maintenant, il est temps d’aller récupérer nos nouveaux gardes... »
Il remonte à l’étage et réveille les huit nouvelles recrues.
« Veuillez me suivre... Doucement, il faut un temps d’accoutumance... Descendez sans vous presser, et venez dehors avec nous.
Une fois dehors, les gardes apprennent à communiquer entre eux, à déplacer des objets à distance, puis à voler dans les airs. Les premiers moments de fébrilité passés, ils maîtrisent assez vite tout cela. Ils s’envolent, puis reviennent se poser devant l’auberge.
« Bravo, nous allons pouvoir voler tous ensemble jusqu’au monastère ! Ah, encore une chose. Tous les gardes volants sont nus si le temps le permet ! Vous pouvez donc vous déshabiller pour voler. Nul ne pourra vous en faire le reproche ! C’est un édit de Charlemagne, Empereur de l’Empire Romain d’Occident... Amédé ! Peux-tu garder nos chevaux jusqu’à notre retour ?
- Avec plaisir, Maître Alix !
- Alors, allons-y ! »
Chaque garde reçoit un arc et un carquois rempli. Ces armes avaient été apportées sur les chevaux.
Alix et ses compagnons se déshabillent... Les jeunes, d'abord hésitants, finissent par les imiter. Même leur chef Albert, qui ne voulait pas montrer ses cicatrices à la jambe, se décide. Et comme un seul homme, tous prennent leur vol vers le monastère.
Quand ils atterrissent dans la cour intérieure, les moines regardent avec stupéfaction ces gardes nus. Le père abbé s’avance, et demande à Alix de quoi il retourne.
« Frère Isaac, je vous présente les sept gardes du monastère : Adam, Alain, Aloïs, Paul, Arnold, Joseph, Jeff, et leur chef Albert. Jour et nuit, ils veilleront sur vous. Nous prenons en charge leurs salaires et leurs repas, qu’ils prendront à l’auberge, midi et soir. Ils ne seront pas tout le temps tous les huit au monastère, mais il y aura toujours au moins deux gardes en permanence. Ils peuvent communiquer par la pensée, et ils savent voler, comme vous avez pu voir. Vous voilà protégés, vous n’avez plus à craindre quoi que ce soit. Et si vous sortez, faites-vous accompagner par une escorte de quelques gardes, Albert les désignera !
- Grand merci , Capitaine de l’Empire ! Que Dieu vous protège ! »
Et les moines tranquillisés retournent à leurs prières.
S’adressant à Albert, Alix lui explique comment organiser les tours de garde, et les deux services de repas le midi et le soir à l’auberge.
« Tu prendras aussi en charge la formation de ces jeunes gens, tu seras leur professeur !
- Pas de problème, Alix. je serai digne de l’honneur qui m’est fait. Revivre, avoir une responsabilité ! Je n’y comptais plus ! Grand merci !
- Tu t’arrangeras avec Amédé pour les repas. Tout est déjà payé ! Quant à vos soldes, un coursier passera bientôt vous les régler. Messieurs les gardes du monastère, je vous souhaite bonne garde ! Si vous avez le moindre problème, Durandalem est à moins d’une heure de vol d’ici, au nord ! Nous allons vous laisser. Bravo et merci, les gardes ! »
Et Alix, Aimé et Jean d’Ortega, Benoît Suif, Éric Dombes, Hantz Trancène, Albert Erstein, Apollinaire de Bœuf et Philibert d’Argenteuil s'envolent du monastère, salués par les gardes, enchantés de leur nouvelle vie.
Ils arrivent à l’auberge nus, et prennent les chevaux. Il n’y en a que six.
« Partez déjà, je reste avec les frères d’Ortega, et on se revoit à Durandalem ! »
Et les six gardes partent au galop, nus, sous les regards interloqués des habitants.
Alix, Jean et Aimé revêtent leur tunique et entrent dans l’auberge. La population est venue aux nouvelles. « Les voilà ! Ce sont eux ! Amédé et Eugène nous ont expliqué... Bravo, grâce à vous, nos jeunes ont trouvé un emploi ! »
Et toutes et tous applaudissent.
Eugène insiste pour qu’ils trinquent ensemble.
« Allez, à la santé des gardes de l’Empereur !
- Vive l’Empereur ! clament les clients en levant leurs canons.
- Et vive Burtoncourt, ses moines et son auberge ! répond Jean d’Ortega.
- Maintenant, dit Alix, nous allons rentrer, nous avons fini notre mission. Si vous avez un souci, Albert le chef des gardes du monastère sait comment nous joindre rapidement ! »
Et les trois hommes sortent de l’auberge, enlèvent leurs arcs et leur carquois, enlèvent leurs tuniques, les enroulent autour de leurs carquois. Puis ils remettent leurs carquois et leurs arcs en bandoulière, et décollent sous les regards épatés de tous les clients, sortis pour saluer leur départ. Face à la foule, ils saluent eux aussi et montent comme des flèches vers le ciel, pour disparaître derrière le bois.
Les commentaires vont bon train. L’auberge ne désemplit pas jusque tard dans la nuit. Amédé a même trouvé un deuxième commis : Norbert, le fils du bûcheron Robert Volt, et il l’embauche dès demain !
Sur la route de Durandalem, Alix et les frères rejoignent les cavaliers, et c’est ensemble qu’ils arrivent au portail est. Il est plus de vingt heures. Les gardes de nuit Alain Hahn et Natacha Rich sont en place, dans la salle de garde. Natacha ouvre la fenêtre.
« Qui va là ?
- Le Capitaine Alix, et les gardes de Burtoncourt !
- Entrez, j'ouvre le portail.
Et ils pénètrent dans le village et arrivent aux Thermes. où Jacou les attend, prévenu par Alain Hahn.
Jacou est un peu intrigué de les revoir si tôt. Leur mission devait durer plusieurs jours !
- Déjà là.. Que se passe-t-il donc ?
- Rassure-toi, Jacou, tout va pour le mieux. Je vais te narrer tout cela !
- Oui oui, venez boire un verre et me raconter ! »
Et Alix explique leur journée dans le détail : la chance de trouver tout de suite un ancien soldat du roi et des jeunes volontaires, et la nudité autorisée dans le monastère grâce à Pierrette de Coubes !
Encore une fois, Jacou est fort satisfait.
« Vous avez très bien travaillé ! Bravo ! »
La nuit est maintenant tombée sur Durandalem, Marie a donné aux blessés hébergés dans l’ancienne école une tisane calmante préparée par Chantal, pour qu’ils passent une nuit paisible.
Message edité le 18/11/2023 09H09